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L’été à la dernière minute met les TO sous pression

Après un hiver moins mauvais que prévu grâce aux ventes de dernière minute, les voyagistes du Ceto abordent l’été avec des carnets de commandes en forte baisse et toujours aussi peu de visibilité. La guerre des nerfs, et des prix, s’annonce rude.

À l’occasion de la présentation, le 24 juin, de son baromètre semestriel (1er novembre 2008- 30 avril 2009) l’Association de tour-opérateurs/Ceto a livré les premières tendances pour la saison estivale. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi s’inquiéter. Les prises de commandes sont en fort recul et très peu de destinations, y compris la France, échappent à l’attentisme des clients. En cumulé, de février à mai, le retard des réservations est de 8,9 % par rapport à la même période en 2008. Après un mois de février catastrophique (-18,6 %), mars avait redonné un peu d’espoir (+7 %). Avril et mai ont replongé de, respectivement, 11,9 % et 11,6 %. Le long-courrier accuse plus nettement le fléchissement (-13,6 %) mais ni le moyen-courrier (-9,3 %) ni la France (-2,5 %) ne s’en sortent mieux. Parmi les axes privilégiés, seule la République dominicaine, portée par les déboires des Antilles puis du Mexique pour cause de grippe A, peut parader en long-courrier, à +38,1 %, tandis que Maurice et le Sénégal réalisent des scores plus qu’honorables. En moyen-courrier, à l’exception de la Crète et de Rhodes (nouveauté de Marmara), les principales destinations en volume des TO membres du Ceto sont toutes en négatif, et certaines dans des proportions importantes (-21,2 % pour l’Égypte, -17,1 % pour l’Espagne continentale, -13,2 % pour l’Italie continentale, -8,7 % pour le Maroc). En départs, le mois de mai, qui marque le début de la saison estivale, a dessiné les premières tendances : « La Crète et Rhodes, la Turquie et la Tunisie devraient être le trio gagnant de l’été en moyen-courrier », prévoit René-Marc Chikli, président du Ceto. « En long-courrier, la République dominicaine, l’Indonésie et les États-Unis tireront la croissance ». Mais aucune de ces destinations n’échappe pour autant au phénomène exponentiel de ventes de toute dernière minute, de plus en plus souvent dans la semaine qui précède le départ. Du jamais vu, confirment la plupart des opérateurs, incluant les spécialistes de la France : « À quelques jours des premiers départs, nous sommes encore en plein boom de prises de commandes, y compris pour le mois d’août d’habitude réservé beaucoup plus en amont », commente Line Baudu, directrice générale de Lagrange. « Les clients attendent la dernière minute pour s’inscrire, même pour juillet-août », confirme Corinne Roche chez Locatour. « Et ce sont les prix les plus bas qui partent en premier, la campagne et la montagne plutôt que la mer, les mobil homes et l’hôtellerie de plein air plutôt que le haut de gamme », indique-t-on chez Odalys.

