Adriana Minchella (Cediv) : « Oui, j’ai voulu partir »
Secoué par des remaniements internes et des départs au sein de son conseil d’administration, le réseau promet d’avancer vers « une gouvernance partagée ».
« Oui, j’ai été parfois directe, exigeante, intransigeante. Même si ça ne plait pas à tout le monde, c’est ma manière de défendre le collectif », a résumé la présidente Adriana Minchella lors de son discours d’ouverture de la convention du Cediv organisée au Sénégal.
« J’ai donné tout ce que j’avais »
Pour beaucoup, c’est cette force de caractère qui a permis au réseau de tenir dans la tempête, notamment durant la crise du Covid-19. Mais pour d’autres, c’est aussi ce qui a pu freiner l’émergence d’un fonctionnement moins centralisé.
Pourtant, marquée par l’épreuve de la crise sanitaire, Adriana Michella le confie avec émotion : « oui, j’ai voulu partir. J’étais fatiguée ».
Sur un ton très personnel, elle évoque avoir « donné tout ce qu’elle avait : son temps, son énergie, ses convictions et parfois sa santé ». Malgré tout, pour elle, l’histoire ne pouvait pas s’arrêter là. Pas de cette manière. En résumé, il fallait envisager une transmission, mais dans le respect de l’histoire construite.
Création de commissions thématiques
Un audit en interne du Cediv a permis de prendre de la hauteur et de repositionner les rôles de chacun, estime-t-elle. Objectif : mieux établir les responsabilités, et désamorcer l’idée que tout doit nécessairement passer par la présidence. Adriana Minchella affirme vouloir davantage partager le pouvoir du réseau aux 200 agences de voyages.
« On ne peut pas concevoir une transmission sans la préparer », indique-t-elle. « Passer le relais, au Cediv et à l’APST, c’est à terme ma priorité », expliquait-elle déjà en 2022.
Depuis l’automne dernier, la présidente estime que la coopérative s’engage sur le chemin d’une « gouvernance partagée ». Ce travail s’est matérialisé par la création de commissions thématiques, ouvertes aux administrateurs mais aussi aux adhérents. Des délégués régionaux, au nombre de huit, participent activement à cette nouvelle dynamique.
« Fallait-il que cela se fasse avec une telle violence ? »
Mais des désaccords internes, notamment autour de questions liées à la gouvernance et à la communication, ont provoqué en avril 2025 la démission surprise de cinq administrateurs : Anne-Sophie Lecarpentier (Perier Voyages), Annabelle Imbert (Déclic Evasion), Catherine Labe (Les Matins du Monde), Sophie Bigot (Esprit Voyages) et Stéphane Fulcrand (Salagou Voyages).
Les démissionnaires, représentant 14 points de vente, ont ensuite quitté le navire pour rejoindre le réseau volontaire Selectour. « Ce fût un choc et un énorme gâchis », admet Adriana Minchella. « Oui, il peut y avoir des désaccords, c’est humain. Mais fallait-il que cela se fasse avec une telle violence ? » interroge-t-elle.
« On ne construit pas une transmission sur du sable mouvant, mais sur des fondations solides », poursuit-elle. « J’ai vu que certains ne voulaient pas que je parte. Qu’il restait une énergie, une envie. Ça m’a fait du bien », a relaté la présidente, revigorée par les applaudissements dans la salle.
Très belle stratégie de la bernique !