Quand Jean-Pierre Nadir tacle Google en rimes

En prenant le micro, Jean-Pierre Nadir a fait sensation, face aux 550 professionnels du tourisme réunis lors de la soirée des Travel d'Or le 17 mars à Paris.

Le président d’Easyvoyage, qui a sans doute raté une vocation, a fustigé avec humour Google, après avoir décerné, en préambule, son prix virtuel au cofondateur de Karavel/Promovacances. Extrait choisi :

"Un ami à qui, cependant, j’aimerais remettre, dès maintenant,
Un prix d’encouragement,
C’est Folco Aloisi (cofondateur de Karavel), qui se bat,
Voir même, se débat,
Pour relancer Fram,
A ton courage, l’ami, j’applaudis !

D’autres que j’applaudis moins, dirons-nous
C’est mes amis de Google.
Google, un ami qui vous veut du bien !
Alors, les petits canaillous, on fait ses coups en douce ?!
On nous supprime la colonne de droite en mots clé,
Du SEO, on baisse encore la ligne de flottaison,
Sans nous prévenir,
Pas de sommation,
Pas d’information,
Pas de précaution,
C’est quoi la raison ?
L’expérience utilisateur, évidemment, suis-je étourdi…
Pas ici de volonté d’augmentation des rémunérations
Et que dire de Destination,
Votre dernière production ?
Si ce n’est que ça fout un peu les jetons.

Google change le business,
Avant, on se demandait s’il fallait mieux être seul sur un petit marché,
Ou à plusieurs, sur un gros coup,
Avec Google, on sait, désormais, qu’il est possible d’être seul, sur un marché énorme !
Pour ma part, anticipant un nouveau modèle de rémunération,
Dans mon discours, désormais,
Des marques je cite à profusion,
Le tout, contre facturation,
Et ce, sans sommation,
Pour les heureux cités, on se voit à la fin de la réception.
Avec Google, nous sommes bien de la même génération,
On s’embarrasse pas de vaines considérations.

Ce soir comme chaque année,
je me dis, c’est la dernière fois,
Après cette fois c’est sûr, j’arrête.
J’ai déjà tout dit !
Pourquoi se répéter, voire, se déjuger,
Pourquoi prendre le risque de décevoir,
de ne plus faire rire,
ou disons, sourire,
Pas d’emballement mon cher Nadir !
Faut dire qu’en plus, depuis 2 ans, faire rire est devenu un sacerdoce,
Peut-on rire de tout ?
Sur tout ?
On savait déjà qu’il n’était pas possible de le faire avec n’importe qui,
On sait désormais qu’on ne peut plus le faire n’importe où!
Le monde permet-il encore l’insouciance ?

Peut-on vendre du rêve quand la réalité est
Omniprésente,
'Omnisanglante',
'Omniétouffante' ?
Bref, pourquoi s’embêter dans ces conditions à vouloir faire profession d’autant de déraison ?
Et puis, chaque année,
Tel un président du SNAV, de l’APS, voire du Seto,
Je me dis que quand-même, c’est mon petit quart d’heure à moi…

C’est rassurant de pouvoir livrer sa vision du monde à des gens aussi brillants,
Et je ne pense pas ici seulement à vos belles tenues,
C’est bien de partager avec Van Houtte un bout d’estrade,
C’est bien d’échanger un peu d’émotion avec dérision
Et parfois de raison
Et puis, mon costume qui sort une fois par an,
Ne comprendrait pas cette mise totale au placard,
Si j’ignorais ce rencard !!!

Donc, comme chaque année en mars,
Je cire mes chaussures,
Je fais mon chèque,
Eh oui, c’est pas gratuit la célébrité,
Un coup de peigne
Reste plus qu’à trouver un thème,
Qui plaise à la noble assemblée,
Cette année, pourquoi ne pas s’offrir un petit bonheur en établissant mon propre tableau d’honneur ?
Donc, puisque tourmag a tranché, en toute simplicité,
l'homme du voyage de ces 15 dernières années, c'est Georges Rudas d'Amadeus,
Il me reste à imaginer d’autres distinctions plus modestes, pour les profils moins flamboyants que nous sommes.

