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D’après un rapport, les efforts de décarbonation de l’aérien seront annulés par la croissance du trafic

Dans un rapport publié le 13 janvier, l’organisation lobbyiste Transport & Environnement affirme que la croissance prévue du transport aérien ces prochaines années « anéantira » les objectifs de décarbonation du secteur.

Les prévisions des géants de l’aviation, d’Airbus à Boeing en passant par l’Association internationale du transport aérien (Iata) sont sans appel : si leurs scénarios de croissance se poursuivent, le trafic aérien mondial aura doublé d’ici à 2050. Une expansion qui s’accompagnera d’une augmentation de près de 60% de la consommation de carburant par rapport à 2019.

En conséquence, d’après une étude publiée le 13 janvier par l’organisation lobbyiste environnementale Transport et Environnement (T&E), les efforts climatiques des compagnies aériennes et des constructeurs seraient « anéantis ». Alors que l’industrie entière et l’Union européenne se sont donnés pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, T&E estime que les émissions du secteur aérien européen ne baisseront que de 3% à la même échéance, « si le scénario de l’industrie se réalise ». 

Des carburants alternatifs insuffisants face à la demande

Si l’industrie mise sur les carburants alternatifs, notamment les SAF (Sustainable aviation fuels / biocarburants), leur impact reste encore très limité. Même avec 42% de SAF dans les réservoirs en 2049, le secteur brûlera encore autant de kérosène fossile qu’en 2023, avec l’augmentation prévue du trafic, estime le rapport de T&E.

Les biocarburants, souvent issus de matières premières peu durables comme l’huile de palme, représentent une solution discutable, pour l’organisation. « En ce qui concerne les biocarburants, l’analyse de T&E montre que l’aviation européenne prévoit d’en consommer 24,2 millions de tonnes en 2050. Mais 80% de ce volume risquerait alors de provenir de matières premières qui ne sont pas durables, comme les dérivés de l’exploitation de l’huile de palme », peut-on lire dans un communiqué de presse de T&E.  Quant aux carburants de synthèse, leur production nécessiterait une quantité d’énergie électrique supérieure à la consommation annuelle de l’Allemagne en 2023.

Des mesures structurelles 

Même avec une croissance du trafic plus modérée, estimée à 1,4 % par an, T&E estime que les émissions atteindraient encore 79 millions de tonnes de CO₂ en 2050.

L’organisation appelle ainsi à des mesures structurelles visant à maîtriser la croissance du trafic : stopper l’extension des aéroports, réduire de moitié les voyages d’affaires par rapport à 2019, mieux encadrer les déplacements des grands voyageurs et renforcer la fiscalité sur l’aviation. La France, par exemple, reste en retard sur ses voisins en matière de taxation des billets d’avion, estime T&E, s’inscrivant à l’encontre de l’opinion de l’ensemble des dirigeants du secteur. 

« L’industrie aéronautique doit cesser d’être le parent choyé des politiques climatiques. Sans actions concrètes, les objectifs de décarbonation resteront hors de portée », veut croire Jérôme du Boucher, responsable aviation de T&E France, cité dans un communiqué.

Pour l’année 2025, Iata, qui représente près de 350 compagnies aériennes de par le monde, prévoir un trafic mondial record de 5,2 milliards de passagers transportés. 

 

 

Le rapport complet de T&E est disponible, en anglais, à cette adresse.

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