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Le Futuroscope s’invente un nouvel avenir

Les accords pour adosser le Futuroscope à la Compagnie des Alpes ont été finalisés. Le groupe de loisirs prendra le contrôle opérationnel du parc à la fin de l'année. Le conseil général de la Vienne, qui détenait 70 % du capital, reste dans la partie. Un partenariat public-privé rare que tous espèrent porteur.

«Nous sommes dans des conditions de confiance réciproque, nous devons maintenant faire l'apprentissage de la vie commune. C'est un peu comme un mariage. Espérons que les fruits seront à la hauteur des fleurs », résume Dominique Hummel, le président du directoire du Futuroscope, en évoquant la nouvelle alliance du parc de loisirs avec la Compagnie des Alpes (CDA). Au terme de plusieurs mois de négociations, le Futuroscope et le groupe spécialisé dans les domaines skiables et les parcs de loisirs ont donc officialisé, le 18 octobre, leur projet d'union, après que le conseil général de la Vienne, qui détenait 70 % du capital du parc depuis décembre 2006, a donné le feu vert à l'opération. Ainsi appelée à devenir l'actionnaire de référence du parc de loisirs, la CDA en prendra le contrôle opérationnel et financier dès la fin de l'année. Une belle opération pour le groupe, qui possède désormais, avec le Parc Astérix, deux des plus grands parcs de loisirs français. Du côté du conseil général, l'objectif premier est de conforter la dynamique du parc et d'en assurer l'avenir. « Les collectivités territoriales connaissent de plus en plus de difficultés financières pour assumer ce qui relève de leurs compétences obligatoires, explique Claude Bertaud, son président. Nous investissons au minimum 5 ME chaque année dans le Futuroscope. Nous nous inquiétions de notre capacité à pouvoir assumer cela dans les années qui viennent. »

 

« CONSERVER UN RÔLE DÉCISIF »

 

Mais s'il a souhaité passer la main, le Département, soucieux de préserver le concept et le modèle économique du parc, n'entend pas se désengager totalement. Annonçant, en mars, le projet d'ouverture à un partenaire, il indiquait « réfléchir à une opération qui, tout en préservant une majorité publique dans le capital, permettrait d'associer un professionnel reconnu, motivé et engagé sur le long terme dans le développement futur du parc de loisirs et de sa technopole ». Son souhait était plus précisément de « privilégier un dispositif partenarial avec le groupe Caisse des dépôts [CDC], deuxième actionnaire du Futuroscope et partenaire privilégié des collectivités locales ». D'emblée, le conseil général affirmait donc vouloir « conserver un rôle décisif dans les futurs choix stratégiques, par un montage juridique adéquat dans la société d'exploitation, où [il] garderait une position clef, sachant qu'[il] restera propriétaire des terrains et pavillons ». Dans ces conditions, la Compagnie des Alpes – dont l'actionnaire de référence est aussi la CDC – a très vite pris l'avantage sur ses concurrents, deux sociétés espagnoles adossées à des fonds de pension. Après six mois de négociations, la CDA et le conseil général ont abouti à un partenariat public-privé, un mode de fonctionnement, qui, dans un contexte de restriction des dépenses publiques, semble appeler à se développer. La CDA a déjà dans son portefeuille un parc – le Bioscope – financés sur fonds publics et privés. Le dispositif mis en place avec le conseil général devrait permettre à cette démarche partenariale, souhaitée par toutes les parties, de prendre toute sa mesure. Avec une participation comprise in fine entre 43 % et 45 % du capital de la société d'exploitation, la CDA sera le premier actionnaire du parc. À hauteur de 13 %, la CDC sera actionnaire direct de la société d'exploitation, elle interviendra aussi de façon indirecte via une nouvelle société d'économie mixte locale (SEML) dont elle détiendra 20 %, les 80 % restants appartenant au conseil général. Cette nouvelle SEML aura pour mission de développer l'immobilier d'entreprise et de tourisme sur le territoire et permettra au Département de rester, de façon indirecte, un actionnaire significatif, puisqu'il détiendra 38 % de la société d'exploitation. Cette SEML disposera aussi de droits de gouvernance spécifiques dans la société d'exploitation du Futuroscope, ce qui lui permettra, le cas échéant, d'opposer son veto sur des points jugés cruciaux, comme l'entrée au capital de nouveaux actionnaires, la création de parcs à l'étranger ou la « remise en cause substantielle des investissements dans le business plan ». Le Futuroscope, qui a construit son succès ces dernières années en appliquant la règle du 10/20/60 – réinvestir 10 % du chiffre d'affaires pour renouveler 20 % de l'offre et faire revenir 60 % des visiteurs – tient à préserver ce modèle. A fortiori en intégrant un groupe qui n'entretient pas une logique aussi systématique de nouveauté. « Nous sommes convaincus qu'il faut poursuivre cette politique de renouvellement régulier des attractions, accroître et soutenir l'attractivité du parc via une politique dynamique d'investissements, à l'instar de celle menée jusqu'à présent », assure Dominique Marcel, le président-directeur général de la CDA. Les points susceptibles de poser problème semblent donc verrouillés. Pour éviter que se répète l'échec de la tentative de privatisation par le groupe Amaury, qui avait contraint le conseil général à reprendre rapidement le parc, au bord de la faillite, sous sa coupe. Pour Claude Bertaud, « il n'y a pas de comparaison possible entre les deux opérations ». De son côté, Dominique Hummel se dit serein : « parce que cette opération est bien préparée, parce que l'on se parle, et qu'il n'y a pas de projets fous de la part de la CDA. Nous sommes face à des gens prudents et rationnels. »

 

« UNE FAMILLE DE PROFESSIONNELS »

 

Achats, actions de communication et de promotion, développement des compétences spécifiques en gestion des boutiques, apport d'expérience en matière d'animation de rue et d'événementiel… le Futuroscope pourra bénéficier des atouts de la CDA, et réciproquement. « Ce qui nous intéresse aussi, c'est l'échange de bonnes pratiques, confirme Dominique Hummel. Nous n'avons jamais connu cela, c'est donc une très grande espérance pour nous. Nous rentrons dans une famille de professionnels du parc de loisirs, qui possède une compétence métier, ce n'était pas le cas lorsqu'Amaury avait repris le parc. » Une perspective rassurante pour les salariés. « Même s'il se pose forcément beaucoup de questions, précise Dominique Hummel, le personnel n'est pas dans l'inquiétude. » D'ailleurs, les contrats et le management ne changeront pas. Si seul le temps pourra démontrer les bénéfices de ce partenariat, la destination Vienne, est, elle, assurée de tirer son épingle du jeu. La moitié des des 30 ME empochés grâce à cette cession seront versés à la SEML nouvellement créée, qui pourra ainsi apporter un financement à un autre projet majeur pour le département faisant lui aussi l'objet d'un partenariat public-privé : l'implantation du nouveau Center Parcs sur les communes des Trois-Moutiers et de Morton, sur des terrains propriétés de la CDC. Un nouvel équipement qui lui permettra de renforcer son attractivité et de se positionner davantage sur le créneau des courts séjours. Déjà, on phosphore sur les synergies possibles avec le Futuroscope. La « Cité du futur » fait donc plus que jamais de l'avenir sa force d'attraction…

 

« Ce qui nous intéresse aussi, c'est l'échange de bonnes pratiques », confie Dominique Hummel

 

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