3 Portes de fer
Gorges épiques
Entre la Roumanie et la Serbie, les défilés s’enchaînent sur 135 kilomètres : le Danube se fend une route entre les Carpates et les Balkans. Ses gorges encaissées doivent leur nom, les Portes de fer (Portille de fier), aux chaînes métalliques qui marquaient autrefois un péage. Le mauvais temps habille à merveille ce décor grandiose : il tombait des hallebardes quand notre bateau les traversa, sous des volutes de nuages de plomb couvrant des forêts vert bronze, qui tombent à pic dans une eau à la teinte d’acier. Il n’y manquait que les cuivres et percussions d’une Walkyrie de Wagner ! Ce grandiose resserrement stratégique, où des villages frissonnants sont blottis dans les replis des montagnes, a été parcouru par les tremblements de la terre et de l’histoire. Les empereurs romains y sont partis à la conquête de la Dacie et leurs monuments sont encore visibles du bateau. Des alpinistes ont ressuscité un fantôme du roi Decebale, à la manière des sculptures du Mont Rushmore aux Etats-Unis. Dans ces bas-fonds, les empires turc et austro-hongrois se sont affrontés dans de sanglantes batailles. Des portes d’enfer vertigineuses et lugubres, peuplées d’ours, de lynx et de loups, longtemps restées épiques et dangereuses pour les bateliers en raison d’un fort courant.
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