Au Havre, la Grande Ecole ouvre ses portes avec un concept inédit

Elle court, Léa Lassarat. La Grande Ecole, elle y consacre toutes ses journées depuis de longs mois… elle en rêve même la nuit. Le concept de ce lieu, qui ouvrira bientôt ses portes, est unique : implantée en plein cœur du Havre, dans l’un des rares bâtiments rescapés des bombardements de 1944, la Grande Ecole réunira un restaurant – Les Enfants sages -, un food hall, un pub, des espaces événementiels (pour les entreprises et les événements privés) et des tiny houses nichées dans un jardin. Une nouvelle interprétation du camping urbain.

« Nous sommes très fiers d’être le premier hôtel de plein air en plein centre-ville de France », lance la fondatrice de ce concept. Made in Normandy, sept premières tiny houses écolo ont été livrées en mars. « Leur installation a été un grand moment d’émotion », confie la dirigeante, qui les a dessinées elle-même. Trois autres arriveront un peu plus tard. Pouvant accueillir jusqu’à 3 personnes (quatre au grand maximum pour certaines d’entre elles, avec un enfant et un bébé), ces tiny houses ont été conçues comme des cocons à l’ambiance cosy, avec terrasse privée, sauna et douche nordique extérieurs… D’ici le mois de septembre, un spa viendra compléter les installations.

« Nous ne mettrons pas d’étoiles, souligne Léa Lassarat, également propriétaire des Pins de César, dans la campagne d’Etretat. C’est un risque que je prends, même si je sais que cela implique d’être moins bien référencé, notamment sur les OTA. Je suis un peu lassée de ces catégories d’hôtels qui ne correspondent finalement pas à grand-chose, avoue-t-elle. Il y a tellement d’hôtels quatre étoiles qui sont laids et ne proposent aucune expérience, quand d’autres, très mignons, n’affichent que deux étoiles. Nous serons donc un boutique hôtel non étoilé.  Même si les organismes de classement essaient de prendre davantage en compte le charme, c’est tellement subjectif… Je ne m’y retrouve pas vraiment. »

Un lieu de partage des savoirs

Léa Lassarat a aussi conçu la déco de la Grande Ecole, qui tient son nom de l’ancienne école Jean Macé, où elle s’est installée. « Cette école a beaucoup d’âme. Je devais trouver un style pour chaque pièce, au niveau de la restauration et du bar mais aussi des salons pour l’école et je crois que le résultat devrait être surprenant. »

Car la Grande Ecole sera également un lieu de vie, de partage de savoirs : elle abritera un véritable centre de formation, qui est au cœur du projet. Pour l’imaginer, Léa Lassarat s’est inspirée de sa vie de restauratrice, de chef d’entreprise, de maman. Cette école s’adressera à tous : collaboratrices et collaborateurs d’entreprise, dirigeants, personnes en reconversion, particulier cherchant à nourrir une passion… La Grande Ecole accueillera notamment les personnes souhaitant se former dans les domaines de l’hospitalité et du service en salle, dans un bar ou un hôtel. Un remède à la crise des vocations qui sévit dans le secteur ? Des ateliers « Carrière et potentiel » seront dispensés, ainsi qu’une pléiade d’activités artistiques pour petits et grands.

« J’ai toujours eu envie de créer une école basée sur le partage d’expériences, une école capable de faire émerger les talents de chacun”, explique Léa Lassarat. Une envie née de son parcours de « serial entrepreneuse ». Après avoir dirigé l’entreprise familiale Interior’s, spécialisée dans les meubles et la décoration (2800 collaborateurs à travers le monde), Léa Lassarat a participé en parallèle à la création de plusieurs hôtels (Les Maisons de Léa, à Honfleur, Vent d’Ouest, au Havre, et Au Chamois d’Or, à l’Alpe d’Huez) et de restaurants. En 2012, elle quitte l’entreprise familiale pour lancer plusieurs restaurants, dont les Enfants Sages, en 2015. En 2016, elle prend la tête de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Havre et lance le réseau Femmes & Challenges.

« Ca ne va pas tomber du ciel »

« Nous sommes actuellement 1300 femmes en responsabilité sur la Normandie. Ce n’est pas un réseau féministe, souligne-t-elle. Je prône la mixité avant tout. Mais l’idée, c’est de dire que ça ne va pas tomber du ciel, il faut oser. Nous mettons en place un écosystème et des outils pour donner envie aux femmes d’entreprendre ou de prendre des responsabilités de manière à ce qu’il y ait plus de femmes dans les instances de gouvernance. » Femmes & Challenges organise chaque année en décembre un forum réunissant environ 1200 personnes.

Des journées plutôt bien remplies, donc. Ce qui n’empêche pas la cheffe d’entreprise de penser déjà à la suite. En ouvrant d’autres Grandes Ecoles, ailleurs en Normandie. Pourquoi pas à Rouen, ou à Deauville. « Deauville ce serait un très beau challenge parce que tout le monde me dit que c’est difficile. Mais moi quand on me dit ça, j’adore. »

En attendant, c’est dans la Grande Ecole du Havre que Léa Lassarat met toute son énergie, entourée d’une équipe de 50 personnes. L’ouverture aura lieu le 10 juillet.

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