Après l’hôtellerie, Adrien Gloaguen (groupe Touriste) se met au camping
Ça fait longtemps qu’il y pensait : l’entrepreneur à la tête de huit hôtels à Paris se lance dans l’hôtellerie de plein air avec l’acquisition d’un premier camping en Bretagne.
Ca ne s’est pas passé exactement comme prévu mais c’est sans doute cela, être entrepreneur. Le camping réduit à sa plus juste expression, la tente et le feu de camp ambiance années 50, des prestations haut de gamme et le service qui va avec : voilà l’idée qu’Adrien Gloaguen se faisait de l’hôtellerie de plein air. Au point de plancher pendant trois ans sur un concept, de créer une marque, de lui trouver un nom – Bonfire*- et de s’atteler aux prospections pour implanter un premier projet.
Mais trouver un terrain en pleine nature qu’il soit possible de transformer en camping… Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. La tâche s’est révélée bien plus ardue qu’il ne l’aurait imaginé. « C’est un projet qui me plaisait beaucoup et sur lequel nous avons énormément travaillé mais nous avons fini par nous essouffler », confie Adrien Gloaguen. « Bonfire » a donc été mis sur pause.
Un camping en Bretagne. Et de un
Qu’à cela ne tienne, l’entrepreneur n’a pas renoncé à mettre un pied dans l’hôtellerie de plein air, dans une version plus traditionnelle. Et si sur le site de Touriste s’affiche l’heure à Paris, New York, Tokyo ou Plemeur-Bodou, c’est pour annoncer qu’il y a effectivement du nouveau. Le groupe vient d’acheter un premier établissement en Bretagne, Le Camping du Port-Landrellec, 4-étoiles les pieds dans l’eau de 80 emplacements sur la côte de Granit rose. Et de un.
Un nouveau terrain de jeu et un bol d’air pour celui qui développe depuis une quinzaine d’années une collection de boutiques hôtels plaisant autant aux voyageurs qu’aux magazines de déco. « J’avais envie d’aller voir ce qui se passe dans ce milieu-là, explique-t-il. Il n’est bien entendu pas question d’arrêter l’hôtellerie mais au bout de quinze ans, j’avais besoin de m’ouvrir à de nouveaux horizons, de me confronter à d’autres problématiques, d’autres enjeux. »
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Un autre mode de fonctionnement, aussi. « On imagine souvent qu’en région, les démarches et les relations avec les institutionnels vont être très compliquées or c’est tout le contraire. Ils sont très présents. Leur objectif, c’est le développement économique de leur territoire. De ce fait, ils nous aident à faire avancer les choses. On se sent vraiment épaulés, c’est très agréable, apprécie le chef d’entreprise. On rencontre des gens qui défendent extrêmement bien leur région. »
Le nouveau propriétaire du camping du Port-Landrellec attaque donc sa première saison. « Le camping a ouvert pour Pâques, nous ferons de légers travaux de décoration et de transformation l’hiver prochain », indique Adrien Gloaguen. Faut-il pour autant imaginer un camping à la sauce « Touriste » ? « Venant du monde de l’hôtellerie, notre idée, c’est de se demander ce que nous pouvons apporter à l’hôtellerie de plein air. Fin juin, j’emmène toute l’équipe des hôtels en séminaire là-bas, cette question sera notre fil conducteur. »
« Nous ne sommes pas là pour donner des leçons, précise-t-il. Notre ambition, c’est simplement d’arriver avec notre vision de l’hospitalité. » Retravailler la carte avec des produits locaux, s’assurer d’une bonne connexion wifi, réhabiliter la couette pour plus de confort dans les mobile-homes : comme toujours, la bataille se joue dans les détails. « Nous essayons de faire les choses bien et jolies comme nous aimons le faire », résume le jeune quadra. « L’idée, c’est aussi d’ouvrir le camping sur l’extérieur, de faire davantage découvrir la région et de créer plus de liens avec le territoire. »
Quatre nouveaux hôtels
Et il ne compte pas s’arrêter là. « Notre but est de constituer un petit groupe, les établissements seront regroupés sous la bannière Camping Liberté lorsque nous en aurons suffisamment », explique Adrien Gloaguen, qui prospecte activement.
Parallèlement, Touriste poursuit le développement de nouveaux projets hôteliers. Dans le 15e arrondissement, l’hôtel Beauregard a ouvert ses portes en mars. Relooké par la designer Chloé Nègre, il reprend les codes d’une demeure bourgeoise, la tour Eiffel en vue. Arrivera ensuite en juin l’Hôtel de La Boétie, dans le 8e arrondissement. Puis cet été l’Hôtel du Château d’Eau, dans le 10e arrondissement. Le groupe vient aussi de s’offrir L’Arc de Triomphe Etoile.
Après avoir revendu son hôtel londonien, Touriste lorgne toujours l’étranger. « Pourquoi pas retourner à Londres, un jour. Je regarde aussi beaucoup du côté de Rome, Madrid et Amsterdam. » Mais n’attendez pas qu’on vous déroule un business plan à 5 ans. Comme à son habitude, Adrien Gloaguen fonctionne à l’intuition, toujours à l’affût des opportunités. « Il n’y a pas de grande stratégie écrite. Ca se fait en fonction des projets que l’on nous propose », confirme-t-il. Adrien Gloaguen ne ferme d’ailleurs pas la porte à une autre éventualité : devenir gestionnaire pour d’autres enseignes. « Ça a failli se faire récemment, pour un très bel hôtel à Paris. Pourquoi pas, lâche-t-il. Mais il faut vraiment que j’aie le coup de cœur pour le projet. » Car après tout, « Touriste s’offre le luxe de ne réaliser que des projets qui l’amusent ». C’est la devise qu’il s’est choisie.
*Feu de joie.
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Félicitations pour vos projets et pour votre démarche particulièrement stimulante. Continuez à vous amuser ! Bien à vous. Françoise