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L’éclaircie du mois de mai

Les Français ont tranché : ils profiteront des ponts du mois de mai pour partir. Mais pas à n’importe quel prix. Les promos déclenchent les achats de dernière minute et les prix moyens sont en baisse. À ce jeu, les agences en ligne ont la main.

Comme à la belle époque. Les chiffres de croissance annoncés par les agences pour les ventes de courts séjours du mois de mai rappellent ceux d’un temps qui semble révolu : +13 % pour Boomerang Voyages, +23 % pour Go Voyages, +20 % prévus pour Voyages-sncf et jusqu’à +40 % pour Lastminute.com ! Les courts séjours dans les grandes villes européennes comme Rome, Venise, Barcelone, Amsterdam ou Lisbonne reprennent leur rang dans les palmarès des ventes en agence. La crise serait-elle donc terminée et le client redevenu généreux lors de ses achats de voyages ? Pas tout à fait. Dans le périlleux exercice de la prévision des comportements d’achats pour 2009, les cabinets d’études identifiaient la principale victime de la crise : les courts séjours. Au début de l’année, le baromètre 2009 Raffour Interactif – Opodo avançait que, seulement 51 % des Français partis en courts séjours en 2008 pensaient renouveler ce type d’achat en 2009, contre 66 % des Français partis en long séjour. « La théorie était plausible et pleine de bon sens mais dans les faits, nous réalisons de bonnes ventes », s’excuserait presque Pierre Alzon, directeur général adjoint de Voyages-sncf.com. « Ces chiffres sont tirés de nos mesures du mois de février et ils révèlent uniquement la certitude de départ des Français à ce moment. Il ne faut pas oublier les très nombreux indécis », explique Guy Raffour, PDG de Raffour Interactif et auteur de l’étude. C’est la fin de cette période d’attentisme que les agences de voyages ont ressenti dans leurs ventes. Pour Carlos Da Silva, PDG de Go Voyages, « les Français ont toujours envie de partir, et certains constatent, après quelques mois, que leur situation économique est peut-être moins grave que prévue .» Si les clients se sont décidés à faire leurs emplettes, leurs habitudes d’achat ont peu varié ou sont plus marquées. « Ils font preuve d’une grande prudence et les achats de dernière minute augmentent : nos départs à J +15 représentent 22 % de nos ventes contre 19 % l’an dernier », détaille le PDG de Go Voyages. Et le prix reste l’élément décisif. « Le marché est en quête de petits prix et en proposant des promotions, on arrive à créer une certaine activité », poursuit Pierre Alzon. Aujourd’hui, l’enthousiasme tiré de la progression des ventes de 10 % chez Voyages-sncf. com, probablement « 15 % ou 20 % dans les semaines à venir », est toutefois atténué par un chiffre d’affaires en moins forte progression. Les prix moyens reflètent ce décalage : – 5 % chez Go Voyages à 396 E pour le mois de mai, – 10 % chez Lastminute.com à 950 E par dossier… « Nos promotions reflètent la baisse des prix des hôteliers, mais également l’intégration des offres des compagnies low cost Easyjet et Transavia », explique Éric Lefebvre, directeur e-commerce de Lastminute. com. Un argument clé dans la course à la vente de courts séjours de dernière minute. En agence, Elisabet Peidro de Selectour Rueil Voyages constate que beaucoup de ses clients « ont joué la dernière minute, en pariant sur le nombre d’invendus à cause de la crise cris. Mais comme souvent, les seuls vols qui restent sont beaucoup plus chers. » Même son de cloche chez le spécialiste Donatello. « Ces ventes de dernière minute sont très compliquées à gérer avec du vol régulier, et il devient franchement difficile de trouver les bons horaires avec des départs jeudi matin et des retours dimanche soir, explique Alain Le Scouezec, directeur commercial. D’autant que les compagnies ne jouent pas toujours le jeu en plaçant des tarifs plus intéressants sur d’autres canaux plutôt que sur les stocks qui nous sont accessibles. »

