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[EXCLUSIF] Jean-Pierre Lorente candidat à la présidence des Entreprises du Voyage

Jean-Pierre Lorente ne compte pas rester les doigts de pied en éventail. Dans une interview à L’Echo touristique, l’ancien patron de Bleu Voyages nous explique pourquoi il espère succéder à Jean-Pierre Mas à la tête du syndicat.

L’Echo touristique : Vous venez de vendre 100% de Bleu Voyages à Marietton Développement, après une cession de 42,5% en 2020. Compte tenu de votre expérience et de votre temps libre, comptez-vous briguer la présidence des Entreprises du Voyage (EdV) ?

Jean-Pierre Lorente : Oui, j’ai pris la décision, sagement mûrie, de briguer le mandat de président pour succéder à Jean-Pierre Mas. Plusieurs professionnels du voyage reconnus m’ont encouragé en ce sens, Jean-Pierre en fait partie. C’est une marque touchante de reconnaissance envers le travail fourni chez Bleu Voyages, que j’ai dirigé pendant des décennies, avec puis sans mon père. Et ce sans écueil jusqu’à ce que la crise sanitaire ne rebatte les cartes.

L’accord initialement conclu avec Marietton devait durer à plus long terme, jusqu’en 2026, qui correspondait à la fin de ma carrière. Je suis parti plus tôt que prévu de Bleu Voyages, sans avoir le temps de préparer la suite. A l’automne 2022 était actée la fin de ma présidence à l’âge de 56 ans, dans des conditions plus difficiles que celles que j’avais imaginées. Aujourd’hui, je pense avoir la légitimité et les compétences pour endosser le costume de président des Entreprises du Voyage. En tout cas, mon entourage me le dit, et je le crois sincère.

Désormais, je souhaite continuer dans l’écosystème du voyage et apporter ma pierre à l’édifice. (…) Je ne reprendrai pas de nouvelle activité.

Comment et pourquoi s’est accélérée la cession de Bleu Voyages ?

Jean-Pierre Lorente : Depuis que je suis à la tête, le groupe a toujours affiché des résultats d’exploitation bénéficiaires, jusqu’à la crise du Covid-19. Dans ces conditions, Marietton est entré au capital à condition que je reste actionnaire majoritaire et président. C’était un partenaire financier pour l’avenir.

Ce qui a mis à terre Bleu Voyages, c’est le Covid, même si j’aurais pu faire mieux en prenant des décisions très difficiles. Je me refusais à faire une vraie restructuration, ce n’est pas mon métier, j’ai toujours développé mon activité. C’est donc une bonne chose que Marietton reprenne 100% du capital et termine la restructuration. J’ai bien fait de me rapprocher de cet acteur industriel qui remet aujourd’hui l’entreprise à flot, dans une transition rapide que je n’aurais pas pu exécuter.

Désormais, je souhaite continuer dans l’écosystème du voyage et apporter ma pierre à l’édifice, si tout le monde souhaite effectivement que je préside les Entreprises du Voyage. Je ne suis pas basé à Paris, mais Jean-Pierre (Mas) non plus : il a réussi à concilier vie privée et vie professionnelle depuis Toulouse.

Si vous deveniez président des EdV, en parallèle, auriez-vous envie de reprendre une activité de management dans une entreprise ?

Jean-Pierre Lorente : Non. C’est net et précis : je ne reprendrai pas de nouvelle activité. J’accompagne juste mon fils dans un cabinet de transactions immobilières, en tant qu’associé. Dans mon parcours professionnel, j’ai réussi beaucoup de choses et commis peu d’erreurs, sans flagornerie de ma part. Après cette période difficile, j’ai retrouvé de l’énergie. Mais je ne souhaite plus avoir la responsabilité d’encadrer des équipes importantes sur sites, avec la charge émotionnelle et sociétale de la gestion courante d’une entreprise. J’ai envie de prendre un peu de hauteur pour donner ma vision. Et proposer le changement dans la continuité.

Je veux être sûr d’être accompagné par la même secrétaire générale, Valérie Boned.

Justement, quelle serait votre feuille de route ?

Jean-Pierre Lorente : Avant de répondre, je salue le travail accompli avec succès par Jean-Pierre Mas, mené avec Valérie Boned, pour soutenir les agences et l’ensemble de la profession, et mettre en lumière le secteur jusqu’auprès de l’Etat. Il n’a pas pu aller au bout de ses chantiers à cause de la pandémie.

Ce que je souhaite, c’est les poursuivre et devenir le porte-parole de toute l’industrie du tourisme. Mais je veux être sûr d’être accompagné par la même secrétaire générale : Valérie Boned a une énergie incroyable, elle est sensible, à l’écoute et professionnelle.

