Fiabilité

On le sait depuis longtemps, le ministère des Affaires étrangères a des raisons que le tourisme ne connaît pas. À aucun prix il ne veut lever le voile sur la façon dont il recueille les informations qui étayent les bulletins des Conseils aux voyageurs. Confidentiel, ultra-secret. À croire qu’il y a un barbouze français derrière chaque cocotier, un OSS 117 sur chaque cocktail d’ambassade, quand ils ne sont pas Molotov, alors qu’on sait combien le Quai d’Orsay a du mal à boucler ses fins de mois et rogne sur tous ses effectifs. Il faut donc faire confiance aux grandes oreilles déployées par notre diplomatie et à ses ambassadeurs. Mais pour les professionnels du tourisme, ça fait longtemps que le réseau d’honorables correspondants ne les satisfait pas. Aussi n’ont-ils eu de cesse de construire leur propre réseau, capable de les rendre indispensables auprès du ministère et de s’ajouter à la liste des sources fiables. Lors des révolutions d’Afrique du Nord, ils ont montré qu’ils y étaient parvenus (lire notre événement) et qu’ils sont maintenant incontournables dans les décisions de réouverture des destinations. Quel chemin parcouru depuis les années 2003-2004, bien dotées en attentats, épidémies, accidents et autres catastrophes naturelles. Les pouvoirs publics se méfiaient alors des professionnels, suspectés d’agitation et d’avidité au gain poussant à l’irresponsabilité. Mais la multiplicité des crises leur a fait gagner des galons, et, presque en vétérans, ils ont montré la maîtrise de leur jugement et de leur comportement. Tout l’inverse du nouvel ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, qui, pour être le premier défenseur de la reprise touristique en Tunisie, n’en est pas moins détesté dans le pays, après sa première rencontre désastreuse avec la presse locale. À se demander qui, du professionnel ou du diplomate est aujourd’hui en Tunisie le plus fiable ?