« Nous ouvrons le capital aux salariés de Marietton » dans le cadre d’un LBO – Laurent Abitbol
Le capital sera bientôt ouvert aux salariés et aux membres du comex de Marietton Développement, nous confie en exclusivité son président Laurent Abitbol. Le fonds américain Certares restera actionnaire, mais avec une part « légèrement » diluée.
L’Echo touristique : Quel est le bilan 2024 pour le GIE Asha qui rassemble Marietton Développement et Havas Voyages ?
Laurent Abitbol : Le volume d’affaires du GIE atteint 6,4 milliards d’euros en 2024 : 2,3 milliards pour Marietton, 4,1 milliards pour Selectour. Environ 60% de l’activité provient du voyage d’affaires, 40% du tourisme. Marietton a enregistré un record de bénéfices l’an passé, après 56 millions d’euros de bénéfices nets en 2023. Je partagerai les chiffres avec les actionnaires au mois de juin.
Chez Selectour, réseau dont vous présidez le directoire, vous avez la tradition de redistribuer une partie des bénéfices auprès des agences. Qu’en sera-t-il au titre de l’année 2024 ?
Laurent Abitbol : Au niveau de Selectour, ma politique est toujours de redistribuer. Les dividendes distribués cette année atteindront un record de 34 millions d’euros.
Comme de nombreux opérateurs de voyage, observez-vous un ralentissement des ventes en 2025 ?
Laurent Abitbol : Malgré le contexte international actuel, nous n’observons pas de ralentissement, comme le réseau Leclerc Voyages d’ailleurs. En 2025, Marietton est sur une croissance de 4,5% dans le voyage d’affaires et de 2% dans le tourisme, après une bonne année 2024. Nous avons de la chance, les Français préfèrent voyager plutôt que d’acheter une voiture, des meubles ou des vêtements. Ils veulent vivre des expériences.
Notre 33e acquisition est prévue dans un mois environ, ce sera dans la distribution.
Avez-vous toujours un projet d’investissement dans le tour-operating ?
Laurent Abitbol : Ce n’est pas d’actualité à court terme. Nous avons 5 à 6 projets de rachat dans l’ensemble du secteur du tourisme. Notre 33e acquisition est prévue dans un mois environ, ce sera dans la distribution. En 2024, nous avons réalisé de nombreux de rachats : Akilanga, ASC Voyages, Martini Voyages, Rêves Voyages et Premium Travel.
Quels sont vos projets d’actualité ?
Laurent Abitbol : Avant l’été, nous allons mener une importante opération financière. C’est un LBO (leveraged buy-out, Ndlr)*. La part de Certares (qui possède 49% du capital) sera « légèrement » diluée**. Mais le fonds demeurera l’actionnaire de référence. Tous les actionnaires actuels resteront présents. Les 14 membres du Comex, les salariés qui le souhaitent et les membres de ma famille vont monter au capital. Le capital sera ouvert à tous les salariés de Marietton d’ici un an. Aujourd’hui, 300 personnes sont déjà actionnaires.
Cette opération permet-elle aussi pour renforcer le sentiment d’appartenance au groupe ?
Laurent Abitbol : Oui. Le groupe est très fort et solide, avec 14 membres du Comex qui sont vraiment à la hauteur de mes attentes. Je suis aujourd’hui un chef d’orchestre aimant, qui a plus envie d’œuvrer pour le bien-être de ses équipes que pour sa réussite personnelle. Je rends d’ailleurs hommage à mes 1800 collaborateurs, ainsi que Jean-Noël (Lefeuvre) et ses équipes, qui font un travail formidable au quotidien.
Le congrès des Entreprises du Voyage qui se déroule actuellement à Taghazout au Maroc a notamment abordé la question de succession d’entreprise. A quelle échéance l’envisagez-vous pour Marietton et Selectour ?
Laurent Abitbol : J’aimerais continuer cinq années. Ensuite, il faudra trouver un successeur pour Marietton, et un autre pour Selectour. Ma grande fierté, c’est que tout le monde soit heureux chez Marietton. Et que les agences Selectour gagnent mieux leur vie qu’avant. Il en va de même pour les franchisés Havas Voyages que mon frère Arnaud dirige de manière magistrale.
Vous êtes aussi vice-président du garant financier APST. Quel est l’objectif principal que vous souhaitez pour l’association et ses adhérents ?
Laurent Abitbol : Je souhaite que le montant des contre-garanties diminue pour les entreprises dont le volume à risque ne dépasse pas quatre millions d’euros pour les entreprises en bonne santé, contre deux millions aujourd’hui. Je ne supporte pas qu’une agence mette sa maison en caution pour son entreprise, au risque de la perdre. Je serai toujours là pour protéger les petites entreprises.
* Le Leveraged buy-out (LBO) ou rachat avec effet de levier, désigne un montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier (« leverage »), c’est-à-dire par recours à un fort endettement bancaire.
**Le LBO ne fait entrer aucun nouvel actionnaire.
