« L’été n’est pas fait » selon Valérie Boned (Entreprises du Voyage)
En ouverture du congrès annuel des Entreprises du Voyage (EdV), la présidente Valérie Boned a pointé le climat d’incertitudes qui pèse sur le secteur. Un sentiment partagé.
Le contexte géopolitique, la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump et les déclarations provocatrices du président américain créent des incertitudes.
« On ne s’attendait pas à vivre une année aussi bouleversée au niveau international », a expliqué Valérie Boned en ouverture du congrès annuel des EdV organisé du 15 au 18 mai à Taghazout (Maroc). « Tous les jours, les déclarations de Donald Trump amènent de l’instabilité, ce qui pèse sur l’ensemble des secteurs », a ajouté la présidente des Entreprises du Voyage. L’impact immédiat est le désamour des Français à l’égard des Etats-Unis. Pour mémoire, les ventes de séjours vers la destination ont dévissé de 32% en avril 2025, par rapport à avril 2024.
Manque de visibilité
« La fragilité du contexte mondial » et le « manque de visibilité » perdurent. Par conséquent, « l’été n’est pas fait, malgré un bon premier trimestre ». Toutes destinations confondues, les ventes de voyages réalisées par les agences de voyages physiques et en ligne reculent de 7,6% en avril 2025 en comparaison avec avril 2024. C’est une inversion de tendance par rapport à mars 2025 (+2,7% sur un an). De fait, de nombreux tour-opérateurs observent un ralentissement global des ventes.
De son côté, René-Marc Chikli, président du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto), évoque aussi une chute de 25%, voire 30% des réservations vers les Etats-Unis parmi les TO. « La situation va s’améliorer », ajoute-t-il, confiant. Le retard pourra difficilement être rattrapé, mais d’autres destinations pourraient en profiter. « Les gens anticipent moins leurs vacances, ajoute encore le patron du Seto, qui espère un été au moins égal à l’an dernier. « Le portefeuille de réservations reste à faire, comme disait Valérie Boned », nuance-t-il.
Des défaillances en hausse de 24%
L’APST, principal garant financier de la profession, reste également sur ses gardes. Après une année 2024 marquée par plus de défaillances qu’en 2023, le nombre de défaillances a augmenté de 24% au premier trimestre 2025. « Nous ne sommes pas inquiets, mais prudents, commente Mumtaz Teker, président de l’APST. Nous étudions bien les dossiers. Ce n’est pas une année facile. »
Redressée, l’association pourrait faire face à une faillite d’envergure comparable à celle de Thomas Cook », a ajouté Mumtaz Teker, comme il l’avait déjà déclaré à L’Echo touristique. Sa trésorerie atteint désormais 53 millions d’euros.
Malgré ces signaux d’alerte, Valérie Boned reste optimiste à moyen terme. Les Français « sanctuarisent » le budget des vacances, quitte à faire des arbitrages. Le consommateur réduira peut-être la durée de son séjour, voyagera moins loin, mais cherchera coûte que coûte à s’évader.
Les sujets « chauds » du moment aux EdV
Le syndicat a énuméré les sujets sensibles du moment : le projet de reconduction de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), la directive voyage à forfait et sa transposition, et le sujet de la simplification. Sans oublier le serpent de mer de la modification du calendrier scolaire qu’Emmanuel Macron remet sur la table. Pour Valérie Boned, si la France réduit d’une semaine les vacances d’été, « des gens ne partiront plus en vacances car cela coûtera plus cher ». De nombreux Français, dont les enseignants, vont sans doute batailler pour empêcher un tel scénario.
Autre sujet du moment : un projet avec Carbone 4 sur des imaginaires du voyage, suite à une rencontre cette année avec Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project.
