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La SNCM réclame 65 millions à la Corse

La compagnie maritime accuse l'assemblée territoriale corse de lui devoir 65 millions d'euros d’impayés. Un conciliateur en justice a été désigné.

Serait-ce la réponse du berger à la bergère ? Vendredi dernier, le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, a affirmé lors d’une conférence de presse que la compagnie maritime souffrait d'une créance impayée, due par l'assemblée territoriale corse, qui "dépassera les 65 millions d'euros" au 31 décembre.

"Quelle entreprise peut porter 65 millions d'euros de retard ou d'impayé de la part d'un de ses principaux clients ?", s'est-il interrogé publiquement. "Nous avons tenté de négocier, sans succès. Nous avons donc obtenu, le 11 octobre, du tribunal de commerce de Marseille, en accord avec nos actionnaires, la désignation d'un conciliateur de justice afin de récupérer les sommes dues", a-t-il ajouté.

Bruxelles réclame "des explications" à la France

Cette procédure ressemble fort à une riposte de la compagnie à l’encontre de la collectivité corse. La Corse est en effet créancière de 220 millions d’euros de subventions publiques, versées à la SNCM entre 2007 et 2012, jugées illégales par la Commission européenne.

Bruxelles a sommé la compagnie à rembourser le trop perçu, mais l’Etat français, qui est censé faire respecter la décision européenne, s’y oppose. L’AFP avait annoncé, fin septembre, s’être procuré un courrier prouvant que la collectivité corse comptait donc réclamer par elle-même la somme due, mais cette information avait immédiatement été démentie par le président de l’exécutif régional, Paul Giaccobi.

Le 3 octobre dernier, le journal Le Monde a indiqué que la Commission européenne avait officiellement "demandé des explications" à la France au sujet du non remboursement de ces 220 millions d'euros jugés illégaux. Dans le cas où l’Etat persisterait à ne pas exiger la rétrocession de la somme, l’affaire pourrait être portée devant la justice européenne.

La compagnie a demandé un relais de trésorerie de 30 millions

En toile de fond de ces batailles, c’est évidemment la question de la survie financière de la SNCM qui est en jeu. Le paiement de 220 millions d’euros signerait à coup sûr sa mort. Mais même sans cette échéance, la compagnie fait face à des difficultés de trésorerie et a du se tourner vers Transdev, son principal actionnaire (filiale de Veolia et de la Caisse des Dépots), afin d'obtenir un relais de trésorerie de 30 millions d'euros, a rappelé Marc Dufour.

"L'entreprise n'est pas endettée, nous disposons d'environ 300 millions d'euros d'actifs. Au niveau de son bilan, l'entreprise est saine. Nous avons de quoi garantir des prêts relais mais cette décision appartient à l'actionnaire", a-t-il promis vendredi dernier.

Reste que la compagnie est prise entre un actionnaire, Veolia, qui ne veut pas payer les pots cassés, et un autre, l'Etat, qui doit "sortir de l'ambigüité dans laquelle il se trouve actuellement afin de rassurer son partenaire et l'entreprise", a estimé Jean-Pierre Mignard, avocat de la SNCM.

Retour à l'équilibre espéré fin 2015

La compagnie, qui a affiché des pertes de 14 millions d'euros en 2012 (pour un CA d’environ 300 millions), s'est engagée dans un programme de renouvellement de sa flotte et la mise en place d'un pacte social qui doit permettre, selon son président, un retour à l'équilibre pour fin 2015.

"Nous avons beaucoup discuté avec les partenaires sociaux, qui ont consenti à des efforts importants. Cela fait deux ans qu'il n'y a plus de grève à la SNCM, preuve que tout le monde tire dans le même sens. Là, on prend le risque de détruire ce travail", s'est inquiété Marc Dufour.

L'Etat et Veolia, ses deux actionnaires principaux, ont validé en juin un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur quelque 2 600 personnes.

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