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Voyage : quels seront les principaux risques en 2020 ?

Le monde change… et les risques évoluent. Les travel managers et autres conseillers voyage devront être plus que jamais vigilants en 2020.

D’après la dernière étude livrée par International SOS, 47% des travel managers prévoient une augmentation des risques au cours de l’année à venir. Des risques qui prendront de multiples formes. En s’appuyant notamment sur un groupe d’experts des domaines de la santé, de la sécurité et de la sûreté liés aux risques en voyage, International SOS a identifié les dix principaux risques auxquels les organisations devraient veiller. Principal sujet de préoccupation, et l’actualité ne le cesse de le démontrer, les tensions géopolitiques auront encore un impact important sur les déplacements l’an prochain. On regarde ainsi du côté de Hong Kong, en proie à un mouvement social depuis six mois, ou de l’Amérique latine, où les tensions sociales s’amplifient aussi, donnant lieu à des grèves générales ou des manifestations dans un nombre croissant de pays.

Le changement climatique perturbe les déplacements

Autre point de vigilance : le changement climatique. Son impact sur les déplacements professionnels ou la gestion des collaborateurs en mission à l’étranger est statistiquement démontré, indique Xavier Carn, vice-président Sécurité EMEA chez International SOS. “Sur les années 2018/2019, sur 20 moments ‘d’élévation de tension’ identifiés dans nos activités, à 14 reprises nous avons dû envoyer du personnel et dans la moitié des cas ces interventions étaient liées à des phénomènes climatiques.” Et de citer notamment l’exemple récent, et complexe, des Bahamas, victimes d’un ouragan de force 5. “Concernant l’Amérique latine, nous effectuons un monitoring très détaillé sur le terrain des signaux faibles qui pourraient amener le basculement d’un pays et nous avons déjà pris des mesures pour nous préparer avec des ressources disponibles sur le terrain, car c’est notre travail d’anticiper”, rapporte par également Xavier Carn.

Autre menace croissante : le risque “cyber”. “La menace est grandissante, le nombre d’attaques augmente de façon exponentielle, constate Xavier Carn. Le voyageur est un élément mobile particulièrement vulnérable, parce qu’il transporte de la data, et qu’on le sait, utiliser le wifi dans des zones publiques, comme les aéroports, expose à du phishing. Les collaborateurs risquent ainsi d’injecter un virus ou un piège dans les ordinateurs de leur entreprise à leur retour, qui peut ne pas être détecté pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Notre métier, c’est aussi de travailler sur les comportements, par exemple inciter à faire un update sur son anti-virus avant de partir en déplacement.”

La politique santé de l’entreprise « ne se limite pas aux quatre murs du siège »

La question de la santé – mentale et physique – devra faire l’objet de toutes les attentions. “Il faut considérer les risques émotionnels liés à la mobilité”, souligne de son côté Philippe Guibert, directeur médical en charge de l’activité conseil, sécurité, santé pour l’Europe au sein d’International SOS. Le manque de sommeil, le stress lié au déplacement, la surcharge de travail qui peut en résulter ou l’isolement familial, par exemple. “Tous ces éléments peuvent engendrer une surcharge émotionnelle qui peuvent générer du stress, de la dépression ou un burn-out”, met en garde Philippe Guibert. Les entreprises devront donc se montrer attentives aux signes précurseurs – en formant les managers à les reconnaître -, et veiller à ce que leurs collaborateurs voyagent dans de bonnes conditions”. En évitant, par exemple, de programmer un meeting à peine descendu de l’avion. Les déplacements professionnels exacerbent aussi les comportements à risque – tabagisme, alcoolisme “mondain” pour ne citer que ceux-là -, les entreprises ont donc intérêt à faire un travail de prévention et de communication sur ces sujets, souligne Philippe Guibert. “La politique santé de l’entreprise ne se limite pas aux quatre murs du siège. Il faut savoir faire en sorte que les gens qui voyagent, qui ont la change de voyager, ne soient pas plus à risques que les autres”, rappelle-t-il.

Les voyages peuvent au contraire être une bonne opportunité d’améliorer ses actions de santé, en profitant de l’occasion pour se mettre à jour sur ses vaccins, estime Philippe Guibert. Et encourager ainsi une attitude responsable pour se protéger, protéger ses proches, ses collègues… Les maladies infectieuses font en effet partie des risques identifiés par International SOS. Leur progression est attendue, en raison de multiples facteurs tels que le changement climatique (qui influe notamment la dynamique de développement de la dengue), l’urbanisation croissante, la diminution du nombre de vaccins (le cas de la rougeole est à ce titre évocateur), et une instabilité sécuritaire, détaille International SOS.

Gérer les « zones grises de risques »

International SOS attire également l’attention des entreprises sur les “zones grises de risque”. « Il y a toujours un décalage entre les politiques voyage des employeurs face à ces nouveaux risques et les habitudes de voyage notamment en termes de transport et d’hébergement », explique International SOS. Aujourd’hui, moins d’un tiers des organisations incluent la cybersécurité dans leurs politiques de voyage. Seules 11% des organisations ont inclus les service d’économie collaborative dans leur politique de voyage ; elles ne sont que 26% à intégrer des dispositifs spécifiques pour les femmes dans leurs politiques de voyage. Une organisation sur dix (11%) a prévu des dispositifs spécifiques pour les voyageurs LGBTQ+. 15% des politiques de voyage abordent les problèmes de santé mentale et les considérations relatives aux voyageurs ayant un handicap ne sont couvertes que par 12% des organisations. Enfin, les règles relatives au Bleisure – pratique consistant à associer une partie loisirs à un déplacement professionnel – ne sont abordées que dans 22% des politiques. Et ce alors que selon la loi, tant que le collaborateur poursuit un déplacement initié par l’entreprise, même sur son temps libre, mais pour ses loisirs, l’entreprise doit assurer son devoir de protection.

Une entreprise qui continuera d’être bousculée par les nouvelles attentes et l’attitude des nouvelles générations face aux risques. International SOS s’attend également à une augmentation des cas juridiques médiatiques au sujet du devoir de protection, quand les start-up et PME, manquant de ressources et d’expérience, auront des difficultés à remplir leurs obligations en matière de devoir de protection, prévoit International SOS.

A noter qu’International SOS a également publié sa nouvelle Travel Risk Map pour 2020, analysant les niveaux de risques médicaux et de sécurité.

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