Cancer du sein : les hôtesses de l’air davantage touchées, sans plus de reconnaissance professionnelle
Plus exposées aux risques de cancer, les hôtesses de l’air se battent pour une reconnaissance professionnelle de leur maladie.
En 2018 déjà, une étude menée par des chercheurs de Harvard démontrait que les personnels navigants étaient plus touchés par les risques de cancer que le reste de la population. Fait souvent méconnu, mais les hôtesses de l’air et les stewards sont en effet plus exposés à cette maladie, en raison de leur exposition aux rayonnements ionisants émis par les avions.
Une exposition accrue lorsque l’avion sur lequel ils embarquent se rapprochent des pôles, notamment lors de long-courriers vers l’Asie, ou la côte ouest des États-Unis. Le travail de nuit peut également causer un surrisque. Selon une étude de l’Inserm, menée en 2018, les femmes non ménopausées travaillant de nuit seraient plus exposées de 26%. Le risque étant d’autant plus élevé lors d’une fréquence d’au moins trois nuits par semaine.
Reconnaissance professionnelle
Sophie Lainault, hôtesse de l’air, se bat pour une reconnaissance professionnelle de son cancer du sein, rapporte un décryptage du journal Le Monde. Après avoir essuyé deux refus par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), elle est désormais en attente du verdict du tribunal. Elle est accompagnée dans ses démarches par la CFDT, et notamment par le groupe « cancer du sein » mis en place par le syndicat.
La reconnaissance professionnelle de sa maladie peut tout changer pour un patient : elle lui permet une meilleure couverture de ses soins, des indemnisations spécifiques, un droit à la reconversion ou à l’aménagement de son poste… Pourtant, si le nombre de cancers est ascendant – en 2023, on en comptait 443 000 nouveaux cas de cancers, selon l’Institut National du Cancer – ceux reconnus comme d’origine professionnelle n’augmentent pas pour autant. Chaque année, environ 1 800 ont été reconnus comme tels, bien que, selon le Centre de Lutte contre le Cancer, on en compterait plutôt 12 000.
Actions de prévention
Dans l’aérien, des actions de sensibilisation ont été menées ces dernières années. Durant le mois d’octobre, certaines compagnies aériennes collaborent avec l’association « Les Hôtesses de l’air contre le cancer », et organisent des vols roses, visant à informer et prévenir les passagers et le personnel. Air France propose également une mammographie dès 40 ans, au lieu de 50.
Dans le Code du travail, le personnel navigant aérien figure désormais dans la catégorie « personnel exposé aux rayons ionisants », et ne doivent ainsi pas être exposé à plus de 6 millisieverts par an. Mais selon Jean-Claude Chau, président de l’association « Hôtesses de l’air contre le cancer », cité par Le Monde, « les navigants choisissent les vols selon leur destinations. Ils ne regardent pas si certains sont plus impactants que d’autres. On sait que l’on est sujets à être plus malade, mais ce n’est pas pour autant que l’on s’arrête, car on aime notre métier ».