APST/Evasion Spirit : « Nous ne sommes pas la brigade financière »
L’APST sort du silence. Son président Mumtaz Teker explique le long chemin qui a mené à la radiation de l’agence Evasion Spirit.
« Tant que la faillite n’était pas prononcée, je n’avais pas le droit de m’exprimer sur Evasion Spirit », indique Mumtaz Teker, président de la caisse de garantie qui a radié l’agence le 4 janvier 2023. Désormais, il s’explique et tente de répondre aux critiques, en remontant dans le temps.
C’est en 2011 que Yams (Evasion Spirit) adhère à l’APST. A l’époque, Yann Rates est identifié comme le gérant de la jeune entreprise. Pourtant, sur LinkedIn, Serge Reynal se présente bel et bien comme le président-fondateur de l’agence de voyages. Mais ce dirigeant n’a pas forcément bonne réputation dans la profession. Par le passé, il a fondé l’agence Le Comptoir Bleu (liquidée en 2004) et cofondé l’agence Un monde à deux, reprise en 2010 par Karavel/Promovacances, un groupe réputé pour s’offrir des entreprises en difficulté.
Au tout début de l’épidémie de Covid-19, en janvier 2020, Yams fait face à des difficultés, raconte Mumtaz Teker. « Nous en sommes alertés par Serge Reynal lui-même et son commissaire aux comptes. La holding doit beaucoup d’argent à Yams. » Le patron est ensuite reçu deux fois à l’APST, courant 2021, alors que toute l’industrie baigne dans la crise sanitaire. Et malgré la pandémie, l’adhérent rassure. « Il était alors très convaincant, pas du tout alarmiste, confiant dans la reprise. » Une fuite en avant ?
Une contre-garantie qui saute
En 2022, le tout nouveau comité des risques de l’APST réétudie le dossier, et demande cette fois une régularisation des contre-garanties au mois de novembre. Inquiet, Mumtaz Teker déclenche même un audit. « Le rapport d’audit n’est pas bon. Les chances de survie d’Evasion Spirit sont peu probables. Au mois de décembre, nous réfléchissons à la date à laquelle nous allons arrêter la garantie pour en limiter les conséquences. » L’APST apprend alors que Serge Reynal a vendu l’une des deux maisons données en contre-garanties… sans prévenir. L’agence est radiée le 4 janvier 2023. Soit près de trois ans après les toutes premières difficultés de l’opérateur.
Pourquoi si tardivement ? « Nous ne sommes pas là pour enfoncer les adhérents. Nous préférons qu’ils évitent la faillite. Qu’ils s’en sortent en apportant de nouvelles garanties ou bien en trouva un nouvel associé. » D’ailleurs, trois jours après la radiation, le conseil d’administration de l’APST se réunit en visioconférence, pour donner une ultime chance à l’agence. « Nous avons constaté qu’il n’y avait aucune contre-garantie sérieuse. Nous ne sommes donc pas revenus sur notre décision. » Fin de la partie. Ou presque. Evasion Spirit dépose le bilan, et les critiques fusent, notamment de la part des clients floués.
Un sinistre évalué à 3M€
« J’entends des critiques. Mais je ne fais pas les lois, je les applique avec mon conseil d’administration en respectant les statuts, se défend Mumtaz Teker. Si le dossier a traîné deux mois, c’est parce que nous avons voulu donner toutes les chances à l’entreprise de survivre. »
Désormais, la caisse de garantie s’organise pour faire voyager les clients ou pour les rembourser. « Nous travaillons avec le réceptif en Polynésie, nous renégocions avec Air Tahiti Nui pour obtenir de bonnes conditions. » De nombreux dossiers concernent Tahiti et ses îles, incluant des voyages de noces de plus de 30 000 euros. Quel sera le montant du sinistre ? Environ 3 millions d’euros, estime Mumtaz Teker.
De nombreux clients ont dénoncé sur les réseaux sociaux des méthodes douteuses de l’agence, qui annulait des voyages ou faisait payer deux fois les prestations. Des procédés qui auraient dû alerter l’APST ? « Nous ne sommes pas la brigade financière, ni le gendarme de la profession. Nous ne dépassons pas nos responsabilités. Et nous ne nous appuyons pas sur des rumeurs, mais sur des faits », répond le président.
Evasion et Découverte, une nouvelle affaire délicate
Désormais, de nombreux regards sont tournés vers Evasion et Découverte. C’est le voyagiste de Nicolas d’Hyèvres, dont l’agence Selectour Géovisions a déposé le bilan en 2022, et causé un sinistre d’environ un million d’euros.
« Nous avons appris qu’Evasion et Découverte vendait en B2C, nous avons demandé des contre-garanties raisonnables pour couvrir le risque. Nous ne les avons pas reçues. »
Le tour-opérateur a donc été radié le 18 janvier 2023, et ne peut donc plus exercer son métier. « S’il dépose le bilan, nous ferons partir les clients en B2C, ou nous rembourserons. » Rappelons que la garantie financière ne couvre ni les ventes de vols secs ni les ventes qui passent par des agences de voyages.
Alors que les aides d’Etat ont pris fin, et les remboursements de PGE commencent, Mumtaz Teker demeure néanmoins serein. Et ce, malgré l’absence du Go de l’Europe pour la réassurance publique.
« Comme je l’ai annoncé au cocktail des vœux 2023, nous sommes confiants. Nous disposons de 23 millions de trésorerie, sans compter les cotisations de 2023, qui représentent 15 millions d’euros. »
Il serait certainement judicieux d inclure une clause dans les contrats aux nouveaux adhérents apst, stipulant qu aucune garanties ne serait à faire valoir si un prête nom sortait du bois dans les années suivants leurs adhésions
Bonsoir, alors je comprends pas comment ils annoncent déjà le montant des cotisations pour 2023 alors que sur un article paru dans la presse dernièrement, le montant n’était pas fixé. Donc l’année 2023 a déjà commencé sans que les adhèrents n’en connaissent le montant. J’espère bien que nous ne paierons pas encore ces mauvaises gestions..