DES WEEK ENDS À PARTIR DE 500 EUROS

Le constat est identique dans beaucoup d’agences de voyages : les clients demandent des courts séjours premiers prix à 500 E par personne qu’elles ne peuvent leur vendre faute de stocks aériens sur les vols réguliers. « Les clients parisiens, peuvent toujours utiliser les compagnies low cost mais aucune n’opère depuis Bordeaux », ajoute Évelyne Arruti, d’une agence girondine Thomas Cook. Des produits low cost que ne revendent pas toutes les agences de voyages ou tour-opérateurs car la facturation par carte bleue requise pour l’achat des billets sur le site de certaines compagnies à bas coûts est trop complexe à gérer. Au risque de se priver de ventes supplémentaires ? Créé il y a un an, le portail Escapades.to de Aérosun offre une solution aux 2 000 agences qui l’ont référencé (Afat Selectour, Carlson Wagonlit…). « Nous rassemblons l’offre des compagnies low cost sur notre portail et devenons référents auprès de l’agence pour l’achat des billets », explique Fabrice Margot, responsable commercial. Et la recette plaît : « pour les week-ends des 1er et 8 mai, nous enregistrons 400 départs contre 150 pour des week-ends habituels. » Au lancement du site, l’achat de billets low cost par l’agence n’était possible qu’avec un hébergement. Mais depuis 15 jours, face à la demande croissante des agences, celles-ci peuvent faire leur marché en billets low cost et les packager elles-mêmes avec les offres des TO par exemple. Donatello constate « vendre de plus en plus de prestations sans transport, uniquement composées d’un hébergement et d’activités ». Pour Philippe Sangouard, directeur commercial de Boomerang Voyages, « l’offre aérienne est inépuisable au contraire car ces grandes villes européennes comme Rome, Barcelone ou Amsterdam bénéficient d’une desserte importante en vols réguliers. Les clients sont capables de moduler leurs départs et de ne pas forcément prendre leurs vols dans les créneaux les plus demandés. » Cependant, là encore, la vente de prestations hors transport gagne de plus en plus de terrain dans le chiffre d’affaires de Boomerang. « C’est logique car les clients veulent aussi pouvoir utiliser leurs miles, par exemple, et nous ne voulons pas les bloquer sur un produit tout packagé. » L’ancien directeur commercial de Look Voyages et de Pauli a réévalué depuis longtemps la place des TO classiques sur le marché des courts séjours : « aujourd’hui, il est inutile de prendre des risques sur les courts séjours en affrétant ou en allottant sur le transport. » Une pierre de plus dans le jardin des tour-opérateurs sur le marché des courts séjours.

LA FRANCE SORT GAGNANTE

Chez Voyages-sncf.com, on confirme le mode d’achat particulier de la clientèle court séjour, notamment celui des « achats asynchrones ». « C’est une clientèle aisée, qui apprécie de voyager et qui sait parfaitement gérer son budget et l’organisation de ses achats, analyse Pierre Alzon. Concrètement, ils peuvent sécuriser tôt une partie de leur voyage comme le transport grâce aux premiers prix sur le train ou l’avion en early booking, puis attendre la dernière minute pour réserver leur hôtel selon les promos ou leur choix. Ce qui cannibalise les produits packagés. » Les ventes de courts séjours pour le mois de mai 2009 enfoncent le clou des tendances déjà connues. Et la destination France en profiterait. À commencer par les parcs d’attraction, comme Disneyland Paris, le Puy du Fou ou le Futuroscope, auquel le CDT de la Vienne attribue une part importante du succès des réservations hôtelières pour le mois de mai. À la recherche de produits moins onéreux, les Français se tournent également vers des hébergements alternatifs, comme les locations meublées, les mobile homes ou les campings… dès le mois de mai, comme le constate le CDT du Var. Lastminute. com présente une progression de 30 % de ses ventes dans cette gamme de produits dont la moitié concerne les week-ends. Pour Guy Raffour, « c’est tout à fait logique car les courts séjours en France sont plus faciles à organiser en termes de transport, d’hébergements et de délais pour la prise de décision. » Ou la logique du moins cher, moins loin, moins longtemps poussée à son paroxysme…

« Les clients font preuve d’une grande prudence, et les achats de dernière minute augmentent »

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