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Quel avenir pour l’hôtellerie tunisienne ?

La baisse de la fréquentation hypothèque les efforts du secteur pour renouveler le produit et monter en gamme.

Les touristes sont peu à peu de retour en Tunisie. Le ministre du Tourisme Elyès Fakhfakh a rappelé le mois dernier qu’il espérait finir l’année avec 6 millions d’arrivées contre 4,8 millions en 2011 et 7 millions de 2010. Mais la fréquentation globale, en baisse de 12,9 % au 20 mai dernier, par rapport à la même période en 2011, cache une baisse plus importante des revenus touristiques. Premièrement, car les arrivées des clientèles européennes qui assurent une large part des dépenses, sont en chute de 27,2 %, et ensuite car les prix ont été revus à la baisse pour attirer voyagistes et touristes. Un contexte difficile qui n’arrange pas les hôteliers du pays, confrontés à une crise structurelle qui nécessiterait justement d’investir, alors que les recettes sont en chute.

Dans un rapport publié en 2011, l’Institut arabe des chefs d’entreprises dressait les défis qui attendent le secteur. « La crise du tourisme tunisien et en particulier de l’industrie hôtelière est plus profonde qu’elle ne paraît » explique l’étude. Elle trouve ses racines dans le « schéma global de développement sectoriel adopté depuis quelques décennies déjà ». L’institut rappelle que le produit touristique tunisien, basé sur l’hôtellerie et le balnéaire, n’a pas su s’adapter et faire face à la concurrence d’autres pays de la Méditerranée.

« DE 1983 À 2008, LA DETTE A ÉTÉ MULTIPLIÉE PAR 17 »

Le prix des chambres a peu progressé depuis les années 80. L’écart du prix moyen par lit est désormais de 1 à 5 entre la Tunisie et la Turquie et de 1 à 3 entre la Tunisie et le Maroc. Parallèlement, la dépréciation du dinar tunisien – sachant que 40 % des intrants des hôtels en moyenne sont importés – a contribué à faire augmenter les coûts d’exploitation. « De 1983 à 2008 l’encours total de la dette a pratiquement explosé, passant de 178 millions de dinars à plus de 3176 millions. Soit une multiplication par plus de 17 » ajoute l’étude.

« Étant dans l’incapacité de générer des gains de productivité pour économiser sur les coûts de production et gagner des parts de marché nouvelles, les hôteliers tunisiens se trouvent de plus en plus prisonniers d’un dilemme incontournable qui est celui de continuer à pratiquer une politique de croissance extensive qui consiste à investir pour augmenter leur capacité en lits et générer des recettes supplémentaires puisqu’incapables d’influer sur l’évolution favorable des prix » rapporte l’Institut arabe des chefs d’entreprises. Surcapacité, diversification limitée, faible pouvoir sur les prix, influence des promoteurs immobiliers étrangers… Pour casser cette spirale, plusieurs solutions ont été évoquées. À court terme, la vente ou la transformation de certaines unités, une renégociation des dettes ou une modification de la TVA. À plus long terme, la réévaluation des prix négociés avec les tour-opérateurs ou la rénovation du parc hôtelier.

LE SECTEUR A DEMANDÉ AUX AUTORITÉS D’APPORTER UNE SOLUTION

Anis Meghirbi, directeur commercial de Seabel Hotels Tunisia, explique : « Dans leurs relations avec les voyagistes, les « petits » hôtels indépendants qui n’ont pas pu mettre leur service au niveau ne sont pas en positions de force (…). Ils ont choisi la solution la plus facile : baisser les prix ». Avec 12 millions d’euros, le groupe a remis à neuf deux hôtels dont le Seabel Rym Beach de Djerba qui a rouvert début juin et doit passer en 4*. Mais une partie des hôteliers n’en a pas les moyens. « La rénovation du parc n’avance pas. Il y a une minorité d’hôteliers qui s’en sortent bien, une autre, de pseudo-hôteliers, qui a contribué à la baisse des prix. Mais la grande majorité, de bonne volonté, a été touchée par la conjoncture » explique Mohamed Belajouza, président de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie.

Après une année noire en 2011 et avec une baisse du taux d’occupation de 20 % début 2012, le secteur a donc demandé aux autorités d’apporter une solution au problème de l’endettement. Selon Mohamed Belajouza « il y a eu des abus, avec des taux d’intérêts allant jusqu’à 15 %. Nous devrions obtenir l’abandon des intérêts lié aux retards et un rééchelonnement des dettes ». De quoi permettre aux hôteliers de passer l’année. « J’ai confiance, sur le long terme, dans la montée en gamme et la diversification du produit tunisien. Mais les incidents qui ont mené au couvre-feu, à la veille d’une saison qui s’annonçait bien, sont inquiétants. Face à ses gens-là (les salafistes, ndlr) il faut réagir. Nous avons des lois. Il suffit de les appliquer ».

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