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Comment l’Allemagne a mis la main sur les aéroports grecs

Lorsque la Grèce a été plongée dans la crise, certains groupes européens peu scrupuleux ont mis la main sur les bijoux de famille grecs. C'est le cas de Fraport, un groupe allemand, qui a racheté un grand nombre d'aéroport grec dans des conditions troubles.

L’Etat allemand a manœuvré pour déposséder la Grèce de 14 de ses aéroports, explique un article de Libération.

Pour bien comprendre, revenons 10 ans en arrière. Lors de la crise de la dette grecque, le gouvernement a signé un premier plan de sauvetage financier en échange d’une réforme de l’Etat. La troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international) exige que l’Etat procède à des privatisations. La plupart des aéroports sont mis en vente. "L’accord sur la dette proposée par les créanciers du pays (sous la pression de l’Allemagne) mentionne explicitement que la privatisation des aéroports doit aboutir", explique Fabien Perrier.

Qui pour conseiller la vente ? Lufthansa Consulting, une filiale de la compagnie aérienne allemande du même nom. Celle-là même qui détient 8,44% de la société mère Fraport, laquelle décrochera finalement le contrat, pour un montant de 1,234 milliard d’euros.

Les bénéfices pour Fraport et les charges pour les Grecs

Cet opérateur aéroportuaire allemand acquiert alors quatorze aéroports régionaux, dont ceux de Thessalonique, Mykonos ou encore Santorin, pour quarante années.

Le contrat de vente est complétement déséquilibré. Ainsi, selon Libération, Fraport peut annuler unilatéralement tous les contrats souscrits par les anciens prestataires des quatorze aéroports et choisir les nouveaux. Pas question d’accorder le moindre dédommagement aux éventuels commerçants, restaurateurs ou autres fournisseurs congédiés. C’est le contribuable qui mettra la main à la poche si Fraport décide de licencier des salariés grecs. Enfin lorsqu’une grève intervient, Fraport sera fondée à demander des dédommagements pour manque à gagner à l’Etat.

Le beurre et l'argent du beurre

Malgré ce contrat défavorable au peuple grec, le consortium allemand Fraport a trouvé le moyen de mener une bataille juridique contre l’Etat grec. Selon le site d’investigation ThePressProject, Fraport réclame 70 millions d’euros au gouvernement du fait du mauvais état des quatorze aéroports cédés et des travaux à réaliser.

Petite précision qui peut s’avérer éclairante : la société Fraport AG est détenue à hauteur de 31,32% par le Land de Hesse et à hauteur de 20% par la ville de Francfort. Elle est citée dans les Paradise Papers sortie cette semaine par nos confrères de l’International Consortium of Investigative Journalists. Les sociétés du groupe Fraport sont en effet domiciliées au Luxembourg, à Chypre ou encore à Malte. Comme le résume excellemment l’article de Libération : "Les bijoux de famille grecs sont donc, en partie, dans des coffres publics allemands. Mais à l’abri de l’impôt".

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