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Stop-arnaque-voyage : les travel planners se rebiffent

Alors que les dissensions font toujours rage entre agents de voyages et travel planners, l’association Respire espère créer des passerelles entre les deux professions. C’est loin d’être gagné.

Président de l’association Respire – le Collectif du Tourisme de Demain, Fabio Casilli a invité, sous la forme d’une visioconférence réunissant une trentaine de participants, à réfléchir sur la manière d’intégrer les travel planners (ou coach voyages) au panorama du tourisme actuel.

Un débat qui ne date pas d’aujourd’hui et qui a resurgi à la faveur de la campagne de communication grand public, « Stop-arnaque-voyage », initiée par les Entreprises du Voyage (EdV). Si cette opération vante les garanties des agences, elle critique dans le même temps la pratique de certains coachs, travel planners et influenceurs. « Je ne suis pas là pour dire qui a raison, qui a tort, mais pour affirmer que les deux modèles, quoi qu’il en soit, vont continuer à exister », affirme Fabio Casilli, créateur du réceptif Italia Autentica.

Opposer ou rassembler ?

Selon lui , la campagne des EdV manque de pragmatisme. « Il aurait été plus intelligent de créer un site mettant en avant les qualités d’une agence de voyages plutôt que de s’en tenir au cadre légal », avance-t-il. Surtout que « les clients qui s’adressent aujourd’hui à un travel planner sont à 90% des personnes qui iraient sur Internet mais qui n’en ont pas le temps, plutôt que des clients qui se tourneraient spontanément vers une agence de voyages. »

Un constat qui justifierait le débat sur la complémentarité entre agences de voyages, tour-opérateurs, réceptifs et travel planners. Faut-il opposer ces professions ou, au contraire, structurer leur coexistence ? Fabio Casilli, lui, appelle à une approche concertée : « Mettons-nous autour d’une table avec de la bienveillance et voyons de quelle manière nous pouvons avancer et encadrer les différentes activités », plaide-t-il. Une invitation également adressée aux institutions, EdV en tête, pour réfléchir à un cadre équilibré permettant à chacun de trouver sa place dans l’écosystème du voyage. 

« Communication biaisée »

DMC au Maroc, Christelle s’indigne elle aussi de la campagne des EdV. « Leur message laisse entendre que toute structure non immatriculée auprès d’Atout France serait illégale. Or, un DMC basé hors de l’Union européenne n’a pas cette obligation. C’est en cela que leur communication est biaisée. On parle souvent des travel planners, mais il y a aussi les DMC », souligne-t-elle. Un propos rejoint par celui d’une autre DMC, Frédérique (Soaring Flamingo Tanzania), qui ne supporte pas les termes « faux experts et arnaqueurs ». « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas Atout France qu’on est des arnaqueurs » ajoute-t-elle.

Le site Stop-arnaque-voyage.fr, « je suis contre, car il écarte à tort les travel planners pourtant en règle lorsqu’ils sont affiliés à une agence, ainsi que les DMC étrangers, simplement parce qu’ils n’ont pas de bureau en France » déplore Frédéric Massard, fondateur du groupe CstPro-Agv. Pour lui, « défendre les métiers du voyage, c’est soutenir l’ensemble de la profession, et pas seulement les agences immatriculées ».

« Chasse aux sorcières »

Figure bien connue de la profession, Yann Richard (Chapka Assurances), partage également son point de vue : « Certaines agences sont prêtes à collaborer avec des travel planners (…). Au sein du Collectif Respire, je suis prêt à m’engager pour porter leur voix. Le métier de travel planner possède un véritable avenir. Il apporte aussi une nouvelle dynamique et une visibilité accrue aux agents de voyages ».

Lors de cette visioconférence, réunissant une trentaine de professionnels, Elise Reynard qui dit avoir « créé la première formation de travel planners en France ». Et elle déplore que « les agences de voyages qui font la chasse aux sorcières ne soient pas présentes à cette visio-conférence ». « Elles parlent de pratiques délétères et ne veulent pas nous écouter. Être travel planner, c’est aussi un choix de vie, de convenance, de business », poursuit-elle. Et d’ajouter : « Si j’étais agent de voyages, je ne serais pas ravi de cotiser pour ce genre d’initiative ».

Deux écoles de pensée

Dans nos colonnes, Guillaume Beurdeley, secrétaire général adjoint des EdV, rappelait que le but de la campagne n’était pas d’entrer en guerre avec les coachs ou travel planners non immatriculés. Mais selon lui, « il est important de faire de la prévention auprès du grand public, pour éviter les escroqueries comme on en voit de temps en temps ».

À l’initiative du site Voyagez Facile, Flavie Marie a pour ambition de « structurer l’activité des travel planners et de favoriser une collaboration constructive avec les agences de voyages ». L’an dernier, elle a initié une charte éthique et assure que « les travel planners ne sont pas des concurrents, mais des partenaires potentiels ». Pourtant, le métier suscite des réactions (très) contrastées. En effet, certains agents de voyages les perçoivent comme illégitimes, tandis que d’autres voient une opportunité d’enrichir leur modèle économique.

Quel cadre légal ?

Flavie Marie travaille régulièrement en tant qu’apporteuse d’affaires, en orientant vers les agences les clients qui recherchent un service de réservation traditionnel. « Cette coopération montre qu’un partenariat équilibré est possible » dit-elle. Mais elle souhaite aller plus loin : « que les agences reconnaissent pleinement les travel planners comme des professionnels du tourisme et envisagent aussi de leur confier des dossiers. L’objectif est d’établir une relation de travail équitable, où travel planners et agences de voyages collaborent sur un pied d’égalité, dans l’intérêt de tous ».

Au final, l’ensemble des participants s’accordent sur le fait que les deux métiers doivent pouvoir s’exercer librement. Cependant, « il va falloir trouver un compromis, un cadre légal pour que tout le monde puisse travailler ensemble, sans que les gens ne se tapent dessus » synthétise Fabio Casilli. Visiblement il y a encore du boulot avant de réconcilier « les deux frères ennemis ».

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