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Salaires : Les augmentations attendront

Le constat : En période de crise, les salaires progressent peu, et ce alors que les primes et les intéressements sont réduits voire supprimés.Le contexte : Les rémunérations sont jugées trop faibles par rapport au travail exigé. Les syndicats demandent des augmentations générales.Et demain ? Le tourisme doit redevenir un secteur attractif, mais 2011 ne sera probablement pas l’année du changement.

Dans le tourisme, les salaires ne décollent pas. Nombre de responsables d’agences et de tour-opérateurs le concèdent : « Nous nous sommes contentés des augmentations plancher en 2009 et nous avons été prudents l’année dernière. » La crise est pointée du doigt par tous : baisse du chiffre d’affaires, érosion des marges, pertes financières… Et la reprise se fait attendre. Les résultats trimestriels annoncés par les majors comme Thomas Cook et TUI, qui impriment le rythme du secteur, ne laisse pas présager d’une belle année pour les salaires. Pourtant les employés comme les syndicats, connaissant tout autant que leurs patrons les mauvais chiffres du tourisme, n’abandonnent pas leurs revendications. Et pour cause : dans ce secteur, les salaires sont jugés structurellement insuffisants par rapport aux compétences et aux responsabilités demandées, y compris par certains patrons. D’après la convention collective nationale du personnel des agences de voyages et de tourisme, le salaire minimum garanti est fixé à 1 384 E pour les employés du groupe A et 1 439 E pour le groupe B.

Pour les billettistes, les agents de comptoir et les conseillers voyages qui constituent le gros des troupes, la première embauche, même à bac +3, se fait à ces niveaux. Dans les éductours, nombre d’agents déclarent être rémunérés en dessous des 1 700 E. « Et je n’ai obtenu que 50 E d’augmentation en deux ans », déplore un salarié chez Verdié Voyages. « Ils sont payés au lance-pierres, affirme Bernard Jeannerot fondateur de Bernard Voyages. Les agents de voyages doivent être des vendeurs efficaces, psychologues, doivent maîtriser un catalogue de produits, plusieurs logiciels, connaître la situation géopolitique… Ils ont de plus en plus de responsabilités, passent leurs soirées au travail en cas de crise, avec la peur de mal faire. Tout ça pour un salaire de femme de ménage. »

UNE MAUVAISE IMAGE POUR LA PROFESSION

« Les rémunérations sont beaucoup trop faibles par rapport à d’autres secteurs », ajoute Jean-Luc Létisse, délégué syndical central FO chez Amex. Conséquences : la profession souffre d’une mauvaise image et peine à recruter des jeunes qualifiés et à les conserver. « Avec cinq ans d’expérience, je dépasse à peine les 1 500 E. Je ne resterai pas en agence, il n’y a pas d’avenir », rapporte un agent en Seine-Saint-Denis. Les grands groupes ne sont pas épargnés. Chez Kuoni, où près d’une centaine de postes ont été supprimés depuis 2009 (soit plus d’un poste sur cinq), moins d’un dixième des salariés estime que son travail est rémunéré à sa juste valeur. Sur le site Notetonentreprise.com, Thomas Cook obtient une note de 1,4 sur 10 sur la question des salaires et des commentaires au vitriol sur la gestion des ressources humaines. Pour Séverine, agent de voyages chez Nouvelles Frontières dans le sud de la France, les salaires ne sont « pas du tout satisfaisants ». « Je suis payée au Smic et en deux ans, je n’ai eu que les augmentations prévues par la loi, alors que tous les prix flambent. C’est de la survie. » Alors que cinq directeurs de TUI Travel se sont partagé près de 10 ME de prime de performance pour 2010, en plus des salaires, bonus et contributions aux pensions, elle avoue « avoir la rage ». Il existe évidemment des échos différents et de fortes disparités. Si un responsable d’agence en Picardie émarge à 1 700 E, certains vendeurs de la région parisienne déclarent près de 2 000 E par mois. En plateau affaires ou en call center, les rémunérations sont plus élevées et assorties de certains avantages sociaux (plan d’épargne entreprise, mutuelle avec prévoyance…), comme au sein de certains pure players ou spécialistes du sur-mesure et dans les métiers recherchés, liés à l’informatique et au marketing. « On peut toujours réussir dans le tourisme. J’ai commencé, sans rien, il y a 20 ans. Aujourd’hui, j’ai une très belle agence franchisée NF, avec une salariée payée à plus de 1 600 E net par mois. On s’en sort bien », explique un directeur d’agence de la région Rhône-Alpes.

Mais la crise ne se fait pas sentir uniquement au niveau des salaires. Dans les petites agences touchées par une baisse de leurs marges, le budget prime a été réduit et réservé aux employés les plus « motivés », comme les voyages de récompense. « Les primes peuvent représenter entre 15 % et 25 % du salaire selon les postes, mais elles baissent lorsque l’activité chute », ajoute Didier Rabaux, directeur de Visiteurs. Tout comme l’intéressement et la participation, qui ont été réduits au minimum ou supprimés dans plusieurs grandes entreprises. Pour Pascal Pedrak, délégué CFDT chez Kuoni, les primes, la participation, ou les augmentations individuelles n’apportent pas de sécurité pour les employés : « Il y a eu, pour l’année, 2,75 % de revalorisation des salaires, pour 70 % du personnel. Le problème est bien sûr les 30 % restant, dont certains n’ont pas eu d’augmentation l’année dernière. Comme la direction refuse les négociations pour un accord général, cela se fait au cas par cas et donc, parfois, à la tête du client. »

« CE N’EST PAS LE MOMENT »

Alors que beaucoup d’entreprises sont en train de déterminer les prochains niveaux de salaire, dans le cadre des Négociations annuelles obligatoires (NAO), cette question de l’augmentation générale pose toujours problème. Mais sans solution pour l’instant. « Je ne pense pas que notre patron nous augmentera tous en 2011. Ce n’est pas le moment », estime un vendeur récemment embauché dans une agence TourCom. Un constat confirmé par Michel Bichet, directeur des ressources humaines chez Fram : « Notre chiffre d’affaires a chuté de 15 % en 2009. En 2010, il n’a pas progressé. Et si 2011 avait bien commencé, aujourd’hui nous avons atteint -80 % en Égypte, – 70 % en Tunisie, – 40 % au Maroc avant même l’attentat. Nous allons probablement devoir geler les salaires en 2011, et nous ne distribuerons pas de participation. »

Dans le secteur, les salaires sont jugés structurellement insuffisants par rapport aux compétences et aux responsabilités demandées

Dans certaines agences,le budget prime a été réduit et réservé aux employés les plus « motivés », comme les voyages de récompense

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