Mon grand chantier prioritaire, c’est de balayer les querelles que nous avons pu connaître entre distributeurs, producteurs, transporteurs. Je vais essayer de rassembler cette grande famille où nous ne pouvons pas nous passer les uns des autres. Il faut profiter de cette période post-Covid pour nous renforcer et être dans une relation win-win. Nous avons besoin que chacun soit le plus résilient possible, face aux enjeux actuels : surtourisme, intelligence artificielle, empreinte carbone, formation continue… Il faut redonner du sens au voyage, poursuivre l’aide à l’accompagnement RSE. Que fait-on, aussi, pour améliorer l’attractivité du secteur afin de recruter et fidéliser de jeunes talents ? Avec Iata, nous avons également un combat pour obtenir plus d’équité et de réciprocité, alors qu’un projet de paiement hebdomadaire est sur la table. Même si c’est le pot de terre contre le pot de fer, il ne faut rien lâcher. Nous devons retrouver un dialogue avec cet organisme.

Avez-vous déjà été impliqué dans une instance comme les EdV ?

Jean-Pierre Lorente : Pas dans des instances syndicales. Mais j’ai eu 4 mandats de 3 ans chacun au sein du réseau Selectour qui m’est cher. Mon père a été, en 1974, l’un des premiers adhérents de la coopérative.

Peut-être que le voyage d’affaires serait davantage représenté si j’étais président des Entreprises du Voyages.

Bleu Voyages, c’est 30 agences de voyages, 7 plateaux d’affaires, un service groupes. Quelle est la répartition entre business et loisirs ? Vous êtes identifié comme un professionnel du voyage expérimenté et sérieux, mais plus spécialiste du voyage d’affaires. Est-ce exact ?

Jean-Pierre Lorente : Ce n’est pas faux. En 2019, Bleu Voyages réalisait 78% de son volume d’affaires dans le business travel, avec de grands comptes comme l’OCDE dans son portefeuille. Le groupe est d’ailleurs le leader du voyage d’affaires au sein de Selectour. Peut-être que le voyage d’affaires serait davantage représenté si j’étais président des Entreprises du Voyages.

Comment ?

Jean-Pierre Lorente : Si je devais être élu, mon mandat serait un peu différent de celui de Jean-Pierre Mas, qui avait au demeurant une activité B2B. Je suis proche des acteurs des nouvelles technologies, des facilitateurs de TMC comme les SBT tels Neo (ex-KDS), Wondermiles du GIE Asha, Goelett de CDS Group, Traveldoo qui s’arrête. Je connais aussi parfaitement les gestionnaires de cartes logées et de notes de frais, les OTA comme HCorpo. Ma porte est grande ouverte à tous ces acteurs, pour avoir une représentation forte au sein des EdV. Le sujet prioritaire dans le voyage d’affaires ? C’est de travailler sur la vraie valeur ajoutée de la TMC face à l’envie croissante des Travel Managers de faire de l’Open Booking. Plus globalement, je souhaite aussi renforcer les liens avec l’APST. Nos deux instances sont indissociables, avec des sujets concomitants. S’agissant de NDC, le sujet doit selon moi être piloté par les présidents de réseau de distribution.

J’ai fait de la vente au comptoir avec mon père, en galerie marchande.

Vous vous sentez légitime pour représenter les adhérents des EdV spécialistes du loisir ?

Jean-Pierre Lorente : Oui. Vous savez, il est rare que les TMC ne soient pas nées dans la distribution de voyages B2C. A l’origine de Bleu Voyages, mon père avait trois agences de voyages, toutes à 100% loisirs, dans la vallée du Gier, entre Lyon et Saint-Etienne, soit dans ma région d’origine. C’est d’ailleurs ici que j’ai élu domicile, ici aussi qu’est réalisée cette interview.

Nous servions également des entreprises, de manière ponctuelle, en faisant de la billetterie. Et donc, naturellement, nous organisions des voyages d’affaires pour les sociétés sans que cela porte spécifiquement ce nom. A partir de 1994, nous avons segmenté les activités, avec d’un côté le loisir et de l’autre le voyage d’affaires.

Je connais bien les difficultés rencontrées par les petits patrons d’agences, au niveau RH, relations avec les banques, etc. Au sein de Selectour Bleu Voyages, j’ai occupé toutes les fonctions jusqu’à ce que l’entreprise compte 100 salariés. J’ai même fait de la vente au comptoir avec mon père, en galerie marchande.

1 commentaire
  1. STEPHANE TILLEMENT dit

    Bravo Jean-Pierre tu as tout mon soutien ! Tu feras un très bon président. Amitiés Stéphane Tillement Mauriac Voyages

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