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RSE dans le voyage : se dirige-t-on vers un secteur à deux vitesses ?

A l’occasion de la 13e édition du TOTEC, Roland Berger a partagé les enjeux de la RSE et évoqué le risque de fragmentation du secteur.

« On est loin des objectifs fixés lors des Accords de Paris, a expliqué en préambule Sébastien Manceau, Senior Partner de Roland Berger. Si on voulait se remettre sur la trajectoire nous permettant la neutralité carbone en 2050, il faudrait réduire nos émissions de 43% à l’horizon 2030. » Globalement, la Cop27 a été « décevante », malgré le projet de fonds « pertes et dommages », a-t-il ajouté.

Quid de notre secteur d’activité ? L’industrie du voyage génère 7% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, et 11% en France, estime Sébastien Manceau. « Ce n’est pas neutre, et touche l’ensemble de la filière : le transport aérien, la voiture, l’hébergement, les loisirs… » L’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur sont concernés, et donc probablement tous les professionnels présents au TOTEC, a-t-il ajouté.

Cette conférence, tenue le 8 décembre 2022 à Paris, était d’ailleurs cette année sur le thème « Sustainable: just do it », soit le développement durable. « La période actuelle est particulièrement intéressante. Après la phase de la sensibilisation pendant le Covid, qui a touché tout le monde, nous entrons aujourd’hui dans une deuxième inflexion, la phase des pilotes. » Avec des succès comme des échecs, et donc une part de prise de risques pour les Etats et les entreprises pionniers en la matière. « Nous ne sommes pas encore vraiment dans la phase de déploiement. »

Quatre facteurs d’accélération

Quatre facteurs motivent les pilotes : la régulation, le risque investisseur (d’ailleurs, la Banque européenne de financement ne veut plus financer d’énergies fossiles), les attentes clients, la conviction qui a été accélérée par les dérèglements climatiques de l’été 2022. « Les gens commencent à être prêts à payer pour ça, mais pas tous », estime le consultant.

Au niveau des attentes clients, Roland Berger se réfère à une étude de Booking portant essentiellement sur l’hébergement. D’après ce rapport, 71% des voyageurs sont prêts à faire plus d’efforts pour privilégier des vacances plus durables, et s’estiment mal informés à ce sujet. Ces conclusions traduisent une traction des consommateurs à laquelle « l’offre doit répondre, et donc ne peut pas être durablement en retard. Il y a un vrai enjeu à agir. »

Les préoccupations environnementales constituent la première raison pour modifier les habitudes de voyage, indique aussi une nouvelle étude Roland Berger (voir le graphique ci-dessous).

En tant qu’entreprise ou destination, comment agir ? Il existe de nombreux leviers, a poursuivi Sébastien Manceau, en rappelant les trois piliers de l’acronyme ESG : l’environnement, le social, la gouvernance. Chaque entreprise peut, en fonction de son profil, activer certains leviers, pas tous. « Aujourd’hui, on ne peut pas ignorer les émissions de CO2 ni les populations locales ni la compliance. C’est encore le moment d’avoir une posture offensive sur la sustainability. Dans peu de temps, nous serons dans une posture défensive. »

Les indépendants et les petits groupes à la traîne

Concrètement, Roland Berger a identifié trois groupes dans l’industrie du voyage. Le premier rassemble des entreprises déjà investies, peu nombreuses. Il s’agit essentiellement de grands groupes, comme des transporteurs largement « challengés » par l’opinion publique, mais aussi des hébergeurs porteurs de nouveaux projets. Le deuxième groupe réunit des sociétés de taille moyenne également engagées, surtout dans l’hébergement et les loisirs.

Le troisième groupe, lui, correspond à l’essentiel des entreprises du secteur, lesquelles « doivent faire plus ». Autant de structures qui ne sont pas suffisamment sensibles aux enjeux RSE ou ne s’en donnent pas les moyens. Car, « la sustainability, ça coûte, on ne va pas se mentir. C’est particulièrement compliqué pour les indépendants et les petits groupes, dans ce secteur très fragmenté. Et c’est aussi complexe quand on fait de la rénovation. »

Roland Berger appelle ces sociétés à travailler ensemble, notamment à travers leurs fédérations et syndicats, pour agir et faire du lobbying afin d’avoir des aides. Pour le cabinet d’études, c’est ainsi que le troisième groupe pourra « se déplacer » et à droite du graphique. Sinon, le secteur risque d’avancer à deux vitesses et de se fragmenter, comme lors de la transformation digitale.

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