(…)"Il y a quelques nuits, je me suis réveillé envahi par une question :
'Jean-Pierre Nadir est-il le meilleur orateur qu’ait connu cette profession ?'
Non, non, sans rire.
La question est d’autant plus justifiée que j’en veux, pour preuve, cette rencontre aussi inattendue qu’amicale, avec Françoise Lemaréchal, agent de voyages à Issoire sur Eure, place de la poste et qui, à 4h du matin, lors d’un Eductour Djerba, dans la chaleur du Hall T3, alors que nous tentions d’attirer l’attention d’un douanier assoupi, afin de gagner la douillette salle d’embarquement.
Françoise, donc, connue pour son franc-parler et son sens des situations et qui avait sûrement vu un de mes passages à l’émission Capital, n’hésita pas, à me héler disant : 'Hé Nadir, toi qui parle bien, ne pourrais-tu pas m’aider à porter ma valise ?'
Je compris, dès lors, que ma notoriété avait désormais franchi la seule toile pour investir le monde réel, le monde du mortar, le monde des vrais gens.

Alors, bien sûr, j’ai des compétiteurs,
Des gars solides,
Qui tels des Youtubeurs,
De la première heure,
En ont, des vues, au compteur !
Songez au président Rial, grand voyageur du monde, en chef !
qui cause si bien de toutes les causes justes, ou, si juste des causes biens.
A Jacques Antoine Granjon, fondateur de Vente Privée,
Le look d’un bassiste, la vie d’un artiste
Et pas le discours d’un flutiste ;
Mais aussi à Patrice Caradec, Président de Vacances Transat / Look
Qui n’aime guère parler en public,
Mais qui ne cesse de le faire, car le public aime, quand il parle.
A Laurent Abitbol, le consolidateur, autour de la marque Havas,
L’ami de Valls et de RTL, qui fait entendre sa voix d’entrepreneur et montre que s’il connaît bien les chiffres, ses mots aussi tombent juste.
Ou encore à Didier Arino, Protourisme
L’apôtre de la statistique touristique qui n’est jamais en panne de mot pour te vendre ses chiffres.
Et que dire de Laurent Magnien,
L’homme d’un seul métier : l’aérien
Et d’une seule maitresse, XL Airways,
Enfin, c’est c’qu’on m’a dit…
Laurent, donc, qui n’hésita pas à montrer sa lune, pour se faire entendre des voies du ciel.
Pour ceux qui n’étaient pas là l’an dernier,
Vous comprenez l’idée.

On trouve également  'les présidents' René-Marc Chikli et Jean-Pierre Mas, les commentateurs des crises successives, experts du pourcentage négatif en série…
Et puis il y a Carlos, brillant fondateur hier  de GO Voyages et aujourd’hui, aux commandes de Misterfly.
Carlos le beau qui, qui,…qui rien, côté micro, il a pas un physique de radio.
Beau suffit déjà, faut pas déconner non plus.
Sans oublier les nouvelles stars des micros : Frédéric Mazzella, peu de blabla, et pourtant, dorénavant, c’est lui qui donne le 'la'
Ou le rookie, Geoffroy Becdelièvre, capitaine de frégate, sur le Marco Vasco, Qui navigue, pour l’heure, en petit bassin chez BFM Business, avant de, peut-être, voguer dans le grand bain.
Et évidemment Nicolas Ferrary, abonné aux plateaux télé
Et aux aphorismes collaboratifs emphatiques,
Pour encenser Airbnb.
Et je passe les commentateurs de grève, Guillaume Pepy et Alexandre de Juniac.

Bref, avec leurs talents et leurs expositions médiatiques,
Ils pourraient tous, de manière évidente,
Revendiquer ce titre d’orateur du métier,
Mais, eux, leur notoriété ne les a jamais amené à ce que, comme moi, lors d’une visite d’un club Lookéa, en Haïti, un couple composé d’Henri Martin et de Nicole …  son épouse, depuis 30 ans, (tous les 2 boulangers de leur état, respectant le concept du commerce à la française, papa au fournil, maman à la caisse) me connaissant sûrement d’une de mes nombreuses interventions sur BFM, n’hésita pas à m’apostropher sur un ton enthousiaste et curieux, 'dites-moi Monsieur, pourriez-vous signaler à l’accueil que la porte vitre de la 1023 ne fonctionne pas ?'.
Immédiatement, ne résistant pas au plaisir de montrer mes connaissances, me voilà de préciser, 'une chambre en rez-de-chaussée, c’est vrai que ça peut être gênant !'

Alors bien sûr, je pourrais me satisfaire de ce statut de personnage…   public
Mais Je me rappelle des grandes figures tutélaires de cette profession.
Gilbert Trigano, évidem