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Jean-François Rial (Voyageurs du Monde) : « Notre activité reste en recul de 50% »

Dans une interview à L’Echo touristique, le PDG de Voyageurs du Monde espère que les Etats-Unis rouvriront leurs frontières avant la fin d’année. Cet été, son terrain de jeu était restreint, pour l’essentiel, à l’Europe.

L’Echo : Quel est le bilan de l’été pour Voyageurs du Monde ? Selon le bilan Orchestra, les ventes reculent de 30% sur l’été (hors annulations*), versus 2019. Mais votre groupe a la particularité d’être fortement positionné sur un long-courrier en grande partie fermé…

Jean-François Rial : Nous sommes plutôt sur un recul de 50% des réservations sur juillet et août, par rapport à 2019, malgré d’excellentes performances sur l’Europe et la France. L’été est une basse saison en réservations pour Voyageurs du Monde. Et le long-courrier draine habituellement les deux-tiers de nos ventes estivales. Là, le long-courrier étant presque inexistant sur la saison, nous avons en partie compensé avec des pays plus proches. Notre première destination, c’est la Grèce. L’Italie a aussi très bien marché. La Tanzanie également, tout comme la Polynésie, jusqu’au confinement. La France compte parmi les cinq premières destinations du groupe, et arrive en tête chez Terres d’Aventure.

Nous ferons mieux qu’en 2020.

De nombreux professionnels disent qu’ils n’ont aucune visibilité. Partagez-vous ce point de vue ?

Jean-François Rial : Non, je ne dirai pas que nous n’avons aucune visibilité. Nous ferons mieux qu’en 2020. Des destinations sont ouvertes aux voyageurs étrangers : celles de l’été auxquelles se sont ajoutées le Canada, Oman, Cuba. D’autres ouvriront d’ici la fin de l’année. Je pense notamment aux Etats-Unis, même si je ne peux pas en être absolument sûr. C’est mon estimation, au regard des informations et des discussions que je peux avoir sur les Etats-Unis. Donc, nous ne pouvons pas dire que nous n’avons aucune visibilité sur l’hiver. Nous n’aurons pas une saison normale. Mais nous tournerons sans problème aux alentours de 50%. En septembre, chez Voyageurs du Monde, nous sommes toujours à 50% de notre volume d’activité habituel. Sachant que sur ce mois, la proportion du long-courrier est traditionnellement plus élevée qu’au cours de l’été.

Aujourd’hui, le classement des pays en rouge par la France n’est plus un élément bloquant pour les voyageurs français vaccinés, n’est-ce pas ?

Jean-François Rial : Les destinations sont classées en rouge par le gouvernement français. Ces pays ne partagent pas forcément ce point de vue. Le fait que les pays soient considérés verts, orange, et rouges ne change pas grand-chose. Le vrai sujet, c’est la politique sanitaire des pays de destination comme les Etats-Unis qui sont classés orange, mais ne veulent pas de visiteurs français.

Le classement rouge freine un tout petit peu les réservations de voyages, mais de manière marginale. Nous, nous vendons des voyages vers des destinations rouges, comme les Seychelles à titre d’exemple.

Si un voyageur décide de partir aux Seychelles, comme l’informez-vous ?

Jean-François Rial : Nous informons le client de la position française, de la classification rouge. Les clients n’ont alors pas plus de précautions à prendre que lorsqu’ils restent en France. J’ai même envoyé ma propre famille aux Seychelles, sans la moindre inquiétude.

Peut-on dire qu’il n’y a aucune raison de vendre des pays rouges, aux personnes vaccinées, ou est-ce exagéré ?

Jean-François Rial : Sur les pays rouges, les Français vaccinés peuvent revenir en France sans contraintes sanitaires. Ensuite, c’est à eux de décider s’ils peuvent voyager ou non, en fonction de leur état de santé. Si une personne est vaccinée, mais est porteuse de comorbidités, il faut peut-être éviter d’aller dans un pays rouge puisqu’on peut néanmoins contracter la maladie… Mais une personne vaccinée dans un état de santé normal peut faire le voyage.

Etes-vous satisfait des récentes annonces du ministre de l’Economie Bruno Le Maire (fin du fonds de solidarité, mais aide généralisée aux coûts fixes, plan d’action pour le secteur des agences/TO…) ?

Jean-François Rial : Bruno Le Maire a confirmé la fin du « Quoi qu’il en coûte », et la poursuite d’aides spécifiques pour les secteurs les plus sinistrés. Globalement, ces annonces me satisfont. Pour nous qui continuons à être fortement impactés par la crise sanitaire, nous commençons les discussions avec le gouvernement sur le plan d’action à destination des opérateurs du secteur.

Le fonds de solidarité est effectivement supprimé le 30 septembre, mais nous passons à l’aide aux coûts fixes, à hauteur de 90% pour les sociétés de moins de 50 salariés, et de 70% pour les autres. Les nouvelles demandes d’exonération et d’aides au paiement de cotisations sociales ne sont plus soumises au plafond de 1,8 million d’euros.

Depuis le début de la crise, nous sommes satisfaits des discussions avec Bruno Le Maire, Jean-Baptiste Lemoyne et Alain Griset et leurs cabinets respectifs.

Le dispositif des aides aux coûts fixes, démarrant dès le 1er octobre, est le meilleur outil possible.

Au niveau du fonds de solidarité, un problème est signalé de longue date : la prise en considération dans le calcul de la baisse du chiffre d’affaires, qui pénalise les agences versus les voyagistes. Peut-on espérer une mesure nouvelle avec effet rétroactif ?

Jean-François Rial : Non, imaginer une rétroactivité est inimaginable et absurde. Sachant que des agences ont été pénalisées, mais d’autres ont été favorisées, voire ont profité d’effet d’aubaines au point de dégager des bénéfices. C’est l’une des raisons qui justifient le passage au système d’aides aux coûts fixes, démarrant dès le 1er octobre, sans plancher. Il faut donc désormais se concentrer sur ce dispositif, qui est le meilleur outil possible. En outre, en cas de baisse forte d’activité, s’ajoute la prise en charge à 100% de l’activité partielle. Aujourd’hui, nous espérons que le plafond fixé à 10 millions d’euros pour l’aide aux coûts fixes sera revu à la hausse, selon des modalités qu’il reste encore à définir.

*NB : les données Orchestra correspondent uniquement aux prises de commandes, et n’intègrent pas les potentielles annulations qui peuvent intervenir par la suite chez le distributeur, ou en direct avec le producteur dans certains cas.

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