Succession Story
« On avait senti un certain malaise lors du congrès Selectour de Versailles, en décembre dernier : peu de participants, des débats sans passion et des applaudissements discrets pour accompagner le départ de Philippe Demonchy de la présidence du réseau. Il est vrai qu’on pensait alors que le charismatique fondateur du distributeur allait conserver quelques fonctions annexes. En réalité, ce manque d’enthousiasme cachait une crise bie
On avait senti un certain malaise lors du congrès Selectour de Versailles, en décembre dernier : peu de participants, des débats sans passion et des applaudissements discrets pour accompagner le départ de Philippe Demonchy de la présidence du réseau. Il est vrai qu’on pensait alors que le charismatique fondateur du distributeur allait conserver quelques fonctions annexes.
En réalité, ce manque d’enthousiasme cachait une crise bien plus profonde : les administrateurs de Selectour ont décidé cette semaine de mettre définitivement sur la touche Philippe Demonchy, en lui refusant la présidence de Selectour Finances et de l’Alliance.T. Un complot préparé de longue date, digne du meilleur film d’espionnage, y compris dans ses explications, parfois confuses. On y verra la volonté de sanctionner un président moins actif depuis quelque temps, certaines mauvaises langues affirmant qu’il est plus volontiers au bout du monde que derrière son bureau. Il est vrai qu’après la belle croissance de la décennie 90, Selectour semble épuisé, doublé ces dernières années par la dynamique équipe d’Afat Voyages. Désir aussi, pour d’autres, de briser les ambitions de Philippe Demonchy, seul candidat déclaré à la présidence du Snav. Son désaveu chez Selectour pourrait remettre en cause sa légitimité à la tête du syndicat.
Mais ce coup d’Etat marque surtout la volonté des dirigeants du réseau de tourner le plus rapidement possible la page Demonchy. Comme s’il était indispensable de gommer le passé pour mieux aborder l’avenir, de supprimer un symbole ! Au-delà du psychodrame, Selectour vit tout simplement une classique crise de succession, comme toutes les entreprises dont l’image est étroitement associée à celle de leur créateur. Si ce n’est que dans le tourisme, les liens affectifs sont peut-être plus forts que dans d’autres secteurs, la passation de pouvoir plus douloureuse. En leur temps, Nouvelles Frontières et le Club Med ont connu les mêmes difficultés. Certes, ils ont débarqué eux aussi violemment Jacques Maillot et Gilbert Trigano, mais sans pour autant renier ces deux génies. Une leçon à méditer…
