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Tourisme en Bretagne : « Les bons chiffres 2020 cachent une réalité contrastée »

La Bretagne est l’une des régions qui a réussi à « surnager » malgré le crise. L’Echo touristique a interviewé Audrey Legardeur, la directrice du Comité régional du tourisme breton.

L’Echo touristique : Avec la pandémie, la France a été une destination refuge pour les touristes français. Avec un peu de recul, comment analysez-vous la saison touristique de la Bretagne ?

Audrey Legardeur : L’avant-saison touristique a été très touchée, notamment en mai. Ensuite, nous avons réalisé une bonne saison estivale. Notamment grâce aux touristes français effectivement, qui représentent 83% des la clientèle. Certains chiffres sont très bons, mais ils cachent une réalité disparate, contrastée. Il ne faut pas négliger tous ceux qui n’ont pas pu rouvrir. Le nombre de nuitées dans les hôtels a très fortement baissé, du mois de mars à juin, et a retrouvé un niveau voisin de 2019 seulement au mois d’août. Au niveau de la restauration, l’activité est repartie dès la fin du confinement pour retrouver en juillet un niveau comparable à l’année précédente. Les campings et les meublés ont très bien marché. Tout comme les visites naturelles ou en bateau. 

A l’inverse, le secteur du voyage d’affaires a été complètement mis à l’arrêt. La Bretagne dispose de huit centres de congrès (Saint-Malo, Rennes, Pontivy, Brest, Vannes, Lorient, Saint-Brieuc et Quimper). Un autre secteur est complètement sclérosé, celui des parcs de loisirs.

Pour les vacances de fin d’année, nous avons eu des demandes qui concernaient essentiellement les hôtels, les gîtes et les meublés (voir chiffres plus bas, Ndlr). C’étaient des vacances très familiales, ou des week-ends en bord de mer.

L’Echo touristique : Lorsque l’activité est complètement à l’arrêt, comment gère-t-on une politique touristique régionale ? Surtout avec des contraintes sanitaires très fortes ?

Audrey Lagardeur : Comme tous les acteurs du secteur, nous avons dû réorienter nos actions. Nous avons concentré nos efforts sur les outils pour faire face à la crise. Nous avons commencé par questionner les différents secteurs touristiques de notre région sur leurs besoins. Dans le même temps, nous avons mené un travail de veille et d’information. Nous avons souhaité accompagner les professionnels dans leurs démarches sanitaires avec la rédaction de cahiers des charges. Nous avons mis en place une plateforme sanitaire régionale qui a vocation à aider les professionnels du tourisme et des loisirs à s’approprier les protocoles. Nous avons également créé des rendez-vous pour permettre aux professionnels de poser des questions, notamment avec le Syndicat National des Espaces de Loisirs, d’Attractions et Culturels.

L’Echo touristique : Avez-vous eu le temps de préparer la reprise touristique ?

Audrey Legardeur : Il faut évidemment essayer d’avoir une attitude positive et faire le travail de fond pour demain. Nous avons développé des outils de réservations en ligne ELLOHA, travaillé sur la digitalisation des produits, repensé les produits, valorisé les démarches de nos professionnels. Nous avons également conclu des partenariats, notamment à travers des workshops avec Atout France pour sonder des tour-opérateurs étrangers. Malgré la crise, il y a plein de choses qui changent et des opportunités qui émergent. C’était déjà le cas avant, mais les gens se rendent de plus en plus compte qu’en France, il y a aussi la Bretagne. On espère que le marché va revenir, au moins le marché français. Cette année, nous accueillons le Tour de France.

Audrey Lagardeur
Audrey Lagardeur

L’Echo touristique : La réintroduction d’une quatorzaine par le gouvernement britannique le 26 juillet a t-elle  impacté votre saison ?

Audrey Legardeur : Il est vrai que la Grande-Bretagne est le marché étranger le plus important pour nous. Il représente 17% des 30% des visiteurs internationaux venant en Bretagne. De fait, cette saison, on a eu assez peu de Britanniques. A cause du coronavirus, mais aussi sans doute du Brexit. Nous avons de toute façon une baisse structurelle de la clientèle anglaise depuis 10 ans. Nous sommes évidement depuis le début très attentifs aux conséquences du Brexit et à l’évolution des flux. Les Britanniques auront besoin d’un passeport, il peut y avoir un effet « staycation » (rester chez soi, Ndlr). Mais nous pouvons également devenir une destination refuge. Géographiquement, nous ne sommes pas loin et avec des valeurs similaires. La traversée en bateau entre les deux pays peut revenir dans l’ère du temps.

L’Echo touristique : Comment la Bretagne met-elle en avant le tourisme durable, qui est désormais une attente forte des clients ?

Audrey Legardeur : Je n’aime pas forcément parler de tourisme durable. On l’entend désormais partout alors qu’il y a longtemps, je pense, que les professionnels y sont sensibles. En Bretagne, nous pouvons nous appuyer sur différents outils comme la BreizhCop, la Convention Conservatoire du littoral, les sites d’exception. Depuis quatre ans, la fréquentation des véloroutes et les voies vertes ne cessent d’augmenter. Entre avril et septembre, il y a eu 1,2 million de passages (+9% par rapport à 2019). De plus en plus de gens sont attirés par le canal de Nantes à Brest. Nous avons peu de grands groupes en Bretagne, c’est une région agréable pour ses petits espaces.

Chiffres du tourisme en Bretagne

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