Pourquoi Cuba a accueilli moins de touristes en 2024
À Cuba, depuis 2020, l’industrie touristique subit une crise sans précédent, qui vient d’être confirmée par les chiffres de 2024.
Selon un rapport préliminaire publié par l’Office national des statistiques de l’information (ONEI) de Cuba, l’île a accueilli 2,2 millions de visiteurs internationaux en 2024, soit 10% de moins que l’année précédente.
Le gouvernement cubain avait initialement prévu la venue de 3,2 millions de touristes, misant sur une reprise progressive du tourisme après des années difficiles causées par la pandémie de Covid-19 et les restrictions économiques. Mais à Cuba, le tourisme peine à sortir la tête de l’eau : si cet objectif n’est pas atteint, les chiffres sont surtout bien loin de ceux d’avant la pandémie. En 2019, l’île avait accueilli 4,3 millions de touristes internationaux.
Investissements majeurs malgré la crise
Le Canada demeure le principal marché à Cuba, avec 780 119 visiteurs en 2024 ; un chiffre pourtant en baisse de 8%. Les Cubano-Américains ont également été 18% de moins à visiter leur île. L’Espagne et l’Allemagne, premiers marchés européens, ont chuté respectivement 27 et 7%. Seuls les touristes russes et mexicains ont connu une augmentation au cours de l’année.
Le tourisme est pourtant à l’origine le principal moteur économique de l’île. Et Cuba continue d’investir massivement dans le secteur, allouant près de 40% de ses investissements à la construction et la modernisation des infrastructures hôtelières entre janvier et juin 2024. Une stratégie controversée, quand certains experts estiment que les ressources économiques devraient être allouées à d’autres secteurs critiques, comme l’énergie et l’alimentation.
Sanctions américaines
Car la crise de ces secteurs n’y est pas pour rien dans les difficultés touristiques de l’île. Cuba souffre notamment d’une profonde crise énergétique qui a entraîné une série de pannes d’électricité générales entre octobre et décembre, provoquant l’annulation de séjours de visiteurs internationaux au cours du deuxième semestre de 2024. L’île traverse également une période de pénurie alimentaire, qui entache son image auprès des visiteurs internationaux. Autrefois exportatrice agricole, l’île importe désormais la majeure partie de ses aliments.
La situation économique et sociale de l’île s’était améliorée sous le gouvernement de Barack Obama, qui avait renforcé les rapports entre les Etats-Unis et Cuba. Mais l’industrie touristique avait commencé à plonger lors de l’élection de Donald Trump. Interdiction des croisières en provenance des Etats-Unis, réduction des vols vers Cuba… Les sanctions économiques appliquées par le président républicain, couplées à la période de pandémie mondiale, ont enterré les efforts mis en place par son prédécesseur pour favoriser le secteur.