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Aéroport de Toulouse : les Chinois espèrent vendre 500 millions

Quatre ans après une opération de privatisation controversée, le ministère des finances a évoqué mercredi soir un « désengagement » en cours des actionnaires chinois de l’aéroport de Toulouse. Les collectivités locales sont inquiètes.

Pour tout comprendre de la revente de l’aéorport de Toulouse, il faut revenir 4 ans en arrière. En avril 2015, l’État vend 49,99% du capital de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse à Casil Europe, une holding française créée par un groupe d’État chinois et un fond d’investissement hongkongais. Des proches de Bercy expliquent alors à la Dépêche que la privatisation doit se dérouler en deux temps : tout d’abord 49,9 % puis 10,01 % un ou deux ans plus tard.

Oui mais voilà, l’actionnaire chinois n’est pas très vertueux dans sa gouvernance. Il distribue des dividendes au-delà du raisonnable. Les actionnaires locaux (Région, le département, la métropole de Toulouse et la CCI) qui possèdent 40% de l’aéroport, font pression sur l’Etat pour ne pas qu’il vende ses 10,01 %. C’est chose faite, début 2018. Une décision qui achève de convaincre le groupe Chinois de se désengager de l’aéroport, qui aurait commencé à mettre en vente l’aéroport ces derniers jours.

Pourtant, officiellement, Mike Poon, le président de Casil Europe, dément avoir mis en vente l’aéroport. « Depuis le premier jour de notre arrivée à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, nous avons reçu des offres de rachat de nos parts. Nous écoutons toujours les offres que l’on peut avoir », confesse-t-il à La Dépêche.

La banque Lazard à la manœuvre

Cependant un mandat a bien été confié à la banque d’affaires Lazard pour recevoir les offres des candidats potentiels. La procédure est très courte. Les marques d’intérêt doivent être déposées pour le 6 février prochain. Parmi les intéressés, Vinci Airports, qui vient de débourser 3,2 milliards d’euros pour mettre la main sur 50% de l’aéroport de Gatwick, la Banque Populaire Occitane et la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées adossées aux fonds de Natixis, le fonds français Ardian associé au groupe de BTP espagnol Ferrovial, Eiffage ou encore l’Australien Macquarie.

En 2018, l’aéroport a transporté 9,6 millions de passagers et devrait frôler la barre des dix millions en 2019. A la revente Casil se serait fixé un objectif de prix de 500 M€ alors qu’il avait acheté les 49,9% pour 308 M€.

La cour des comptes l’avait bien dit….

« S’il s’avérait que Casil vendait prochainement ses actions, ce serait de sa part une très mauvaise manière, légale mais fort désinvolte, envers nous, les actionnaires locaux minoritaires, a indiqué le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc à l’AFP. Car lors des réunions de conseils du mois dernier, jamais Casil n’a évoqué pareille hypothèse, a assuré le maire LR. Dans l’immédiat, le plus important à mes yeux est de maintenir une majorité publique (Etat et les quatre actionnaires locaux) au sein de la société d’exploitation de l’aéroport ».

Dans son rapport, la Cour des comptes avait critiqué en novembre « un acquéreur dont le profil soulève des inquiétudes » quant à « son manque d’expérience en matière de gestion aéroportuaire », « son manque de transparence financière » et ses « liens avec la puissance publique chinoise ».

Les privatisations sur la sellette

Le rapport soulignait également « la situation, ambiguë et instable d’une entreprise dont le capital est majoritairement public, mais dont le contrôle appartient à l’actionnaire privé par l’effet du pacte d’actionnaires qu’il a conclu avec l’État ».

La question de la privatisation d’ADP, peut donc être posée à nouveau. Les aéroports parisiens sont en bonne santé et versent chaque année des dividendes non négligeables  à l’Etat. Le gouvernement, qui tablait sur l’exemple d’une privatisation toulousaine réussie, est désormais dans l’embarras quoi qu’il en dise, au moment même où la privatisation des autoroutes fait elle aussi débat.

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