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L’hotellerie espagnole fait le grand écart

Contexte : La demande intérieure est au point mort en Espagne, mais le dynamisme des marchés étrangers a permis au secteur d’enregistrer une belle croissance en 2011.Perspectives : La crise économique persistante en Espagne et en Europe, de même que le retour en grâce des destinations arabes, devraient freiner sérieusement la dynamique en 2012.Contraste : Tous les acteurs de l’hôtellerie espagnole ne sont pas logés à la même enseigne. Les

Les hôteliers espagnols n’avancent définitivement plus au même rythme. Entre le petit établissement indépendant du centre de la péninsule, essentiellement tourné vers le marché intérieur, et le grand groupe international, disposant d’hôtels dans les destinations balnéaires d’Espagne, dans les villes européennes ou dans les Caraïbes, le fossé s’est plus que jamais creusé en 2011.

Le bilan dressé sur la destination Espagne résume ce grand écart. « Un hôtelier aux Canaries trouvera que l’année a été exceptionnelle. Mais demandez à quelqu’un qui est à Almeria, par exemple : il vous dira au contraire que ça a été très dur », lâche Fernando Laborda, directeur commercial de Viajes Olympia, un TO et réceptif spécialiste de l’Espagne et de ses îles.

D’après les chiffres publiés début mai par le cabinet d’études DBK, les hôtels et hostels du pays ont généré en 2011 un volume d’affaires global de 11,6 milliards d’euros, soit 8,4 % de plus qu’en 2010. Alors que le nombre total d’établissements a progressé de 1,2 % d’une année sur l’autre, dépassant le seuil des 17 000 adresses, le volume de clients a quant à lui augmenté de 3,8 % et le nombre de nuitées de 6,4 %. Mais dans le détail, l’étude montre bien que c’est la clientèle étrangère qui a soutenu la croissance (alors que le marché national a légèrement décru), bénéficiant en priorité aux établissements balnéaires du pays.

Deux raisons principales expliquent ce constat. D’abord, les destinations sol y playa espagnoles, à commencer par les Baléares et les Canaries, ont profité à plein des reports de clientèles européennes cherchant à éviter les pays des révolutions arabes. À l’inverse, la crise économique s’est encore aggravée l’an dernier en Espagne, laissant un nombre croissant d’habitants du pays sans le sou. Sur le marché national, « 2011 a été un exercice pire que celui de 2010 », confirmait ainsi en janvier dernier Raúl González, en charge de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique au sein du groupe Barceló. « Chez nous, la demande espagnole a en moyenne diminuée de 20 % », ajoute de son côté Ignasi Prosper, de la chaîne H10, une enseigne qui compte une quarantaine d’établissements, principalement urbains ou balnéaires. « Mais la situation a été meilleure pour nos hôtels espagnols que pour ceux que nous exploitons à l’étranger. »

LA CLIENTÈLE INTERNATIONALE SAUVE LES GROUPES HÔTELIERS IBÈRES HORS ESPAGNE

Hors des frontières de l’Espagne, justement, c’est encore la clientèle internationale qui a sauvé la mise des grands groupes hôteliers ibères. Le constat se vérifie particulièrement aux Caraïbes, où « les marchés russes et sud-américains ont comblé la chute de la clientèle espagnole », explique Anne-Sophie Lesur, directrice commerciale France et Canada du groupe Bahia Principe. Résultat : les cinq principaux acteurs espagnols du secteur (NH Hoteles, Meliá, Riu, Iberostar et Barceló), qui ont généré un cinquième du chiffre d’affaires de l’hôtellerie du pays en 2011, ont tous vu leur activité progresser l’an dernier, ou au pire stagner. Mieux encore, ils ont gagné de l’argent : 40 millions d’euros pour Melia, 6 millions pour NH Hoteles, par exemple.

Forts de cette bonne santé, ils ont prévu cette année de continuer à investir. À titre d’exemple, Iberostar a racheté en décembre dernier les 5 hôtels de Thomas Cook en Espagne, pour un total de 94 millions d’euros. Mais leurs prévisions d’activité pour 2012 restent assez variables. Riu table par exemple sur une augmentation de son CA supérieure à 10 % (contre +2,6 % en 2011), alors qu’au contraire NH Hoteles prévoit une croissance moins forte que l’an dernier, entre +3 et +5 % (contre +7 %), mais une amélioration à deux chiffres de son résultat opérationnel. Le groupe Melia, quant à lui, a parlé de tendance « positive », mi mai, à l’occasion d’un point sur l’état des réservations, en particulier sur les marchés clés du Royaume-Uni et d’Europe Centrale.

DES PRÉVISIONS DE CROISSANCE À 0,5 %

Le cru 2012 devrait en revanche être beaucoup plus difficile sur la destination Espagne elle-même. Selon le cabinet DBK, le volume d’affaires des établissements hôteliers du pays devrait croître de seulement un demi pour cent cette année. La faute aux difficultés économiques persistantes en Espagne et en Europe, mais aussi à la normalisation progressive de la situation dans les pays arabes, qui ont commencé à récupérer une partie de leurs clients perdus l’an dernier. Nombre d’hôteliers espagnols semblent donc plus que jamais avoir le moral dans les chaussettes. D’après une étude de Deloitte, un tiers d’entre eux s’attendent à voir le niveau d’activité du secteur se dégrader en 2012.

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