Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Réchauffement climatique : tous responsables !

La planète, c’est le terrain de jeu du tourisme. Alors que s’ouvre le 7 décembre le Sommet de Copenhague, les professionnels du voyage adoptent des mesures pour apporter leur pierre à la lutte contre le réchauffement climatique.

Un récent conseil des ministres des Maldives s’est symboliquement tenu… sous l’eau. Menacé par l’élévation du niveau de l’océan Indien, l’archipel envisage de créer un fonds, alimenté par les revenus touristiques, pour acheter des territoires destinés à ses « réfugiés climatiques ». Disparition d’îles et d’oasis du Maghreb, inondations, déforestation, cyclones… l’industrie du tourisme est concernée au premier chef par le réchauffement climatique. Pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), il est urgent d’agir. Dans le cadre du Sommet de Copenhague, qui a lieu du 7 au 18 décembre, les 192 États membres de l’ONU se placeront au chevet de la planète, afin de trouver ensemble des solutions pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Absentes du protocole de Kyoto, les compagnies aériennes sont cette fois invitées à la table des échanges. L’industrie aérienne est responsable de 2 % des émissions mondiales de CO2, selon le Giec. L’Union européenne souhaite que les compagnies aériennes et maritimes réduisent respectivement leurs émissions de CO2 de 10 % et 20 %. L’Association internationale du transport aérien (Iata), dont les 230 membres génèrent 93 % du trafic régulier, va encore plus loin dans ses engagements. Elle veut réaliser une croissance neutre en carbone à partir de 2020, pour in fine réduire de 50 % son empreinte carbone en 2050 (par rapport au niveau de 2005). « Nous sommes critiqués pour être pollueurs, mais la profession s’engage », souligne Pierre Caussade, directeur environnement et développement durable au sein d’Air France. « Pour réduire les émissions de CO2, poursuit-il, le groupe Air France-KLM s’appuie sur quatre leviers : le renouvellement de la flotte, la modernisation de l’espace aérien et des aéroports, ainsi que la recherche et le développement de carburants alternatifs, sous réserve qu’ils ne soient pas en compétition avec la chaîne alimentaire. Ces trois premiers piliers peuvent ne pas suffire. Il en faut donc un quatrième : l’achat de crédits carbone. C’est pourquoi nous avons soutenu, dès 2005, l’introduction du transport aérien dans le système européen d’échanges de permis d’émissions de CO2. Ce sera fait en 2012. Nous espérons y recourir le moins possible. Mais, c’est une réponse intelligente et efficace au problème posé. » Et d’ajouter : « Nous espérons qu’un accord sera signé à Copenhague, et que l’OACI [Organisation de l’aviation civile internationale, ndlr] sera mandatée pour mettre en musique nos engagements en termes de réduction d’émissions de CO2. L’OACI a déjà su piloter les normes que doivent respecter les avions au niveau du bruit. Cette organisation internationale a une vraie légitimité. »

HÔTELS ET TO SUR LA SELLETTE AUSSI

Le secteur aérien est pointé du doigt, mais ce n’est pas le seul. L’industrie a fait son bilan carbone, sous l’égide de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), de concert avec ses partenaires. Notre industrie génère 5 % de l’ensemble des émissions de GES : 3 % sont attribuées aux voyages hors aérien, contre 2 % au transport par la voie des airs. Les groupes hôteliers en ont conscience, ils veillent à construire des établissements de plus en plus respectueux de notre planète. « Notre futur Center Parcs, ainsi que tous nos appartements et maisons construits depuis le 1er janvier 2008, ont le label THPE [très haute performance énergétique, ndrl], indique Thierry Hellin, DGA de Pierre et Vacances. C’est un argument pour mieux vendre des séjours et des biens immobiliers. Les gens sont en quête de sens, surtout en cette période de crise. Et, dans l’hypothèse d’une revente de leur cottage dix ans plus tard, ils sont rassurés que nous soyons à la pointe environnementale. Ce qu’on vend, c’est de l’environnement ! » Les TO tiennent, peu à peu, le même discours. Parfois pressés par leurs actionnaires, les voyagistes commencent par ailleurs à mener des bilans carbones. Ils voient en outre émerger un nombre croissant de contraintes environnementales, comme en témoigne l’éco-contribution (lire page 11). Les TO comme les agences peuvent être acteurs de la lutte contre le réchauffement climatique. Les petits ruisseaux faisant de grandes rivières, toutes les entreprises sont invitées à participer à la lutte contre ce phénomène. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie (Ademe) propose d’ailleurs d’aider les professionnels du tourisme, notamment en leur donnant des clés pour calculer leurs émissions de CO2, et les réduire le cas échéant. « Nous ne réalisons pas de bilan carbone, mais nous formons des bureaux d’études à nos méthodes », explique Arnoudeth Traimany, ingénieur à l’Ademe. Un bilan carbone représente un coût avoisinant 10 000 E pour un site industriel de taille moyenne. L’agence peut accorder une aide financière, qui est limitée à 50 % du montant facturé par le bureau d’études, sachant que ce plafond est supérieur pour les PME. Pour l’OMT, clients et contribuables devront aussi mettre la main à la poche afin de participer à la mobilité durable, en plus d’adopter des comportements plus responsables. Quelques TO, Voyageurs du Monde en tête, incluent dans leurs tarifs une compensation partielle des émissions de CO2. Et ce, à la lumière notamment de l’échec de la compensation volontaire. Voyageurs du Monde, Air France et Voyages-sncf.com ont constaté que moins d’1 % de leurs clients acceptaient de payer pour annuler les émissions des CO2 liées à leurs déplacements. Arnoudeth Traimany est loin de s’en émouvoir : « La compensation volontaire permet au voyageur de se déculpabiliser, mais plutôt que de prendre un billet aller-retour Paris – New York et de le compenser, il est préférable pour notre planète qu’un voyageur parte en vacances en France ! »

LE « SLOW TRAVEL » EN DÉVELOPPEMENT

Cette prise de position rappelle l’émergence d’un mouvement encore minoritaire, mais croissant : le slow travel, qui englobe toutes les formes de voyage allégées en carbone. Ses partisans partent moins loin, plus longtemps, en privilégiant le train, le vélo, la marche à pied. Les nouvelles générations de touristes, celles qui ont appris les vertus du tri sélectif dès la maternelle et à la maison, devraient s’inscrire dans cette mouvance. Et même pousser les professionnels à être plus verts, moins pollueurs.

%%HORSTEXTE:1%%

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique