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Bernard Vairon : « Liberté Voyages s’arrête, mais Voyages Vairon continue »

Pourquoi le mini-réseau Selectour Liberté Voyages est-il en liquidation ? Que devient le groupe Vairon et son pôle voyage d’affaires ? Dans une interview exclusive, Bernard Vairon, PDG du groupe éponyme, a bien voulu répondre à nos questions. En toute transparence.

L’Echo touristique : Liberté Voyages, qui comprend 5 agences, est en liquidation. Pourquoi ?

Bernard Vairon : Deux raisons. La rentabilité de Liberté Voyages était un peu faible depuis quelques années, de manière structurelle. Et ce, malgré les restructurations et la fermeture de trois agences entre 2015 et 2019 : Maisons-Alfort, Charenton-le-Pont et Drancy. La pandémie a fortement impacté cette activité loisirs, ce qui risquait à terme de nuire au développement de l’activité affaires, que nous poursuivons. Nous arrêtons Liberté Voyages pour préserver Voyages Vairon.

Quel était votre volume d’affaires en 2019 (seuls les comptes 2018 sont publiés, soit un CA de 980 000 et une perte de -165 200, NDLR) ?

Bernard Vairon : Plus de 9 millions d’euros de volume d’affaires en 2019, pour un chiffre d’affaire de près d’un million d’euros.

Pourquoi une liquidation de Liberté Voyages (incluant l’activité événementielle), le redressement n’était pas possible ?

Bernard Vairon : Non. Le redressement n’était pas possible, surtout financièrement. Vendre des fonds de commerce, dans le contexte actuel, ce n’était pas envisageable. (La liquidation), c’est aussi un choix. Je pense que d’autres agences vont malheureusement connaître la même issue.

Combien d’employés représente Liberté Voyages, sur ses cinq agences ?

Bernard Vairon : 15 employés, que nous devons licencier. Ce sont des équipes fantastiques et professionnelles, qui ont tout donné, notamment pendant le Covid. Elles ont façonné la réputation et la relation-client de Liberté Voyages, parfois depuis 30 ans, je leur dois énormément. J’espère et je pense qu’elles pourront rebondir. C’est très dur pour un chef d’entreprise de prendre la décision de cesser son activité. Un vrai crève-cœur, sur le plan humain. C’est difficile aussi pour nos clients, qui nous ont fait confiance. Nous savons que nous les mettons en difficulté. Mais notre garant financier l’APST remboursera à terme ceux qui ont acheté des voyages à forfait.

Donc, le groupe Vairon devient 100% spécialisé dans le voyage d’affaires (à lire aussi : Vairon Voyages digitalise la réservation pour l’AFM-Téléthon). Pourtant, certains acteurs du marché pensent que c’est le loisir qui va plus vite redémarrer…

Bernard Vairon : Pendant cette période de la pandémie, l’activité était quasi nulle dans le loisir, et à 30% dans le voyage d’affaires. Le volume de l’activité affaires va prendre du temps à revenir, puisque les entreprises vont effectuer des restrictions budgétaires. Mais les entreprises vont devoir re-voyager, en s’adaptant à la situation sanitaire. Nous avons moins de visibilité sur les voyages d’agrément, qui pourraient redémarrer seulement l’été prochain. Dans le loisir, nous avons des charges récurrentes comme les locaux, une présence, du personnel. Sur le voyage d’affaires, la situation est plus facile à gérer. 

Vous dîtes que Liberté Voyages était structurellement peu rentable. Le modèle économique de l’agence loisirs n’est pas viable, selon vous ?

Bernard Vairon : Je ne sais pas si le modèle a un vrai problème en soi. Je pense que nous -agences physiques- avons mis trop de temps à maîtriser Internet. De plus, ces dernières années, on a vacillé entre les crises économique, climatique, géopolitique, les Gilets jaunes et maintenant la pandémie. Ces phénomènes ont eu un impact économique fort sur les décisions d’achat des Français. Un voyage loisir annulé est souvent perdu. Si vous renoncez aux sports d’hiver cette année, vous n’irez pas deux fois l’an prochain. C’est compliqué de générer le volume nécessaire pour atteindre l’équilibre, avec parfois des promotions rémunérées à 10% de commission. Sauf si l’on dispose d’une clientèle très haut de gamme. Il faut bien reconnaître aussi que les agences ont du mal à valoriser leurs compétences, contrairement à un avocat par exemple. C’est incompréhensible de voir qu’un client accepte de payer 200 euros pour les services d’un coach voyage qui n’est pas un professionnel, mais pas pour ceux d’une agence. Aujourd’hui, nous sommes payés sur la vente, pas sur le conseil. Nous devrions pouvoir le facturer notre seule expertise, puisque nous exerçons un métier de service et de conseil.

Familial, le groupe Vairon a été créé en 1896 par Charles Vairon. Qui était Charles Vairon pour vous ?

Bernard Vairon : Charles Vairon était mon arrière-grand-oncle. Le groupe qu’il a créé était à l’origine spécialisé dans le fret maritime, puis aérien, routier, et dans la gestion de stocks. Au fil du années, il s’est totalement repositionné autour de l’univers des agences de voyages. Cette activité est née en 1948, sous l’impulsion de mon grand-père, Lucien Vairon. A l’époque, c’était pour répondre aux attentes d’un client parisien, pour le transport de son personnel en complément de son matériel. C’est ainsi que l’aventure a commencé. En 1967, mon père est rentré dans le groupe. Nous sommes devenus l’un des premiers adhérents de Selectour, au début des années 70. Après les agences de Paris, Charenton-le-Pont, Alfortville, Maisons-Alfort, on a acheté en 2001 les agences de Michel Shirley, Liberté Voyages : Le Perreux-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Drancy. Avec le rachat d’un point de vente à La Garenne-Colombes en 2012, nous étions montés à huit agences. Le groupe Vairon s’est structuré autour de deux pôles et deux fonds de commerce bien séparés. Les deux mini-plateaux affaires ont été regroupés, sous Tourisme et Voyages Vairon (aussi appelé Vairon Voyages, NDLR), il y a une dizaine d’années. En 2012, j’ai transféré les agences loisirs sous Liberté Voyages, pour gérer les voyages aux particuliers et incentives.

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