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François Gemenne (Giec) défend l’utilité sociale des vols long-courriers

Le réchauffement climatique s’est invité au Forum du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) avec un invité de choix : François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, et coauteur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

Canicules, incendies, pénurie d’eau… Le sujet du dérèglement climatique et de ses conséquences nous rattrape un peu plus chaque jour. La France doit se préparer à +4°C d’ici à 2100, a d’ailleurs récemment déclaré le Conseil national de la transition écologique.

Le kérozène devrait-il être taxé ?

Et le secteur du voyage est pointé pour son empreinte carbone, à commencer par le transport aérien.

Alors, le kérozène devrait-il être taxé ? A cette question posée par l’animateur François-Xavier Izenic dans le cadre du récent forum du Seto, François Gemenne répond qu’il est « l’avocat d’une taxe carbone ». Car aujourd’hui, « globalement, l’ensemble des coûts environnementaux ne sont pas du tout intégrés dans les prix », a-t-il rappelé. Entendez tous secteurs d’activité économique confondus, et pas seulement dans l’aérien.

Jean-François Rial, le PDG du groupe Voyageurs du Monde qui réagissait aux propos du coauteur du Giec, partage le même avis. « J’ai toujours été favorable à une taxe carbone », a-t-il précisé.

Fusionner Air France et la SNCF ?

Face aux enjeux actuels, François Gemenne a même évoqué une idée qui a fait sourire plusieurs voyagistes présents au forum de Deauville. « Si j’étais ministre des Transports (en France, Ndlr), je fusionnerais Air France et la SNCF », a-t-il suggéré.

De nombreux déplacements court-courriers devraient être remplacés par des lignes de train, comme ce fut le cas pour Paris-Bruxelles. C’est l’idée que soutient l’expert et chercheur belge. Regrettant au passage le lobbying des compagnies américaines pour freiner l’essor de liaisons ferroviaires outre-Atlantique.

François Gemenne, François-Xavier Izenic et Jean-François Rial au forum du Seto © LL

Jean-François Rial a néanmoins rappelé que ce sont les vols long-courriers qui représentent plus de 60% des émissions globales de CO2 de l’aérien. Là où le train et les avions à hydrogène « ne marchent pas ». D’où les trois pistes de solution du patron de Voyageurs, afin de décarboner le secteur : laisser l’inflation des billets d’avion long-courriers casser la croissance, utiliser des carburants d’aviation durable (SAF) non-agricoles, et absorber les gaz à effet de serre (GES) incompressibles. 

« Il faut faire tout ce qu’on peut pour réduire les émissions de CO2. Mais je pense que sans l’absorption de carbone, il ne sera pas possible de tenir l’objectif des 2 degrés » de réchauffement climatique au maximum, pour respecter les Accords de Paris. Le temps de la transition à moyen terme.

Long courrier : l’une des activités « les plus utiles »

Et Jean-François Rial d’ajouter : « Je préfère l’interdiction des vols au quota » tel que proposé par Jean-Marc Jancovici, président du think tank The Shift Project.

François Gemenne, lui, défend explicitement les vols vers des destinations lointaines. « Aujourd’hui, toutes les activités humaines génèrent des émissions de GES. Il faut se poser la question de leur utilité sociale, soit des bénéfices que nous en retirons. » En termes d’usages », les vols long-courriers « devraient rester l’une des justifications les plus utiles de la dépense en carbone. » 

« Les vols long-courriers sont sans doute l’une des activités les plus utiles. » Du moins certains, puisque le coauteur du Giec critique vivement les vols vers l’Outre-mer.

« Nous ne sommes pas face à une crise climatique », a aussi insisté François Gemenne. Le terme de « crise » lui semble « profondément trompeur », puisqu’il n’y aura « pas de retour à la normale quoi que nous fassions ».

« Nous allons devoir gouverner le changement climatique »

« Il faudra accepter l’irréversibilité. Nous sommes condamnés à battre record de chaleur après record de chaleur. Nous allons devoir gouverner le changement climatique pendant tout le 21e siècle. » Nous sommes également condamnés à renforcer la coopération entre pays, à l’échelle mondiale, insiste le chercheur. D’où, d’ailleurs, l’importance de sommets internationaux comme A World For Travel.

La lutte contre le réchauffement climatique passera-t-elle par la décroissance au niveau planétaire ? « Je ne crois pas, répond le coauteur du Giec. « La décroissance est un peu une conversation de salons entre universitaires », lâche-t-il, ajoutant que la Chine ou l’Inde ne peuvent pas l’entendre. L’Europe représente pour sa part seulement 15% des GES.

A lire aussi : Face aux 4 vols de Jancovici, Jean-François Rial défend un ambitieux projet mondial

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