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Axa : « La blockchain doit s’ouvrir aux pros du voyage »

Il est professeur de crypto monnaies à HEC, mais aussi directeur R&D au sein de l’assureur AXA. Laurent Benichou nous explique pourquoi la blockchain doit selon lui s’ouvrir aux agences et aux TO.

L’Echo touristique : Qu’entend-on par blockchain ?

Laurent Benichou : C’est une base de données en accès ouvert, dans laquelle chacun a un droit d’écriture et de lecture, sans autorité centrale pour la gouverner.

Vous avez lancé Fizzy, une assurance pour couvrir les retards aériens, avec la blockchain Ethereum et non la blockchain bitcoin. Pourquoi ?

La blockchain bitcoin est plus adaptée à la création d’une crypto monnaie. Le réseau Ethereum, lui, permet le « smart contract », soit un paiement sous condition. En l’occurrence, si un avion est en retard de deux heures ou plus, le remboursement est effectué. Le passager n’a même pas besoin d’effectuer une réclamation. Nous voulons par ailleurs créer un nouveau paradigme en retirant toutes les exclusions de couverture. La revue de code du smart contract Fizzy permet d’ailleurs à des experts indépendants spécialistes d’Ethereum de vérifier que cette promesse est tenue.

Pourquoi Axa a-t-il décidé de passer par la blockchain ? Une minorité des passagers réclament un remboursement, vous augmentez volontairement vos dépenses…

Nous voulions déployer une solution tournée vers les consommateurs. Nous pouvons dire ‘Ce n’est pas l’assureur, mais un tiers de confiance – le smart contract -qui s’occupe des indemnisations. La décision d’indemniser repose sur la donnée retard, et rien d’autre. Cela coûte plus cher au passager qu’une police classique dans la mesure où les prix sont calés sur une indemnisation de 100% des clients éligibles, ce qui n’est pas le cas dans les polices classiques. Et l’indemnisation prévue correspond au tiers du prix du billet.

Comment avez-vous mis en place le projet ?

Nous avons eu recours à la start-up lilloise Utocat, qui écrit dans la blockchain, et nous ouvre ainsi une ‘porte’ sur Ethereum. Deux développeurs d’Axa ont travaillé sur le projet pendant un an, entre autres.

Vous avez commencé sur les vols transatlantiques. Quand allez-vous ouvrir de nouvelles lignes éligibles ?

Nous avons démarré avec les vols Paris CDG-Etats-Unis dans les deux sens. Au deuxième trimestre, nous ouvrirons de nouvelles destinations, sur lesquelles nous sommes sûrs d’avoir la donnée de retard. Nous nous appuyons sur les datas de FlightStats et d’OAG.

Fizzy est lancé depuis 6 mois. Quels sont les résultats ?

Nous ne les communiquons pas.

Vous souhaitez ouvrir Fizzy aux professionnels ?

Oui, nous voulons privilégier la distribution B2B2C. Nous souhaitons signer des accords avec des agences, des TO, des compagnies, des aéroports. La blockchain doit s’ouvrir aux pros du voyage. Nous leur promettons ainsi d’indemniser de manière systématique en cas de retard, même en cas de force majeure. Le voyagiste se déleste de tout risque. Nous espérons signer un premier contrat courant 2018. Nous partagerons les revenus. Nous allons lancer une API au deuxième trimestre, pour qu’un partenaire puisse rapidement intégrer Fizzy sur son site.

Vous êtes professeur de crypto monnaies à HEC Paris. Croyez-vous au potentiel du bitcoin comme monnaie virtuelle d’avenir ?

Le bitcoin a plusieurs avantages. Le paiement est irréversible, ce qui est très intéressant pour le commerçants. Les fonds sont transférés immédiatement, sans délai bancaire. Mais pour l’instant, très peu de sites acceptent des paiements en bitcoins ou en ethers, la monnaie d’Ethereum. L’écosystème n’est pas encore mature. La confiance n’est pas installée.

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