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Air France en équilibre sur ses nouvelles « Bases »

Les faits : Le 11 juillet dernier, la compagnie a présenté officiellement son projet « Bases province » pour un lancement en octobre. Le constat : AF joue les équilibristes, tiraillé entre la nécessité de relancer son activité court et moyen-courrier et les tensions salariales. L'enjeu : Entre la crainte du conflit social et la réaction de la concurrence low cost, l

Présenté le 11 juillet dernier, le plan Bases province est considéré par Air France comme « une véritable offensive commerciale », lancé depuis quatre métropoles régionales : Marseille, Toulouse, Nice et Bordeaux (voir encadré). Initialement prévue à la fin du premier semestre 2011, la reconquête de la clientèle court-courrier n'aura pas lieu avant octobre prochain. En cause, la nature même du plan, qui prévoit entre autre des gains de productivité de 25 % pour une réduction des coûts de 15 %, un nombre d'heures travaillé par jour plus élevé, plus de rotations quotidiennes, tout en proposant un niveau de service supérieur aux " low costs " (presse, siège réservé, collation à bord, etc.). Mais la méthode est également mise en accusation.

 

REFUS DE PERDRE LES ACQUIS SOCIAUX

 

Le directeur général d'Air France Pierre-Henri Gourgeon avait en effet tout au long de l'élaboration du projet Bases répété que la direction ne passerait pas en force et ne ferait appel qu'à des volontaires. Mais le jour même de l'annonce du plan, les trois syndicats d'hôtesses et de stewards représentatifs chez Air France – Unsa, Unac et SNPNC – annonçaient qu'ils ne signeraient pas le projet d'accord sur la nouvelle organisation du travail. « Nous n'étions pas opposés au projet de bases en province, mais il n'est pas question d'en profiter pour revenir sur les acquis sociaux des dernières décennies » expliquait Philippe Sportès, responsable Unsa. « Air France a décidé de passer en force, Gourgeon nous a dit que le projet se mettrait néanmoins en place », s'emporte alors le syndicaliste en soulignant que, face à une telle négation du dialogue social, les syndicats étudiaient un recours juridique.

De son côté l'Unac parlait de " lowcostisation " des PNC (personnel naviguant commerciaux) : « Ce protocole ne prend pas en compte nos revendications concernant l'organisation des jours d'activité et de repos, le volume mensuel de repos et la rémunération », indiquait le syndicat dans un communiqué. Le SNPNC-FO jugeait quant à lui inacceptable le volet social du projet tant en termes de rémunération que de règles d'utilisation. Air France a pourtant besoin de beaucoup de personnel pour mener le plan à son terme : au moins 758 stewards et hôtesses pour assurer les rotations des 38 A320 mobilisés à terme pour « Bases provinces ». Pas sûr que la compagnie ait un vivier aussi large de volontaires, sans passer par un accord avec les syndicats. Côté pilote, en revanche, le ciel s'est dégagé. Le syndicat des pilotes, le tout puissant SNPL, a en effet donné son accord à une nouvelle organisation du travail après vote de ses adhérents qui l'ont approuvé à 55 %. Ainsi, le plan Bases, qui prévoit le volontariat de 422 pilotes, est venu agrandir un peu plus le fossé existant entre les revendications des hôtesses et stewards et celles des pilotes. Celui-ci s'était déjà formé en février autour de la réforme de la Caisse de retraite du personnel naviguant (CRPN), qui doit être gérée conjointement par les deux catégories de " volants " d'ici l'an prochain. Toujours en attente d'un décret, la réforme déchire les deux camps depuis plusieurs mois. Le 11 juillet, le journal La Tribune révélait que les pilotes voulaient mettre la pression sur le gouvernement, désigné arbitre dans cette affaire, et lancèrent un mot d'ordre de grève du 5 au 8 août, annulé par la suite. En face, les hôtesses et stewards ripostèrent et annoncèrent eux-aussi un mouvement du 29 juillet au 1er août. Toutes les représentations syndicales s'unissent alors : CGT, CFDT, CFTC, Unac, SNPNC, Sud et Unsa réclament l'ouverture de négociations sur l'organisation globale du travail. Dans un communiqué, ils déclarent s'opposer à la stratégie d'Air France qui consiste à « stopper la progression des low costs en appliquant leurs modèles à tous les PNC du groupe (Air France, Britair, Régional, Cityjet) ». Les PNC refusent « de devenir les victimes de la productivité » et jugent inadmissible toute « augmentation de la charge de travail alors que plus de 80 % des PNC se déclarent fatigués ». Alors que la direction s'échine à démontrer que la nouvelle offre n'a rien à voir avec les low costs à cause du maintien d'une « haute qualité de service », les syndicats des PNC estiment au contraire qu'elle se détériore et que « cela ira de mal en pis ».

 

APRÈS DES TESTS, UN BILAN EN SEPTEMBRE

 

En quelques jours, malgré toutes les précautions prises depuis un an par la direction d'Air France, la mise en place du plan Base province est en train de déraper vers un conflit social majeur, en plein été. Pour la compagnie le risque est trop grand. Elle recule. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, elle parvient à éviter la grève. « Tous les problèmes ne sont pas résolus, mais Air France a cédé sur pas mal de points », estime Philippe Sportès. Retour à la case départ ? Les discussions sur le projet « Bases province vont reprendre. Alors que le plan prévoit le passage de quatre à trois PNC sur les A319, les effectifs sont maintenus à 4 PNC, comme le réclament les syndicats. Des tests seront toutefois effectués avec 3 PNC sur les vols durant entre une et trois heures. Un bilan sera fait mi-septembre. Dans ces nouvelles conditions, Air France atteindra-t-il les 25 % de gains de productivité ? La question est cruciale pour la compagnie qui assorti ces économies à des prix proches des low costs. Celles-ci ont d'ailleurs senti le danger. Ryanair qui a fermé sa base marseillaise début janvier et raille le projet Bases d'Air France par la voix de son patron Michael O'Leary, a prévu de renforcer son programme hivernal avec pas moins 14 lignes, dont 7 nouvelles : Nantes, Brest, Lille, Eindhoven, Rome, Marrakech et Milan. Et l'été prochain, il ne basera plus « de manière temporaire deux, mais bien trois avions sur Marseille. » Marseille, nouvelle base explosive.

 

« Le plan Bases province, une véritable offensive commerciale »

Au moins 758 stewards et hôtesses pour assurer les rotations des 38 A320 mobilisés à terme pour « Bases province ».

 

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