TOUS LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE

Autant dire que la tarification n’aura jamais été aussi stratégique que cette année. Les voyagistes s’y sont rodés dès l’hiver en retravaillant leur pricing pour l’adapter à la crise, enrichir le mix produit plutôt que brader, lisser les saisonnalités. Ils ont aussi mieux anticipé en multipliant les challenges de vente proposés aux agences et les offres de vente de première minute aux clients. La baisse des prix, et les promotions même très bien marketées, restent malgré tout l’arme suprême pour limiter la chute du trafic. « En mai, cela a permis de protéger, voire de stabiliser, la perte de clientèle sur la plupart des destinations », constate René-Marc Chikli. Ainsi, sur l’Égypte les TO du Ceto accusent une baisse de chiffre d’affaires de 15 %, mais avec un nombre de clients à l’étal par rapport à l’an dernier. La Méditerranée est à -6 % en chiffre d’affaires, mais seulement à -2 % en trafic. Même évolution pour le long-courrier (-13 % en chiffre d’affaires, -7 % en trafic). Au global, le mois de mai s’affiche en retard de 8 % pour les recettes engrangées, ce qui augure mal de la suite. « Car il ne faut pas compter sur le mois d’août pour sauver l’été. On part avec trop de handicaps. On ne réussit pas sa saison sur un seul mois. Il n’y aura pas de miracle », remarque René-Marc Chikli. Certes, les opérateurs (TO, hôteliers, compagnies aériennes) sont tous logés à la même enseigne et jouent la solidarité, ou au moins le consensus, pour essayer d’amortir le choc ensemble. Les délais de rétrocession ont été un peu assouplis. La réduction des capacités (de 20 % en moyenne), bien anticipée, devrait aussi permettre aux voyagistes les plus engagés de limiter les dégâts et les braderies de dernière minute. Il n’empêche que le manque à gagner et les marges encore plus réduites que d’habitude pèseront sur les trésoreries. « Ceux qui ont des stocks et pourront les garder auront l’avantage de pouvoir répondre aux ventes de dernière minute. Mais il va falloir avoir les nerfs vraiment solides », s’exclame Réné -Marc Chikli. Heureusement pour tempérer la morosité des acteurs, l’hiver a été beaucoup moins mauvais que prévu. Entre le 1er novembre 2008 et le 30 avril 2009, les membres du Ceto ont vendu 1 822 807 forfaits (-7,9 %), en partie compensé par la bonne tenue des ventes de vols secs (+6,7 %). Au global, sur la période, les TO ont fait voyager 2 821 151 clients, soit un retrait de 3,2 %. La recette moyenne des voyages à forfaits s’est maintenue à 1 028 E (+1,9 %) et le volume d’affaires s’est finalement contenté d’une baisse de 6,2 % à 1 874 E. « L’hiver est resté porté par une tarification réalisée hors crise », explique René-Marc Chikli, « ce qui ne sera pas le cas de la saison d’été ». En revanche, aucun axe n’a été épargné par l’attentisme des clients. Pas même la France (- 3,4 %) dont on avait pourtant dit qu’elle profiterait certainement de reports et d’une bonne saison de ski. « Pour autant, il n’y a pas eu d’effondrement des ventes comparé aux décrochages, de l’ordre de -20 %, -25 % des prises de réservation », remarque René Marc Chikli. À -9,5 % et -8,1 % seulement sur l’ensemble de la saison hiver, les forfaits moyens et long-courriers ont finalement trouvé preneurs en toute dernière minute, ce qui a permis de compenser et de sauver la mise à nombre d’opérateurs. « Mais tout le monde a souffert ! », poursuit le président du Ceto. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le Top 20 des ventes de forfaits (graphique ci-dessous). Une seule destination moyen-courrier (Crète-Rhodes), mais avec des petits volumes d’hiver, est restée en positif quand tous les poids lourds ont plongé, du Maroc (-6,3 %) à l’Italie continentale (-25 %). Même phénomène en long-courrier avec peu de pays qui ont résisté. Le Mexique, pas encore stigmatisé par la grippe A, a ainsi réalisé une des plus belles performances de l’hiver, à +9,9 %. L’océan Indien (Maurice et les Maldives) a continué à séduire, faisant le bonheur de quelques spécialistes, de même que les États-Unis, qui ont tenu le choc, les séjours à New York en particulier ayant tiré les ventes. L’Égypte, avant l’effondrement inexpliqué de ces dernières semaines, s’est aussi plutôt bien maintenue, en recul de seulement 1,9 % pour 147 465 forfaits vendus.

UN PROFIL CLASSIQUE DE CRISE

Reste maintenant à attendre le verdict des tout prochains jours, décisif pour les ventes de juillet et août. Septembre, a contrario, toujours moins cher, est mieux engagé chez nombre de voyagistes. Un profil classique de crise… dont les TO ont bien compris qu’il allait falloir s’en accommoder encore quelques temps.

Pour René-Marc Chikli, président du Ceto, « il ne faut pas compter sur le mois d’août pour sauver l’été. On part avec trop de handicaps.»

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