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EDITO. Voyage : un « bashing » trop facile

C’est un post sur LinkedIn qui motive ce nouvel édito. Parce qu’il explique, avec brio, les valeurs du tourisme face à un détracteur à la gâchette un peu facile. Ce qui ne dédouane pas le secteur d’une profonde réflexion sur son impact, bien entendu.

« Il y a peu j’ai été accusée de greenwashing parce j’ai utilisé ‘Voyage au Sri Lanka’ et ‘tourisme responsable’ dans un post sur Instagram. C’était la première fois. D’autres me disent que cela leur arrive régulièrement. » Ces mots sont ceux d’Adeline Gressin, créatrice du site de voyage Voyagesetc, dans un post plein de bon sens sur LinkedIn, dont nous publions de larges extraits.

Adeline s’avoue assez touchée par ce commentaire « qui, clairement, n’était qu’une leçon de morale ‘il faut arrêter de prendre l’avion’. Dans les faits, je n’avais pas pris l’avion depuis 3 ans, cette attaque n’était pas très bien ciblée. » Un bashing effectivement trop facile.

Dans une démarche constructive, Adeline explique dans son post que le tourisme responsable ne s’arrête effectivement pas (du tout) à la préservation de l’environnement.

« Alors oui l’avion ne fait pas de bien à la planète mais ceux qui prônent le Flygskam oublient souvent que derrière le terme de responsabilité ne se cache pas que le respect de l’environnement. On y trouve aussi un axe social (soutien aux entrepreneurs locaux) et économique. » Le fameux « S » de la Responsabilité sociétale des entreprises, qui sera un fil rouge lors de la conférence internationale sur le tourisme responsable A World For Travel à Nîmes, les 27 et 28 octobre.

Voyager permet de mieux comprendre les autres cultures, d’accepter et même d’aimer les différences.

Aux activistes anti-tourisme, à ceux qui militent pour un monde débarrassé des avions, j’aime rappeler un chiffre. Le tourisme représente 1 emploi sur 10 dans le monde. Quelle reconversion proposent ceux qui critiquent le tourisme à tout va ?

Sans compter qu’au-delà des « beaux paysages », voyager, « c’est aussi aller à la rencontre de l’autre », ajoute à raison Adeline. Voyager permet de mieux comprendre les autres cultures, d’accepter et même d’aimer les différences. Comme l’expliquent le sociologue Jean Viard et son coéquipier David Medioni dans la rédaction du livre « L’an zéro du tourisme ». « Le tourisme est un langage, une façon de rapprocher les hommes et les femmes du monde, qui permet aussi de faire la paix », écrivent-ils. Facteur de tolérance et de paix, j’en suis convaincue, et nous ne le répéterons jamais assez.

« Mon voyage au Sri Lanka, et les divers échanges que j’ai eus avec les acteurs du tourisme locaux sur place, me font dire que si l’on arrête de voyager, on va vers plus de misère, mais aussi plus de migrations, poursuit Adeline. Un guide me disait que la saison qui arrive est celle de la dernière chance pour lui. Soit il s’en sort, soit il vend tout et part travailler à l’étranger le temps que son pays se relève de la crise qu’il traverse. D’autres vont travailler aux Emirats. Mon avion du retour en était rempli. C’est une réalité. » Lors du printemps arabe en 2010, de nombreux salariés du tourisme de Tunisie, du Maroc ou d’Egypte ont dû quitter leurs familles pour travailler dans les Emirats en dehors du secteur du tourisme. Loin de leurs familles. Et dans des conditions, souvent, lamentables. C’est une réalité.

Voyager de manière responsable, c’est sans doute voyager moins souvent, plus longtemps, avec des avions de moins en moins émetteurs de gaz à effet de serre. « En soutenant tous les acteurs locaux pour qu’ils s’en sortent, et qu’ils n’aient plus à se dire ‘demain je vais devoir partir’ », conclut avec justesse l’auteur du site Voyagesetc.

Comme elle, j’aimerais avoir votre avis sur la question, quitte à apporter de la contradiction constructive (mais sans agressivité SVP). Histoire d’imaginer ensemble un monde meilleur et plus durable du voyage.

Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Echo touristique

6 commentaires
  1. Lamic Jean-Pierre dit

    Effectivement les voyage en groupes se sont standardisés depuis les années 90.
    La plupart des programmes sont de trop courte durée, conçus pour des groupes trop importants ne permettant pas la rencontre et les échanges visiteur/visité.
    De plus, ils compilent le plus souvent les incontournables, quitte à effectuer de longs déplacements pour les réunir dans un même programme.
    Évidemment, le moteur de cela est la concurrence exacerbée, mais il ne faut pas oublier non plus la responsabilité des guides de voyages et de la communication touristique en général qui incitent à cette tendance.

  2. Lamic Jean-Pierre dit

    Le tout électrique n’est malheureusement pas la solution. Voici un très récent article de franceinfo qui explique pourquoi.
    https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/pourquoi-la-voiture-electrique-n-est-pas-la-solution-miracle-pour-se-deplacer-sans-polluer_5425306.html
    Les matières premières pour élaborer des véhicules électriques ne sont pas inépuisables… sans parler des conditions sociales découlant de leur extraction.

