Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Hervé Bellaïche : « Catlante, c’est du tourisme, pas du nautisme »

Il y a quelques mois, Hervé Bellaïche quittait Ponant pour prendre la barre de Catlante. Il nous dévoile les ambitions de la compagnie spécialisée dans les croisières en catamaran.

L’Echo touristique : Qui est Catlante ?

Hervé Bellaïche : Catlante est une société fondée en 2003 par deux visionnaires, l’un ayant un profil très opérationnel, l’autre plutôt entrepreneurial. C’est une belle compagnie qui propose des croisières en catamaran clé en main. Nos bateaux sont de très petites capacités, puisqu’ils comptent six cabines (douze passagers). Un capitaine et un chef de cuisine embarquent sur chaque départ, et les itinéraires sont prédéfinis. Nous opérons, finalement, comme n’importe quelle compagnie de croisières. La flotte de Catlante compte 17 bateaux, tous dessinés spécialement pour nous.

Comment se passe une journée-type à bord d’un catamaran Catlante ?

Hervé Bellaïche : La promesse de notre produit, c’est d’offrir une expérience très authentique par rapport à la mer. Les croisières de Catlante sont conviviales, chaleureuses, pas guindées : ce sont des notions qui nous sont chères. Les 6 000 clients que nous séduisons chaque année viennent pour être proches de la nature, et pour ressentir un sentiment de liberté très fort. Et lorsque le soleil se lève, et bien, c’est la mer qui est notre attraction principale. Les passagers plongent dans une crique pour se réveiller pendant que le chef prépare le petit-déjeuner. Le bateau quitte ensuite la crique pour en rejoindre une autre ou un port voisin. Chacun est libre de profiter du navire ou de la destination comme bon lui semble. Et les catamarans changent d’endroits plusieurs fois par jour.

Est-il possible de privatiser un catamaran et de choisir ses escales ?

Hervé Bellaïche : Il est possible de réserver l’intégralité d’un catamaran, mais nous ne proposons pas de croisières sur-mesure. Ainsi, les itinéraires sont prédéfinis et, s’il est possible de les ajuster légèrement, ils ne peuvent pas être personnalisés à l’extrême. Notre produit s’adresse par ailleurs à des clients qui ne sont pas forcément familiers des croisières en catamaran. 40% d’entre eux n’ont même jamais tenté l’expérience avant leurs premières vacances avec nous. Catlante, c’est du tourisme, pas du nautisme. Pour développer ce marché, nous devons faire connaître ce type de vacances à ceux qui pensent que ça ne leur est pas accessible, ou qui ne savent pas qu’il existe.

Catlante, c’est un produit de luxe ?

Hervé Bellaïche : En moyenne, une cabine double, sur l’une de nos croisières, est facturée 4 500 euros. En formule tout inclus, c’est-à-dire avec la navigation, les repas, les boissons, le service (sans le vol, NDLR). Le luxe que nous promettons, c’est la proximité avec la mer, et le sentiment de liberté que j’évoquais précédemment. C’est ce qu’on doit expliquer au client. Si les clients recherchent une forme de vacances haut de gamme comme dans les 5* ou les palaces, il n’est pas fait pour Catlante. Même si nos catamarans offrent un confort incroyable, puisqu’ils font partie des plus grands bateaux du genre au monde. Ils proposent quatre espaces de vies différents, avec un vrai sentiment de liberté pour tous les passagers.

Où navigue la compagnie ?

Hervé Bellaïche : L’avantage de nos navires, c’est qu’ils peuvent voguer partout à partir du moment où il y a du vent et du soleil. L’été, nous proposons donc des croisières en Méditerranée avec la Corse, la Sardaigne ou encore l’Île d’Elbe. Dès le 8 juin, nous opèrerons également en Provence et au départ de Marseille : c’est l’une de nos nouveautés pour la saison estivale 2024. L’hiver, quinze catamarans rejoignent les Caraïbes pour naviguer aux îles Grenadines, à Saint-Barthélemy, à Antigua ou encore en Guadeloupe. Deux navires sont également positionnés aux Seychelles.

Le marché des croisières en catamaran pèse moins de 3% du marché français

Pourquoi avoir rejoint Catlante ? Les défis qui se présentent à Ponant semblaient eux aussi stimulants…

Hervé Bellaïche : Initialement, j’ai été approché pour reprendre Catlante – une société que je ne connaissais pas. Et c’est vrai que c’est une compagnie, disons 50 fois plus petite que Ponant, laquelle n’était déjà pas une grande compagnie comparée aux acteurs majeurs de la croisière. En étudiant Catlante, j’ai vite identifié son potentiel. C’est ce qui m’a donné envie d’en prendre les commandes. Le marché des croisières en catamaran, qui pèse moins de 3% des 575 000 passagers français partant en croisière chaque année, s’inscrit tout à fait dans les attentes actuelles de certaines clientèles. On parle de slow tourisme, de vacances éco-responsables, en petits groupes, loin du tourisme de masse : Catlante réunit tout ceci. Désormais, ma mission, c’est de développer ce marché.

Que manque-t-il à Catlante pour percer ?

Hervé Bellaïche : Catlante, comme le marché des croisières en catamaran, manque de notoriété. A titre d’exemple, la compagnie n’était présente sur aucun réseau social avant mon arrivée. Il faut donc démocratiser ce type de vacances. Ça passe par une meilleure visibilité auprès du grand public, mais aussi par une distribution plus ouverte. Historiquement, Catlante était fermée à la distribution par les agences de voyages. Evidemment, et compte tenu de mon ADN, c’est quelque chose qui est en train de changer. Nous avons besoin de quelques agences performantes, qui nous enverrons le bon profil de clients, en échange d’une rémunération au cas par cas. Et nous avons également besoin de plus de capacités. Il nous faudrait une dizaine de bateaux supplémentaires, et nous sommes actuellement en négociations avec différents chantiers navals. Enfin, nous devons améliorer l’expérience client pour atteindre une forme de montée en gamme.

Les catamarans de Catlante promettent une expérience au plus près de la mer. © Catlante

Avec des prestations plus luxueuses ?

Hervé Bellaïche : Nos croisières sont déjà très appréciées, avec un taux de satisfaction qui dépasse les 90%. Mais nous pouvons faire mieux. Le monde du nautisme, historiquement, n’est pas habitué aux codes de l’hôtellerie. L’amélioration de l’expérience et de la qualité de service est un vrai levier de croissance pour nous. Ça passe par la restauration, par exemple, mais aussi par de nombreux autres sujets : l’accueil, l’itinéraire, les liens entre les passagers et l’équipage… Nos marins sont d’ailleurs l’un de nos actifs les plus stratégiques. Grâce à eux, nous atteindrons notre objectif, qui est d’au moins tripler le nombre de clients d’ici à cinq ans.

Le fait que de nouveaux acteurs rejoignent le marché vous inquiète ?

Hervé Bellaïche : Au contraire, c’est rassurant et très positif. Il existe des compagnies de croisières sur de petites unités, mais rares sont celles qui proposent des catamarans de six cabines. Je vois l’arrivée de Ponant sur le marché d’un très bon œil. Comme je l’expliquais précédemment, nous manquons de visibilité et de notoriété. L’émergence de la concurrence va servir le secteur dans son ensemble.

A lire aussi :

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique