Geoffrey Duval (OT des Etats-Unis) : « La levée des restrictions de voyages va sauver des milliers d’emplois »
Le 1er novembre, les Etats-Unis rouvriront leurs frontières aux voyageurs internationaux vaccinés. La fin d’un tunnel de vingt mois pour de nombreux opérateurs du tourisme.
Enfin. C’est le mot qui est sur toutes les lèvres ce mardi matin suite à l’annonce de la réouverture des frontières des États-Unis aux touristes internationaux vaccinés. Une bonne nouvelle pour les voyageurs, qui vont pouvoir redécouvrir le pays de l’Oncle Sam, fermé depuis 20 mois. Mais surtout un énorme « ouf » de soulagement pour de très nombreux professionnels du tourisme. Pour beaucoup, les États-Unis, première destination long-courrier sur le marché français, représente en temps normal un chiffre d’affaires conséquent… voire leur principale rentrée financière.
« Préparez-vous pour le printemps 2022 ! »
« Ça va sauver des milliers d’emplois, commente Geoffrey Duval, le président de l’Office de Tourisme des Etats-Unis en France. Des emplois aux États-Unis, mais aussi en France. Les TO et les compagnies aériennes françaises sont très heureux que ça ouvre à nouveau et aussi les petits prestataires, ceux qui vendent des visites aux États-Unis par exemple. »
Ce n’est pas Air France-KLM qui dira le contraire : le groupe a lui aussi jugé la nouvelle « formidable ». Avant la pandémie, il faisait 40% de son chiffre d’affaires sur ces liaisons. « Ça va aussi faire du bien à l’économie américaine, reprend Geoffrey Duval. Car le tourisme domestique a ses limites. Ne serait-ce que parce que les Américains n’ont pas autant de vacances que nous. » Le marché français, le deuxième après le Royaume-Uni en Europe, est d’ailleurs particulièrement courtisé, car le taux de repeaters y est très important.
Faut-il pour autant s’attendre à un boom des réservations ? « En France, depuis quelques semaines on avait les prémisses d’une reprise avec beaucoup de demandes pour 2022 et même la fin 2021, indique Geoffrey Duval. Après, je ne pense pas qu’on va ‘casser la baraque’ dès novembre, car un voyage aux États-Unis prend un peu de temps à organiser, et les gens risquent encore de réfléchir à deux fois avant de partir en hiver dans cette période sanitaire, pense-t-il. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que la côte Ouest va être prise d’assaut, New York aussi bien sûr, parce que New York est très très attendu, ainsi que la Floride. La Floride redémarrera même sans doute dès cet hiver, on pourrait avoir une excellente surprise, anticipe Geoffrey Duval. Je dirais même sur les États du Sud en général, la Louisiane, le Mississippi, la Géorgie, la Caroline du Sud… Mais ce que nous disons surtout à nos prestataires c’est : ‘préparez-vous pour le printemps 2022’, embauchez, car là, ça va redémarrer très fort. Les indicateurs sont au vert, au vert émeraude. Les tendances sont extrêmement positives pour les voyageurs français ! »
Augmentation progressive des rotations
Même son de cloche pour les compagnies aériennes, il faudra un peu de temps pour monter en charge. « Nous ne nous attendons pas à voir les compagnies augmenter leurs rotations tout de suite, sauf les liaisons les plus fréquentées, car certains appareils sont encore sous-utilisés », estime ainsi George Dimitroff, analyste chez Ascend by Cirium, spécialiste des données sur le transport aérien, qui anticipe « des améliorations plus grandes en mars 2022 quand les compagnies aériennes vont préparer leurs programmes d’été. » « Ce sont surtout les voyageurs individuels qui vont prendre le dessus, prévoit Geoffrey Duval. Tout ce qui est business travel va redémarrer beaucoup plus lentement, alors que le voyage individuel et particulièrement le voyage à la carte va exploser. J’attends de voir ce qu’il en sera sur les groupes. Mais sur le à la carte et les autotours, je n’ai aucun doute. »
L’OT prépare en tout cas activement la reprise, avec une campagne de communication tous les vendredis sur les réseaux sociaux et des workshops B2B qui seront organisés en novembre à Paris, Lille, Lyon et Nice. Une dynamique qui reprend.
La levée des restrictions représente aussi un symbole fort. En mars 2020, l’annonce de la fermeture des frontières des Etats-Unis aux Européens avait été un électrochoc pour l’industrie touristique. « J’étais très ému hier quand j’ai eu l’information, témoigne Geoffrey Duval. J’ai eu peur que ce soit encore une fake news. Je n’oublierai jamais la nuit du 10 au 11 mars 2020 où on m’a annoncé à trois heures du matin que le ciel aérien allait fermer », se remémore le président de l’Office de Tourisme des États-Unis. Une décision qui avait amené les pros à rapatrier en catastrophe de nombreux touristes. Un tour de force dans ce contexte. Pendant 20 mois les espoirs de réouverture ont été régulièrement douchés et occasionné de nombreux cafouillages diplomatiques, comme en janvier dernier, où Donald Trump a annoncé la réouverture des frontières, immédiatement contredit par le porte-parole du futur président des États-Unis, alors tout juste élu. Et alors que l’UE admet depuis plusieurs mois les touristes américains sur son sol, la non-réciprocité faisait grincer des dents.
La levée des restrictions signifie aussi que beaucoup de familles et d’amis pourront se réunir, après parfois deux ans de séparation. Pendant de longs mois, des centaines de milliers de personnes sont restées séparées. Un moment historique a plus d’un titre, donc, même si des incertitudes planent toujours, bien sûr, quant à l’évolution de la pandémie. Mais en 20 mois les pros ont appris à composer avec une incertitude permanente. Et sont dans les starting-blocks.
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