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Notre-Dame-des-Landes : un aéroport pour rien ?

Les opposants au nouvel aéroport de Nantes remettent en cause son utilité. Les raisons avancées pour sa construction -bruit, saturation, sécurité, développement économique- sont réfutées par un contre-rapport et des professionnels de l'aérien.

Les manifestations contre la construction du nouvel aéroport de Nantes, à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), se multiplient. Alors qu’une réoccupation du site est prévue le 16 novembre, certains parlent même d’un nouveau Larzac pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault.

Les opposants avancent plusieurs arguments remettant en cause l’utilité de la construction d’un nouvel aéroport à Nantes. Comme l’explique sur la Revue Z Claude Colas, de l’Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport), "au début, il fallait absolument construire cet aéroport pour pouvoir accueillir le Concorde. Puis pour délester les aéroports parisiens. Puis parce que l’aéroport de Nantes était saturé. Et aujourd’hui pour d’impératives raisons de sécurité!"

Geneviève Lebouteux, membre du Cedpa (Collectif d'élus Doutant de la pertinence de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes), confirme : "On a toujours avancé de "bonnes raisons", mais on n'a jamais examiné l'existant, ou cherché à s'attaquer aux problèmes affichés comme le bruit (…). Nous avons fait réaliser une contre-expertise par le cabinet CE Delft".

"Ce rapport pointe des incohérences et des failles majeures dans les études qui ont servi à justifier la Déclaration d’Utilité Publique (…), ajoute Geneviève Lebouteux. C’est carrément frauduleux ce qu’ils ont fait. Nous avons transmis et publié ce rapport, mais nous n’avons eu aucun retour des ministères. On nous dit seulement qu’il n’est pas indépendant. Ce cabinet a très bonne réputation et a travaillé pour des grandes entreprises, pour l’Union Européenne (…). On ne l’a pas acheté. Et puis, comment aurait-t-on pu demander une contre-expertise si on le l’avait pas payé nous-même ?".

De fait, différents points justifiant l’utilité de NDDL ont été remis en cause par le contre-rapport réalisé par CE Delft, et par des professionels de l'aérien.

Saturation

Deux commandants de bord basés à Nantes, cités dans Ouest France, expliquent : "On se moque des hommes politiques décidés à construire un projet pharaonique, un grand aéroport de l'Ouest à quatre millions de passagers, dans un contexte où, au mieux, hors crise, le trafic en Europe ne progresse que de 1%". D'autres pilotes, notamment chez Air France, ont aussi soutenu que la piste actuelle à Nantes Atlantique permettait d’absorber 35 avions par heure, contre une douzaine actuellement.

Sécurité

Les deux pilotes remettent également en cause les impératifs de sécurité : "On survole Nantes depuis trente ans sans incident (…). On survole aussi Amsterdam, Paris, Toulouse. (…)", expliquent-ils, ajoutant que les techniques pour augmenter la sécurité lors du survol de Nantes existent, mais n’ont pas été déployés.

Coût

Selon le rapport CE Delft, "les coûts de construction du nouvel aéroport sont plus élevés que ce qui a été annoncé parce que certains types de coûts ne sont pas intégrés" pour un montant supplémentaire de 50 à 150 millions d'euros. Le Canard Enchaîné avait de son côté estimé que le projet pourrait atteindre quatre milliards d'euros si on ajoutait les autres infrastructures, accès routiers et ferroviaires, contre 560 millions d’euros prévus pour le seul aéroport.

Développement économique

"Ce n'est pas un nouvel aéroport qui nous donnera une liaison régulière Nantes-San Francisco ! On réduit la toile partout (…) on pourrait bien avoir Notre-Dame-des-Landes et les compagnies à bas coûts, comme Ryanair, ailleurs, car elles ne voudront pas payer les taxes aéroportuaires. Et que deviendra l'aéroport de Rennes avec cette concurrence nouvelle ? Et l'aéroport d'Angers" expliquent deux pilotes.

Le rapport CE Delft note, lui, plusieurs insuffisances dans le rapport d’utilité publique, et explique que "la demande des passagers pourrait être de 1 à 3 % inférieure aux prévisions faites, du fait de prix du pétrole plus élevés", que les 60 dollars prévus. Par ailleurs, les projections se basent sur 280 000 à 300 000 nouveaux passagers dont 65 000 à 80 000 viendraient de Paris. Or, "il est très improbable que des gens viennent de Paris et de Rennes vers le nouvel aéroport", note CE Delft, ajoutant : "On s’attend à ce que la liaison LGV entre Rennes et Paris, prévue pour 2020/2025, incite les Rennais à prendre la TGV pour Paris".
 

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