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Menhirs de Carnac : tout savoir sur une polémique complexe

A Carnac, dans le Morbihan, 39 menhirs et monolithes auraient été sacrifiés pour permettre la construction d’un magasin Mr. Bricolage…

Qui ne connaît pas Carnac, petite commune du Morbihan, mondialement célèbre pour ses spectaculaires alignements de monolithes ? Les 3 000 menhirs, installés sur près de quatre kilomètres, sont même candidats à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce patrimoine, vieux de 6 000 ans, caractérise tout le récit culturel et touristique déployé sur le territoire.

Mais les vieux menhirs n’échappent pas toujours aux méthodes – parfois prédatrices – de la modernité. En effet, 39 monolithes ont été détruits pour faire place à un magasin de l’enseigne Mr. Bricolage. Le tout, sur le chemin de Montauban, dans la commune même de Carnac. Chemin qui figure bien au projet d’inscription au patrimoine mondiale de l’Unesco… De quoi provoquer l’ire d’un archéologue local, Christian Obeltz, qui révèle l’affaire sur le site de l’association Sites & Monuments.

Un permis de construire refusé en 2015

Un permis de construire a en effet été délivré en août 2022 par la mairie de Carnac à la SAS Au marché des Druides, pour la construction d’un magasin Mr. Bricolage. Pourtant, l’intérêt historique du site semble connu depuis une dizaine d’années. En effet, en décembre 2014, la même SAS a fait une demande de permis de construire, cette fois-ci pour la construction d’un supermarché, déclenchant ainsi la réalisation d’un diagnostic archéologique sur demande de la préfecture.

A la suite des fouilles, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a conclu à la découverte possible d’un « alignement mégalithique inédit ». Le permis de construire est refusé… pour des raisons non liées à l’archéologie. Huit ans plus tard, il est cette fois-ci accordé par la mairie de Carnac et l’Etat. Rapidement relayée sur les réseaux sociaux, l’histoire devient une polémique nationale. Et politique.

Certains étalent leurs connaissances supposées de « l’époque celtique » de ces menhirs vieux de 7 500 ans, alors que la présence des Celtes en Armorique ne remonterait qu’à l’Âge de Fer (-800). A la droite de la droite, l’imaginaire national lié aux Gaulois semble plutôt puiser sa source du côté du village d’Astérix que des livres d’histoire…

« L’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie »

Et lorsque la vindicte populaire cherche un coupable, les différents acteurs du dossier se renvoient la balle. La mairie de Canarc renvoie vers les services de l’Etat. Le promoteur du magasin, lui, plaide la bonne foi et sa méconnaissance de la présence des monolithes sur le site. La Direction des affaires culturelles (Drac) de Bretagne finit par réagir par communiqué. L’organisme y précise les différentes phases de fouilles opérées sur le site, et leurs méthodologies. Il conclut en affirmant que « l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie ».

Quoi qu’il en soit, les travaux sont en cours, et les habitants de Carnac pourront bientôt profiter d’un magasin de bricolage flambant neuf… Le débat n’est pas clos pour autant, et rejoint l’épais dossier des projets qui torturent l’esprit de ceux qui doivent développer et aménager un territoire. Pour construire, il faut souvent recouvrir des vestiges qui, symboliquement, ont une valeur inestimable… mais pas assez pour ralentir la croissance insatiable de l’activité humaine. Un dilemme philosophique qui occupe les pensées de tous les élus de territoires à fort caractère archéologique.

A L’Echo touristique, même sans connaître tout à fait le coin, nous sommes persuadés que ce Mr. Bricolage aurait très bien marché à quelques centaines de mètres de ces majestueuses traces du passé…

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1 commentaire
  1. Obelix dit

    Tous les monolithes de Carnac devraient être considérés comme « un site », peu importe le terrain sur lequel ils se trouvent. C’est, je pense, comme ça que beaucoup le ressentent. Et c’est pourquoi les arguments de la DRAC ne passeront pas (ce sont des vendus de toute façon, comme tous ceux qui sont à la tête de la culture en France, quand ça arrange, l’intérêt culturel passe illico à la trappe et tout est constructible). Et ce sera un bad buzz pour ce magasin, qui est déjà plus cher que la concurrence et pas vraiment au top. Du gâchis donc, comme on sait si bien le faire dans ce pays.

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