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Antony Demel (CRT Nouvelle-Aquitaine) : « Nous voulons devenir la première destination touristique durable de France »

Comment la Nouvelle-Aquitaine traverse-t-elle la crise du secteur touristique et prépare le rebond ? Antony Demel, le directeur général adjoint du Comité régional du tourisme, a répondu à L’Echo touristique.

L’Echo touristique : Quelle est la situation touristique en Nouvelle-Aquitaine ?

Antony Demel, : On souffre comme tout le monde. Nous avons accueilli un grand nombre de touristes français, qui consomment un peu moins que les étrangers. Cependant, la saison s’est avérée moins catastrophique qu’anticipé. Globalement, la baisse sur l’année 2020 se monte à 9%, ce qui représente environ 5,1 milliards de recettes en moins. Malgré les incertitudes de confinement, on ne s’en tire pas si mal pour les vacances de février : nous avons un taux d’occupation d’environ 35%. Sur nos stations de montagne, nous sommes au-delà de 60% d’occupation, ce qui est totalement inespéré. En revanche, sur l’hôtellerie « traditionnelle », nous sommes à 30% de taux d’occupation. Les hébergements type locations sont beaucoup plus prisés des touristes. Globalement, on voit les pratiques changer, mais ce sont les hôteliers qui souffrent le plus, particulièrement à Bordeaux, puis Poitiers, Limoges et bien sûr La Rochelle. Sur la seconde partie de l’année, l’ensemble des professionnels ne semble pas très optimistes. La Région a investi beaucoup d’argent pour soutenir les entreprises du secteur. Il faudra voir à la fin de l’année ce que cela donne… Rien n’est garanti.

Pensez-vous que la crise a été bien gérée ?

Antony Demel : Au global, la situation inédite a donné lieu à certains tâtonnements. Pour le tourisme, tout ce qui était « aides aux entreprises » était bienvenu. Mais les acteurs du secteur, aujourd’hui, sont en colère, ce que l’on peut comprendre. On leur demande d’adapter complètement leur offre, d’avoir des jauges réduites, de mettre en place des protocoles sanitaires très stricts – et la plupart les ont mis en place – pour, quelques semaines plus tard, devoir fermer. Sans aucune possibilité d’entrevoir des perspectives de réouverture… On nous disait avril, mais finalement cela ne sera peut-être pas avril, à cause des variants. On peut comprendre que les professionnels soient en colère, surtout quand on voit ce qui se passe dans d’autres pays où finalement les musées restent ouverts, avec des protocoles très stricts. Mais ils sont aussi relativement résignés, ne souhaitant pas non plus qu’on leur jette l’opprobre, comme étant les principaux facteurs de l’épidémie.

Les vacances de Pâques se profilent. Comment voyez-vous la situation ?

Antony Demel : Nous espérons que ce sera concomitant avec une réouverture de l’offre de restauration… Mais hélas, on n’y croit de moins en moins. Nous n’aurons pas de visiteurs étrangers, du moins pour les vacances de Pâques, c’est sûr. Mais les Néo-aquitaines vont vouloir se déplacer sur le territoire. Quand on interroge les Néo-aquitains mais aussi les Franciliens qui sont notre principale clientèle, on observe un véritable désir de vacances. 

Les annonces de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, sur la réouverture de certains sites touristiques au premier rang desquels les musées ou certains spectacles, donnent une petite bouffée d’air frais. Mais pour l’instant, ça reste des effets d’annonce, rien n’est confirmé. En attendant, beaucoup d’acteurs ont décidé de ne pas prendre le risque : il faudrait s’organiser dès maintenant (et même plus tôt) afin de recruter du personnel, prévoir les achats, etc… Si nous sommes prévenus une semaine avant, c’est compliqué.

Nous n’aurons pas de visiteurs étrangers, du moins pour les vacances de Pâques.

Misez-vous sur une reprise cet été ?

Antony Demel : Oui. Déjà l’été dernier, nous avons été agréablement surpris, dans la mesure où les Français sont venus en grand nombre. Autre surprise, plus de 50% des étrangers qui viennent habituellement en Aquitaine sont quand même venus. Nous avons prévu différentes actions de communication, sur la région, l’Île de France et plus globalement en Europe, en partenariat avec Atout France, pour être plus offensifs que l’année passée. Nous espérons gagner entre 10% et 15% d’étrangers en plus… Il y a quand même une carte à jouer parce que, dans la région, nous avons de nombreuses offres « spécialisées ». Je pense notamment aux villages de vacances, qui plaisent beaucoup aux Anglais et aux Néerlandais, et ont souffert au cours de l’été 2020.

Comment voyez-vous l’avenir ? Le CRT a-t-il un plan à plus ou moins long terme ?

Antony Demel : Nous n’avons pas eu de plan de communication l’année dernière. Mais nous avons mis en place des « chèques solidarité tourisme », qui étaient en réalité des chèques-vacances. Plus de 5 millions de chèques ont été distribués pour que des ménages puissent visiter la région. Nous étudions la possibilité de renouveler le dispositif. A plus long terme, nous avons entamé de gros travaux sur le tourisme durable. Pour nous, cela correspond à une ambition politique de nos élus qui souhaitent faire de la Nouvelle-Aquitaine la première destination touristique durable de France. On se projette donc à la fois sur une action de promotion, mais également d’accompagnement de la transition de l’offre pour aller vers ce tourisme plus durable, conquérir de nouvelles clientèles et promouvoir aussi les vacances des Néo-aquitains pas très loin de chez eux.

Nous avons également lancé une étude, en partenariat avec le Conseil Régional, afin de connaître les attentes de la clientèle et pouvoir nous projeter en termes de marketing et de politique publique, afin d’aller vers ce tourisme durable. Et ce n’est pas un effet d’annonce, il y a longtemps que nous y réfléchissons. J’ai envie de dire que la période Covid a presque ouvert les esprits. C’est l’un des rares points positifs de cette crise.

Un message à passer aux professionnels du tourisme ?

Antony Demel : Nous les accompagnons depuis un an, nous avons lancé un #SolidaritéTourisme et ils savent, du moins en Nouvelle-Aquitaine, que le CRT est à leurs côtés. Je leur dis bravo, leur souhaite beaucoup de courage, et leur rappelle que nous sommes là pour les aider. Surtout au moment de la reprise qui sera un moment charnière pour beaucoup d’entreprises dont la trésorerie est au plus bas. Nous sommes prêts à agir.

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