IA : ce que préparent les EdV pour les agences, avec le Cediv
Alors que les grandes plateformes digitales investissent massivement dans l’intelligence artificielle, des agences traditionnelles font le pari de la mutualisation pour se mettre à la page. Les Entreprises du Voyage ont choisi de s’appuyer sur le Cediv comme laboratoire, avec les partenaires technologiques FCB.ai et Theta Travel Tech. Nous avons découvert les différents modules sur lesquels ils avancent ensemble, afin de mettre l’IA à portée de main des distributeurs adhérents des EdV.
C’est une fusée à plusieurs étages, avec des agences du Cediv comme terrain d’expérimentation. L’écosystème IA générative développé pour les adhérents des Entreprises du Voyage (EdV), en gestation, comprend trois modules illustrant des cas d’usage futurs pour les agences de voyages. Son déploiement devrait démarrer entre juin et cet automne.
Carnet de voyage et agent IA
Premier cas d’usage, l’application avec un carnet de voyage dématérialisé dopé à l’IA.
L’objectif est simple : créer un lien fort entre le voyageur et l’agence avant, pendant et après le voyage. Avec des notifications personnalisées grâce à l’intelligence artificielle, et un parcours de langage naturel notamment. Theta Travel Tech parle de TaaS (« Travel as a Service »), un acronyme inspiré du MaaS (Mobility as a Service).
Le deuxième cas d’usage, c’est l’agent IA en réalité augmentée, qui échange avec un consommateur quand l’agence est fermée par exemple. Il suffit de scanner un QR Code visible en vitrine, et un avatar discute avec le client ou prospect.
Nous l’avons justement testé à l’occasion du congrès des EdV à Taghazout au Maroc. L’avatar Ediv’IA* répond par exemple aux questions relatives aux formalités Esta afin de se rendre aux Etats-Unis. Quand on lui demande si un récent voyage en Iran peut poser problème, elle reconnaît qu’un visa sera éventuellement nécessaire, et renvoie vers l’agence et les autorités compétentes afin d’obtenir une réponse précise. Ediv’IA peut d’ailleurs fixer un rendez-vous avec un conseiller, qui sera confirmé par mail.
Une interface B2B de réservations assistée par l’IA
Le troisième cas d’usage, c’est la réservation assistée de voyages par l’IA pour l’agent de voyages (voir la photo de l’écran d’ordinateur).
Les offres de voyage s’affichent à gauche de l’écran. Une discussion IA en langage naturel, à droite de l’écran, permet d’affiner la recherche. Les conseillers qui le souhaitent y accèderont via un onglet dans Orchestra.

L’interface est connectée à cette plateforme loisirs, à Amadeus, à CMS (Aerticket), avec un CRM intégré. Des connexions suivront avec Sabre, certains back offices, AB3M pour la facturation. Par ailleurs, d’autres modules sont à l’étude comme le devis.
Pour construire cette fusée à trois étages, les Entreprises du Voyage s’appuient sur le Cediv comme poisson pilote (au sein de quelques agences) et Theta Travel Technologie.
Près de 500 000 euros d’investissement
« Nous avons investi dans ce projet 430 000 euros en R&D, IA et interfaces », précise Cyril Guiraud. Cet investissement, complété par 40 000 euros d’Opco Mobilités, finance également la création d’une intelligence artificielle propriétaire, IA TaiLOR, entraînée au vocabulaire du voyage, en collaboration avec FCB.ai et son directeur France Olivier Roche.
« Nous entraînons cette IA depuis huit mois, avec le soutien aussi de TW3 Partners, ce qui nous permet d’acquérir une base de connaissances. »
« Nous ferons des tests tout l’été avec une vingtaine d’agences de voyages », poursuit Cyril Guiraud qui espère bien convaincre de nombreux distributeurs. Reste à trouver un modèle économique afin de financer les solutions IA et leurs évolutions.
Le Cediv moteur, Havas Voyages réservé
Le Cediv et les EdV ne manqueront pas de faire des points d’étape sur les modules pour embarquer leurs adhérents. Certains professionnels sont convaincus, à l’image d’Adriana Minchella. « Les outils sur lesquels nous travaillons vont révolutionner la profession. Le Cediv joue le rôle de laboratoire pour faire avancer toute la profession », Indique la présidente du Cediv, qui présentera les différents solutions IA à son Convenc’tour au Sénégal en juin.
D’autres acteurs se montrent au contraire dubitatifs à l’égard de l’IA. « Il n’y a aucune révolution, c’est une obligation », estime Christophe Jacquet, directeur général du réseau Havas Voyages. L’IA vient masquer l’incompétence des gens. L’artisanat doit rester au cœur du métier. Continuons de nous spécialiser. »
*pour les agences qui souhaiteront adopter la solution, chaque avatar pourra avoir son propre nom.
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