  3. Philippe MELUL dit

    Oui, si on arrivait au fameux « zero fight » cher à Greta THUNBERG, on ruinerait l’économie de dizaines de pays qui vivent en grande partie du tourisme, comme la république Dominicaine, le Maroc ou la Thaïlande. Et dans ces pays, les reconversions sont plus difficiles qu’en Europe.
    Et on empêcherait les échanges culturels, la pratique des langues. Les gens n’auraient plus l’occasion de voir que les choses peuvent être différentes ailleurs, et que nous ne détenons pas la vérité universelle.
    Ou alors nous retournerons au fond d’une grotte… équipée de Wifi pour tout voir en virtuel…
    Tout à fait d’accord pour réduire les gaz à effet de serre. Donc encourageons la recherche sur les avions électriques, utilisons davantage nos jambes, nos bicyclettes (au Pays-Bas ou au Danemark , ils sont très en avance), des véhicules électriques, prenons le train quand c’est possible. Mais évitons de faire culpabiliser les voyageurs… et les agences de voyage. Trouvons des solutions raisonnables. Philippe

  4. Lamic Jean-Pierre dit

    Merci pour cette mise au point, qui, à mon sens mérite d’être éclairée sous un autre angle.
    En tant que militant anti-nucléaire depuis la fin des années 1970, avoir enfourché ma moto dans les années 1980 pour me rendre sur les lieux où j’étais appelé pour des saisons (Corse, Maroc (2 fois), Grèce, Sicile…), ceci afin d’éviter de prendre l’avion ; après avoir publié par deux fois des études complètes pour énumérer les alternatives au pétrole, vivre depuis 15 ans avec de l’électricité solaire (chalet de montagne et campings-cars), utiliser l’eau de source de mes lieux de vie, j’ai effectivement – tout comme vous – beaucoup de mal à supporter les jugements hâtifs ou les reproches de personnes qui mélangent tout…

    Si nous vivons la situation qui est la nôtre aujourd’hui, c’est avant tout parce que la génération qui m’a précédée, la mienne, et celle qui a pris le pouvoir aujourd’hui, ont fait certains choix, ont privilégié des intérêts privés aux dépends de l’intérêt général, bref, se sont inscrits dans une logique macroéconomique au niveau mondial, pour le plus grand bonheur des lobbies.

    Les solutions alternatives au tout pétrole, qui existent depuis longtemps, ont été torpillées, tuées dans l’œuf, parfois avec violences à la clef.

    Le kérosène a été détaxé…, quand nous payons une taxe ((TICPE -ex TIPP) augmentée de la TVA sur les carburants…, au grand bénéfice des Compagnies aériennes, qui communiquent dorénavant sur la compensation…

    Personne ne pourra me rendre responsable de ces choix !

    La question est juste de savoir pourquoi en 2022, il semble toujours impossible de constituer un ou des mouvements de contrepouvoir capable (s) de réclamer la fin de ces politiques.

    Et de devoir se dire après chaque élection, que l’on va encore devoir attendre des années…

    Si le mythe de la croissance infinie semble enfin avoir perdu toute crédibilité, ceux du « on n’y peut rien », ou du « on ne va pas revenir en arrière, se priver de ceci ou de cela » ont la vie dure !

    Pourtant, vivre sans compteur électrique, (ce qui ne veut pas dire sans électricité), pouvoir se mouvoir grâce à ses propres productions, disposer d’énergies propres pour sa voiture ou ses déplacements, au lieu d’être considéré comme rétrograde ou ringard, devraient considérés comme le luxe de demain, et des objectifs à atteindre le plus rapidement possible.

    Et si l’avion ou la voiture utilisaient des énergies non polluantes, nous pourrions continuer de rencontrer des peuples différents, ce qui engendre la plupart du temps des bénéfices réciproques.

  5. cathy sahuc dit

    J’ai déja répondu au post d’Adeline et je partage sa vision. Tolérance, ouverture d’esprit, opportunité de travail , d’éducation, d’emancipation des femmes, de préservation des espèces et de espaces naturels … beaucoup de valeurs sont portées par le tourisme lorsqu’il respecte les 3 axes du développement durable. Beaucoup relaient ce type de discour sans être entendu, s’appuyer sur des référentiels comme les ODD des Nations Unis peut être un moyen d’appuyer ces discours. En effet le tourisme est une des rares activités qui peut contribuer à atteindre certains objectifs sur l’ensemble des 17 ODD et c’est la dessus que nous devrions travailler ensemble.

  6. RENE dit

    Et si c’était le voyage en groupe qui posait problème…? Autant, un individu peut rencontrer des habitants, des coutumes, des façons de penser et de vivre, autant le voyage en groupe (..; et je sais de quoi je parle!!) ne permet rien. Il est presque hors-sol, uniquement tourné vers les « curiosités » et quelques magasins, sans vrai contact avec le pays et ses habitants. Et hélas les « instagramés » font un peu pareil, enfouis dans le ludique et l’anecdote…

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