Crédits Google aux acteurs du voyage : « Nous ne sommes pas des mendiants »
Suite à la crise sanitaire, des acteurs du voyage ont reçu des crédits dérisoires de la part de Google. Bourse des Vols, HomeExchange et Départ Demain témoignent.
« Bourse Des Vols a reçu un avoir Google qui correspond à 0,57% de ses campagnes marketing 2019 », nous indique Fabrice Dariot, fondateur de l’agence en ligne. Ce crédit est « dérisoire, et presque condescendant. C’est une aumône. J’envisage d’en faire cadeau aux Restos du Cœur ». Le patron de l’OTA aurait apprécié un crédit de relance significatif, par exemple 500 euros à dépenser en 2020, pour chaque tranche de 1000 euros dépensés en 2019.
Pourtant, rappelle-t-il, Google et les autres GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont grandi grâce, notamment, à l’essor du tourisme. Sans compter qu’ils ont « une belle profondeur de marges », et sont des champions de l’optimisation fiscale. Ils auraient pu utiliser leur « trésor de guerre » afin d’aider leurs clients fidèles à rebondir… et donc, ancrer leur image de marque de géants du web.
« Si en 1945, on avait confié le plan Marshall aux GAFAM, l’Europe aurait reçu deux brouettes et trois balais et on serait encore à dégager les gravats de Berlin » – Fabrice Dariot.
« Des miettes »
En 2020, les acteurs du tourisme eux enregistreront pour beaucoup une perte d’activité d’au moins 60% à cause de la crise du Covid-19. « Si en 1945, on avait confié le plan Marshall aux GAFAM, l’Europe aurait reçu deux brouettes et trois balais et on serait encore à dégager les gravats de Berlin », ajoute Fabrice Dariot.
Plusieurs « confrères » ont reçu une proposition équivalente à celle de Bourse des Vols. C’est notamment le cas de HomeExchange. La plateforme a reçu de 0,5% de crédit (« a Google Ads credit ») pour ses dépenses futures. « Ce sont des miettes », souligne Charles-Edouard Girard, cofondateur de la plateforme. « La réponse minimaliste de Google montre une fois de plus sa dimension totalement hégémonique. »
L’application Départ Demain est dans une situation analogue. « J’ai reçu l’avoir de Google, plus près de 0,45% que de 0,50%. Nous ne sommes pas des mendiants. Pour qui nous prennent-ils ?», relève Michel-Yves Labbé, fondateur de la jeune entreprise.
Lettre ouverte à Google et Facebook : 17 nouveaux signataires
Pourtant, les acteurs du voyage se sont fortement mobilisés. HomeExchange, Evaneos, MisterFly… Plusieurs entreprises du Think Tank Club tourisme et Technologies (CTT), dont L’Echo touristique est partenaire, ont rédigé une lettre ouverte à Google et Facebook publié le 2 juin. Cette lettre ouverte a été reprise par plusieurs médias, sous différentes formes : Le Figaro, TOM.travel, et PhocusWire, Skift, Tour Hebdo, en plus de L’Echo.
Depuis, 17 acteurs du voyage ont rejoint le collectif des 20 premiers signataires. Tous les métiers sont ainsi représentés : agences en ligne et traditionnelles, voyagistes, start-up… Quelles réponses ont donné Google et Facebook ? Facebook France n’a pas donné suite à la lettre, ni à la demande de réaction de L’Echo. Sébastien Missofe, directeur général de Google France, a accepté un rendez-vous avec le collectif le 10 juillet. « Nous sommes contents d’avoir ce rendez-vous, mais il aura fallu attendre plus d’un mois avant de l’obtenir », en insistant, indique Charles-Edouard Girard. Un rendez-vous au cœur de l’été pour jouer la montre ?
La réponse de Google
Le géant de Mountain View n’a visiblement pas envie de négocier, d’autant qu’il estime déjà accompagner ses clients, à travers un programme 2020 lancé suite à la crise sanitaire. « Nous souhaitons aider les petites et moyennes entreprises (PME) à rester en contact avec leurs clients pendant cette période difficile. C’est pourquoi nous avons décidé d’accorder 340 millions de dollars d’avoirs publicitaires à nos clients PME du monde entier (tous secteurs confondus, NDLR). Ils pourront les utiliser pour leurs futures dépenses publicitaires jusqu’à la fin de l’année 2020 sur nos différentes plates-formes Google Ads. » Google précise aussi que « chaque client éligible recevra un avoir d’un montant maximal équivalent à 1 000 USD ». Mais ne fait pas mention d’un quelconque pourcentage… Au regard des recettes dans le voyage, le programme de crédits instauré par le groupe atteint un montant dérisoire, qui risque de lui coûter cher en termes d’image.
Pour mémoire, en 2019, les revenus publicitaires de Google s’élevaient à près de 135 milliards de dollars, pour un revenu net dépassait 34 milliards de dollars…
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Les signataires de la lettre ouverteà Google et Facebook
(pour rejoindre ce collectif, il suffit d’écrire à l’adresse [email protected])
- Charles-Edouard Girard – HomeExchange
- Eric La Bonnardière – Evaneos
- Frederic Pilloud – Misterfly
- Olivier Roche – CTT
- Guillaume de Marcillac – Travelfactory
- Fabrice Dariot – Bourse des Vols
- Linda Lainé – CTT et L’Echo touristique
- Fabrice Lépine – Wonderbox
- Magali Boisseau – Leonaa
- Laurent Queige – Welcome City Lab
- Alexandre Vercoutre – Marco Vasco
- Antoine Corson – GroupCorner
- Frédéric Vanhoutte – Eventiz Media Group
- Loic Dupont – Homerez
- Bryce Arnaud-Battandier – Maeva.com
- Jean-Michel Petit – VizEat
- Warren Rochwerg – EasyVoyage
- Michel Salaün – Groupe Salaün
- Michel-Yves Labbé – Départ Demain
- Arthur Courtinat – Maisons du Voyage
- Guillaume Linton – Asia
- Laurent Calando – Samboat
- Matthieu Jost – Misterb&b
- Stanislas Lucien Travel Insight
- Dominique Goudin – Hotelissima
- Caroline Monestier – Hémisphères Voyages
- Annie Chapellier – Attitude Voyages
- Olivier Falise – Antilles Exception
- Lidia Ouroupova – Meltour
- Gisèle Bazin – Espaces & Voyages
- Christian Lheureux – Passion USA
- Stéphane Fontaine – Openity
- Olivier Albahary – Globe Sailor
- Nicolas Houe – Cap Fun
- Philippe Bichet – Adrenaline Hunter
- Roselyne Le Guen – Zen Asie
- Nicolas Bostroem – Algofly
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En même temps, il me semble que la crise du Covid est indépendante de la volonté de Google non ?
Bien que la somme (attribuée en avoir) est probablement dérisoire par rapport aux montant investi en publicité en ligne, il ne faut pas oublier que Google n’était pas obligé de fournir des avoirs à ses clients…
Ça reste un geste sympa et acceptable, même si c’est pas grand chose….
Rien à voir avec de la mendicité si les boites en question n’ont rien reçu.