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Le tourisme sexuel s’aggrave à Madagascar

La prostitution infantile prend de l'ampleur depuis 2009, malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation. De nouvelles actions vont être mises en place pour tenter d'endiguer ce fléau.

A Madagascar, "le phénomène de l’exploitation sexuelle des enfants n’a jamais atteint un niveau si critique dans le pays", expliquent différentes Organisations non gouvernementales (ONG).

Certes, tous les pays pauvres développant le tourisme sont touchés par ce fléau, qui concerne dans une moindre mesure les pays riches. Mais à Madagascar, "depuis la crise politique de 2009, suivie de la crise économique mondiale, le phénomène de la prostitution enfantine a pris une ampleur grandissante" note l’Ecpat. Selon l’association, "la plupart des enfants en situation de prostitution interrogés ont débuté leur activité entre 13 et 17 ans". En juillet dernier, l'Organisation des Nations Unis a dressé un constat "alarmant". "Partout, partout, vous avez une prostitution des filles mineures. Vous avez des gamines qui ont moins de treize ans !", a expliqué la rapporteuse spéciale des Nations unies, Najat Maalla M’jid sur RFI.

Nosy Be est particulièrement touchée

Selon l’étude réalisée en mai 2012 pour l’ONG Groupe Développement, à Nosy Be, 42% des jeunes ont eu leur première relation sexuelle dans la prostitution. Les conséquences (exclusion sociale, risques liés aux infections sexuellement transmissibles, traumatismes psychologiques, grossesses précoces….) sont dévastatrice pour l’avenir des enfants et du pays.

Environ un étranger sur cinq qui visite Madagascar séjourne à Nosy Be, un des principaux sites touristiques de l'île. Le tourisme contribue de fait, de façon très nette et visible, à l’exploitation sexuelle des enfants même si l’étude réalisé pour Groupe Développement  rappelle que les clients sont "pour la plupart des nationaux".

Des actions, peu de résultats, pour l'instant

Le secteur a bien mis en place des actions pour lutter contre le tourisme sexuel. Ecpat France, Acting For Life, Groupe Développement et d’autres ONG ont ainsi travaillé avec les gouvernements malgaches et français, la FFTST, le Snav, le Seto et nombre de professionels du tourisme (Carrefour Voyages, Club Med, Corsair, Fram Voyages, Look Voyages, Manor, Marmara….).

La précédente campagne aurait ainsi permis de sensibiliser 100 00 touristes et voyageurs ainsi que 1000 agences de voyage. Sur place, certains d’hôtels affichent désormais des avertissements pour lutter contre la prostitution infantile. Un manuel de procédures de signalement en milieu hôtelier, afin d’obtenir des arrestations de touristes sexuels, a également été mis en place.

L’ONTM, "a apporté son appui à l’organisation des missions de sensibilisation auprès des acteurs du tourisme à Nosy Be", notamment les hôteliers membres de l’ONTM et les autorités locales, explique un porte parole.

L’Ecpat, qui a reçu une subvention de 240 000 euros de l’Agence française pour le développement (AFD), va également mener un nouveau projet contre le tourisme sexuel impliquant les enfants à Madagascar, principalement à Antananarivo et Nosy Be : "l’enjeu est de stimuler un changement de comportement et d’attitudes des touristes à Madagascar et de réduire la tolérance sociale qui existe autour de ces questions dans le pays", explique-t-elle.

Mais depuis 1990 et les premières actions contre l'exploitation sexuelle des enfants, la tendance n’a pas été inversée. La raison est simple : les principales causes du phénomène, notamment la pauvreté et une justice défaillante, sont toujours là.
 

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