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Transavia, la pomme de la discorde

Le développement de la filiale d’Air France-KLM doit permettre à la compagnie de redevenir compétitive sur le moyen-courrier. Mais au prix de conditions de travail moins avantageuses, ce que refusent les pilotes.

La grève des pilotes d’Air France bloque toujours près de 60% de ses appareils au sol. Et aucun accord sur le développement de Transavia, la pomme de discorde, n’a encore été trouvé. Mais pourquoi cette opposition ?

Réduire les pertes sur le moyen-courrier

Le 11 septembre, Air France-KLM a précisé ses intentions sur le développement de cette marque.

Alors que le moyen-courrier est la principale source de pertes du groupe, la direction souhaite remplacer une partie des lignes Air France déficitaires au départ d’Orly par Transavia et créer d’autres lignes, toujours sur Transavia, au départ de plusieurs villes en France et en Europe, sur le segment loisirs.

110 appareils en 2017

"En Europe, le marché des loisirs est en forte croissance. Nous devons reconquérir ce marché qui nous a échappé", a expliqué le PDG du groupe, Alexandre De Juniac. La flotte actuelle, de 53 appareils (18 appareils pour Transavia France et 35 pour Transavia Hollande) devrait donc passer à 92 appareils en 2016 et 110 appareils en 2017. A la clé, une croissance de 10 à 20 millions de passagers en 3 ans, un doublement du chiffre d’affaire à plus de deux milliards et des bénéfices.

Ce projet, préconisé par un groupe de travail présidé par Lionel Guérin, avait été plutôt bien vu par les pilotes, dans les grandes lignes. Mais dans le détail, l’opposition est flagrante. Les pilotes refusent en effet que le développement de Transavia aboutisse au transfert progressif d’une partie l’activité du groupe et donc de ses salariés vers une filiale qui propose des conditions de travail et une rémunération moins avantageuse. Chez Transavia France, les pilotes travaillent environ 20% de plus, pour un salaire inférieur de 20%.

Des contrats de droit étranger

Mais c’est l’annonce par Air France de la création d’une nouvelle filiale, Transavia Europe, qui a mis le feu aux poudres. Face au refus du SNPL d’autoriser le développement de Transavia France au-delà de 14 appareils (en vertu d’un accord signé avec la direction il y a plusieurs années), la direction a annoncé la création d’une nouvelle filiale qui disposerait d’environ 35 appareils, et qui opérerait sur 5 à 10 bases en Europe avec du personnel employé aux conditions de travail des pays dans lesquels sont situées ses bases, comme le Portugal.

Dumping social

Impensable pour les pilotes de la compagnie qui dénoncent "une volonté manifeste d’externalisation et de délocalisation de l’activité moyen-courrier" et un "dumping social"au sein même du groupe. Ces derniers souhaitent qu’un contrat unique pour tous les pilotes du groupe volant sur des appareils de plus de 110 places soit créé. Impossible pour la direction, qui souhaite conserver des coûts faibles pour sa filiale low cost et qui, surtout, pourrait face à une demande similaire des PNC si elle lâchait du lest pour les pilotes.

Situation bloquée

La situation est donc bloquée. Les quelque propositions de la direction pour séduire les pilotes, comme augmenter les compensations pour les pilotes d’Air France volant sur Transavia (une prime allant jusqu’à 100 000 euros avait déjà été décidé l’an dernier) ou la limitation du nombre d’appareils de Transavia France à 30, n’ont pas du tout séduit les pilotes.

Comme le précise une source interne, "la situation d’Air France-KLM est presque pire qu’en 1998. Je ne sais pas comment on va se sortir de cette grève. Le SNPL est sur une position trés dure car il y a bientôt des élections et qu'une partie des pilotes estime qu'ils ont déjà fait trop de concessions. Parallèlement, la direction ne voudra jamais autoriser la création d'un contrat unique pour les pilotes qui auraient alors encore plus de poids. Ils préférent jouer la division entre pilotes et entre les pilotes et les personnel au sol".

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