Lionel Rabiet : « Nous devons mener le combat des vacances pour tous »
Lionel Rabiet, président des Entreprises du Voyage Île-de-France, revient sur la convention du syndicat régional qui s’est tenue en Slovénie du 3 au 6 octobre. L’événement a réuni 80 professionnels du tourisme.
L’Echo touristique : Que retenez-vous de cette convention ?
Lionel Rabiet : Tout d’abord je constate que la découverte de ce pays-boutique qu’est la Slovénie a enchanté l’ensemble des participants. Comme pour les Jeux olympiques, nous avons commencé sous la pluie. Et comme pour les JO nous avons fini en beauté avec un magnifique ciel bleu sur le lac de Bled (Ndlr : station de montagne située dans les contreforts des Alpes juliennes au nord du pays).
Ces Jeux olympiques ont donné une image positive et généreuse de la France et nous ont rendus fiers. Malgré les nombreux obstacles et défis que doit relever notre profession, c’est cet esprit olympique que j’avais à cœur de diffuser durant la convention.
En fait c’est un peu comme le « pari de Pascal » qui encourage le sceptique à croire en Dieu, puisqu’il n’a rien à y perdre. Eh bien moi, j’avais envie de faire de pari de Rabiet, c’est-à-dire celui de l’optimisme. Il faut se forcer à voir le monde avec des lunettes roses, à positiver. Cela nous rend la vie plus facile, et l’optimisme, cela nous donne aussi un surcroît d’énergie. Vous savez, j’ai eu plusieurs parcours professionnels, et je n’ai jamais eu autant de moments de joie que depuis que je suis dans ce secteur. C’est ce qu’on s’efforce d’apporter lors de nos conventions.
Vous souhaitiez également revenir sur la palette d’intervenants lors de cette convention ?
Lionel Rabiet : Oui parce qu’en termes de contenu, j’ai été ravi d’avoir des intervenants qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans notre écosystème. Parfois on tourne un peu en rond au niveau des interlocuteurs. Et faire venir des personnes nouvelles, un peu extérieures à notre secteur, je trouve cela très rafraîchissant. Ce sont des pas de côté qui sont très riches.
J’ai notamment beaucoup apprécié l’intervention de Jean Pinard (consultant en tourisme, Ndlr) qui dit les choses sans être un provocateur. Cet emballement médiatique autour du surtourisme, on doit y faire face. Le fait que certaines entreprises disent que ce tourisme-là c’est bien, ou que ce tourisme-là n’est pas bien, n’est pas très constructif. On se tire dans les pattes. Il faut beaucoup plus de solidarité. Il n’y a pas de bons et de mauvais touristes. Il y a une forme de tourisme que l’on doit améliorer, c’est évident mais on ne doit pas stigmatiser le tourisme de masse.
De façon très pragmatique, Linda Lainé (rédactrice en chef de L’Echo touristique et auteure du livre « Voyage au pays du surtourisme ») a rappelé les tenants et les aboutissants du surtourisme, pour remettre l’église au centre du village. C’était très intéressant. Tout comme l’intervention de Pascal Boniface (directeur de l’IRIS) sur la géopolitique.
Autre sujet qui vous tient à cœur, l’importance des vacances pour tous ?
Lionel Rabiet : Absolument. C’est un combat que notre profession devrait davantage mener. Les vacances représentent un outil d’inclusion, d’apprentissage et d’ouverture qui est essentiel. Le fait qu’en France, plus de 30% des gens ne partent pas en vacances chaque année, s’apparente à une forme d’exclusion. Notre profession devrait agir plus.
Beaucoup d’entreprises, comme les associations Vacances pour Tous ou Vacances et Familles, œuvrent pour faire partir les gens en vacances. Nous pouvons les aider. Les salariés peuvent par exemple donner des jours de congés à leur employeur qui, lui, va reverser une certaine somme à ces associations qui font partir des gens en vacances. Un jour de congé peut ainsi permettre d’offrir quatre jours de vacances à des personnes qui n’en ont pas les moyens.
C’est un message que l’on peut porter dans la profession, auprès de nos équipes. Je me répète, les vacances c’est quelque chose d’important, on s’en est rendu compte avec le Covid. Nous devons agir.
En termes de participation à la convention, avez-vous fait venir de nouvelles agences ?
Lionel Rabiet : Oui, il y avait environ 45 licences parmi lesquelles cinq ou six sont immatriculées depuis moins de cinq ans. J’étais content de leur présence mais je souhaite qu’il y en ait davantage. C’est pour cela que nous allons beaucoup plus travailler en amont. Nous avons fait une sorte de jeu pour proposer à des agences nouvelles de participer à cette convention. Malheureusement on s’y est pris assez tard,. Malgré tout, deux agences en ont profité.
Pour les prochaines conventions, je voudrais que l’on travaille ça plus en amont, et aussi, en lien avec les EDV nationaux, que l’on propose plus de contenu et notamment des formations gratuites pour de nouvelles agences.
Et puis vous avez rendu un hommage appuyé à Jean-Pierre Mas (Médiateur du Tourisme et du Voyage). Pourquoi ?
Lionel Rabiet : C’est quelqu’un de gentil et charismatique avec une carrière et un parcours exceptionnel. On lui doit beaucoup. Lorsqu’il était à la tête des Entreprises du Voyage, il s’est battu pour la profession de façon acharnée, notamment durant la période du Covid. On doit lui tirer une fière chandelle, à lui ainsi qu’à toutes ses équipes.
Et puis c’est quelqu’un qui a toujours voulu transmettre. Cette notion de transmission, ce n’est pas toujours simple, et c’est important. Jean-Pierre Mas m’a confié des missions. Il m’a fait confiance. En cela je lui suis très reconnaissant.
D’habitude c’est aux morts qu’on rend hommage. Eh bien moi j’ai envie de rendre hommage aux vivants. Et j’ai envie que les vivants l’entendent. Peut-être qu’on refera ce type d’hommage avec d’autres personnalités.
Il y a aussi une valeur à laquelle je crois énormément c’est la gratitude. Savoir dire merci, c’est faire un cadeau à la personne qu’on remercie mais aussi à soi-même. Et j’avais envie de dire merci à Jean-Pierre Mas.
Un mot peut-être sur la prochaine convention des EDV Île-de-France ?
Lionel Rabiet : Nous avons plusieurs pistes très sérieuses, plutôt moyen-courrier.
Quasiment 80% des participants ne connaissaient pas la Slovénie, ils vont revenir avec l’envie d’envoyer des voyageurs là-bas. Nous sommes clairement dans un partenariat avec la destination qui nous aide beaucoup financièrement. Comme à chaque convention, cela nous permet de proposer un programme aussi riche qu’exceptionnel.