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Ryanair, EasyJet, British Airways en colère contre le sauvetage de Flybe

Avec le sauvetage de Flybe, Boris Johnson adopte une politique interventionniste qui suscite de vives critiques du secteur aérien.

Quelques heures après l’annonce du coup de pouce fiscal du gouvernement pour empêcher Flybe de faire faillite, le groupe aérien IAG a déposé une plainte auprès des instances européennes de la concurrence. Un peu plus tôt, le directeur général de IAG, propriétaire de British Airways, Willie Walsh s’était emporté contre une « mauvaise utilisation flagrante des fonds publics » par une société « mal gérée ».

Les mesures annoncées, à savoir une baisse de la taxe sur les billets d’avions, « s’appliqueront à toutes les compagnies aériennes » et « il n’y a pas d’aide d’Etat pour Flybe », a réagi un porte-parole de Boris Johnson.

Autre compagnie britannique, EasyJet a pour sa part estimé dans un communiqué que « les contribuables ne devraient pas être utilisés pour renflouer des entreprises indépendantes, particulièrement lorsqu’elles sont adossées à des sociétés très bien financées ». La compagnie irlandaise Ryanair, tout en dénonçant les aides publiques, a estimé que le gouvernement devrait « abolir la taxe sur les billets d’avion ».

Un cadeau au milliardaire Branson ?

Le détail du plan de sauvetage annoncé mardi soir n’est pas connu. Mais le gouvernement a promis de réviser la taxe sur les billets d’avion pour l’ensemble du secteur aérien, ce qui lui permet de sauver un peu la face. Cela pourrait en théorie lui permettre de respecter les règles européennes sur les aides d’État, sauf si le plan comporte des mesures directement ciblées pour aider Flybe.

Mercredi, la Commission européenne s’est dite prête à discuter avec le Royaume-Uni du sujet. « En général, toute aide d’Etat doit être conçue afin de ne pas perturber la concurrence », a toutefois rappelé une porte-parole de la Commission Arianna Podesta. Selon le ministère britannique de l’Economie, la révision de la taxe sur les billets d’avion interviendra en amont du budget le 11 mars et doit permettre de soutenir les liaisons aériennes entre les régions britanniques.

Le Parti travailliste dénonce quant à lui un cadeau au milliardaire Richard Branson, actionnaire de Virgin Atlantic, l’un des propriétaires de Flybe.

Colère des environnementalistes

Au-delà de son coût pour les finances publiques (la taxe devait rapporter 3,7 milliards de livres cette année), la mesure a déclenché l’ire des défenseurs de l’environnement qui jugent ce soutien au secteur aérien en contradiction avec les objectifs du gouvernement d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

La députée verte Molly Scott Cato a estimé sur son compte Twitter que le gouvernement « ajoutait à la crise climatique plutôt que d’y répondre ». Ce sauvetage tranche avec la position des conservateurs ces dernières années de ne pas s’immiscer dans les affaires des entreprises privées en difficulté, quand bien même des milliers d’emplois étaient en jeu.

Leur refus d’injecter des fonds a précipité la faillite de la compagnie aérienne Monarch, celle du groupe sidérurgique British Steel, que le chinois Jingye tente de racheter, ou la chute retentissante du voyagiste Thomas Cook. Malgré le coup de pouce obtenu, les problèmes de Flybe -une faible demande et une forte concurrence en Europe- ne vont pas disparaître de sitôt.

Un rôle crucial pour les régions britanniques

« La compagnie est en difficultés financières depuis plusieurs années et souffre d’avoir trop d’avions », souligne auprès de l’AFP John Strickland, consultant pour le transport aérien.

Le gouvernement justifie le sauvetage de Flybe par son rôle crucial dans la desserte et la vie économique de nombreuses régions du Royaume-Uni, alors que Boris Johnson a promis de venir en aide aux régions les plus défavorisées dans le centre et le nord de l’Angleterre.

Ces anciens bastions travaillistes, qui ont largement voté pour le Brexit, lui ont pour beaucoup apporté leur soutien lors des élections de décembre.

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