1 euro = 6,56 francs

Les Français seraient-ils subitement devenus casaniers ? Selon les premières tendances publiées par la Direction du tourisme (les chiffres définitifs devraient être dévoilés en mars), nos compatriotes ont été moins nombreux à prendre le chemin des vacances l’été dernier, le nombre de leurs séjours (toutes destinations confondues) reculant de 4 % entre avril et septembre par rapport à 2004. L’association de tour-opérateurs avait été une des premières à tirer la sonnette d’alarme dénonçant, dès la mi-août, un essoufflement brutal du nombre des réservations. Même constat du côté des agences, dont les ventes de forfaits se sont effondrées en fin de saison…

Pour expliquer ce dévissage, la profession dénonce en choeur un climat social délétère avec l’embrasement des banlieues, ainsi qu’une crainte diffuse de s’éloigner de la France aussi bien à cause du terrorisme et des risques aériens que des perturbations climatiques ou de risques sanitaires. Le problème, c’est que les Français ne sont pas davantage partis en vacances dans notre cher pays…

Si tout le monde s’accorde pour reconnaître que le secteur n’a pas été épargné par les crises,en tous genres depuis quatre ans, il faut cette fois chercher ailleurs les raisons de ce repli des Français sur eux-mêmes. D’humeur morose, embourbés dans leurs problèmes quotidiens, ils sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur leur situation financière à venir. Un peu comme si, étranglés par la stagnation (voire la baisse) de leurs salaires et par la hausse régulière du coût de la vie depuis le passage à la monnaie unique, ils commençaient seulement à réaliser qu’un euro équivaut à 6,56 francs. Et, au regard des derniers chiffres publiés par l’Insee, il semble qu’ils n’aient pas tout à fait tort. L’an dernier, les prix des voyages organisés ont augmenté deux fois et demi plus rapidement que l’indice général des prix. Même chose pour les tarifs de l’hôtellerie, qui ont progressé de 3,9 % en moyenne par an depuis 1998 ! La faute aussi aux taxes en tous genres ! Une façon de rappeler que, si le tourisme est un secteur très sensible au contexte international, il reste surtout dépendant du revenu des ménages.