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Affluences : le quota de visiteurs « va devenir la norme » dans les musées et monuments

Du musée du Louvre au Mont Saint-Michel, la start-up Affluences équipe de nombreux hauts lieux du tourisme français. Nous avons interviewé son DG cofondateur Paul Bouzol pour faire le point sur son activité et sa vision.

L’Echo touristique : combien de clients compte Affluences, et quel est leur profil ?

Paul Bouzol : Nous avons un peu plus de 1000 clients, dans différents secteurs. La majorité d’entre eux sont des universités ainsi que des acteurs de la culture et du tourisme. Il s’agit principalement de sites à forte fréquentation, comme le musée du Louvre, le château de Versailles ou les gorges de l’Ardèche. Ils ont pour point commun d’accueillir des personnes physiques, veulent mesurer et mieux gérer les flux, et éventuellement transmettre l’information aux visiteurs. Nos solutions permettent de collecter la donnée, de gérer des tableaux de bord, de recevoir des alertes par SMS quand des seuils sont dépassés. L’information peut ensuite être diffusée via notre application, le site ou l’appli du client, ou encore sur des panneaux de signalisation à destination. Nous travaillons notamment avec des offices de tourisme pour qu’elle soit relayée, par exemple, sur des écrans.

Comment aider à mieux gérer les pics de fréquentation ?

Paul Bouzol : Le premier levier qu’on exploite, c’est justement la diffusion de l’information, pour que le voyageur puisse privilégier les heures creuses ou reporter. Ainsi, au Mont Ventoux (en PACA, Ndlr), les automobilistes savent, avant même de monter sur place, quand le site est saturé.

L’analyse des chiffres permet également de moduler les horaires d’ouverture et de piloter d’accueil. Il est même parfois possible d’augmenter la capacité d’entrée sur l’année : quand le lieu n’est pas saturé, mais manque de personnel au niveau des contrôles de sécurité. Parfois, c’est la capacité limitée d’accueil qui pose problème. Alors, on peut conseiller d’étirer au maximum les heures d’ouverture et inciter les clients à venir pendant les heures creuses.

Etirer les heures, oui. Mais parfois, ce type de proposition bloque au niveau social. Au musée du Louvre, les salariés n’y sont pas forcément favorables…

Paul Bouzol : Tout à fait. C’est là où notre travail s’arrête. Nous formulons des propositions. Parfois applicables, mais pas toujours. Il peut y avoir d’autres solutions, comme des nocturnes pour reprendre l’exemple du Louvre. Il faut aussi sensibiliser les publics sur les heures d’affluence, réorganiser les groupes, repenser des circuits de visite dans un grand musée ou un parc d’attraction… 

Vous allez travailler pour le Mont Saint Michel. Comment ?

Paul Bouzol : Nous allons mesurer les flux, notamment dans les navettes. L’objectif est d’optimiser les rotations et d’informer les voyageurs des temps d’attente pour accéder au site. Ce sont des sujets complexes et pointus, intégrant des mesures et l’usage d’algorithmes.

L’application revendique 13 millions de consultations par mois.

Du Louvre à Versailles, de nombreux sites culturels ont mis en place des jauges, sans forcément en faire la publicité d’ailleurs. Votre solution aide-t-elle à la mise en place de tels quotas ?

Paul Bouzol : Oui, en termes de nombre de personnes accueillies à un instant T. Chaque établissement configure notre outil en fonction de la jauge qu’il souhaite mettre en place. C’est d’ailleurs obligatoire de mesurer l’affluence : tout établissement recevant du public doit respecter un nombre maximal de personnes, pour des questions de sécurité, notamment en cas d’évacuation. Nous avons différentes technologies et compteurs pour vérifier que le seuil n’est pas dépassé. Les conditions d’installation sont différentes d’un site à l’autre, et parfois complexes.

Pour vous, le quota va-t-il devenir la norme pour les musées et monuments, notamment face aux problèmes de saturation ?

Paul Bouzol : Oui, cela va devenir la norme. D’autant que c’est déjà une obligation. L’unique raison pour laquelle des établissements n’ont pas de jauge relève de considérations budgétaires ou techniques. Il n’est pas toujours facile d’équiper toutes les entrées et les sorties afin de mesurer le trafic. Mais les technologies permettent maintenant de répondre à l’ensemble de ces contraintes. Et si la jauge sécuritaire est de 1000 visiteurs, un site peut très bien la réduire à 800 visiteurs afin d’améliorer la qualité d’accueil. S’il y a trop de visiteurs dans une même salle, cela peut dégrader les décors et les peintures. Pour toutes ces raisons, cela va devenir plus systématique. 

C’est intéressant de dire que même si la capacité est de 1000, on peut réduire à 800 pour améliorer l’expérience quand les visiteurs sont à la file indienne. Comme nous avons pu le voir l’été dernier au Mont Saint-Michel…

Paul Bouzol : Il y a alors deux manières de faire : soit on bloque l’accès. Soit on autorise l’accès en avertissant le visiteur qu’on est à 80% de la jauge, avec par conséquent une qualité de visite dégradée. Cette deuxième option est toujours plus facile à adopter, pour éviter la frustration du refus d’entrée.

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