Le maire du Mont-Saint-Michel jugé pour prise illégale d’intérêt
» Le maire aurait usé de son statut d'élu pour obtenir que le point de départ des navettes menant au site soit établi devant ses établissements. »
Au Mont-Saint-Michel, le choix du point de départ des navettes pour rejoindre le site touristique, qui oblige les touristes à marcher plus de 900 mètres depuis le parking, a toujours énervé certains professionels. "Pourquoi le positionner si loin, et entre les deux établissements d'Eric Vannier, maire du Mont-Saint-Michel et patron des établissements Mère Poulard". Une question que va trancher la justice.
Ce 30 janvier, le tribunal de Coutances a en effet requis six mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende contre Eric Vannier, pour prise illégale d'intérêt. le choix de ce point de départ a été décidé par le syndicat mixte du Mont-Saint-Michel, dont Eric Vannier est membre. Or, pour le procureur de la République, Renaud Gaudeul, la décision du syndicat mixte a eu "une incidence directe sur ses commerces (…) dès lors, M. Vannier n'aurait jamais dû participer à l'élaboration de cet acte".
Retards et problèmes techniques
La mise en place des navettes a été décidée dans le cadre du projet visant à rendre au site du Mont-Saint-Michel son caractère insulaire grâce au remplacement de la digue par un pont en 2014. Mais le projet, confié à Veolia Transdev, a connu plusieurs retards et problèmes techniques. Les professionnels du tourisme, comme le CRT Bretagne ou les tour-opérateurs japonais, mais aussi des politiques, avaient demandé que le point de départ de navettes soit réétudié.
M. Vannier est maire du Mont-Saint-Michel depuis 1983 – à l'exception d'une interruption entre 2001 et 2008 – et y exploite une trentaine de commerces (80% sur le rocher et 20% sur la côte) pour 29 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Le procès fait suite à une plainte de Patrick Gaulois, maire de 2001 à 2008, propriétaire de plusieurs établissements sur le rocher et partie civile. Le Mont-Saint-Michel attire environ 3 millions de touristes par an, qui restent généralement à la base du site, où se situent une cinquantaine de commerces. L’abbaye, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, n’accueille que 1,3 millions de visiteurs.
Le jugement a été est mis en délibéré jusqu'au 27 février.