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Alex Le Beuan, Shanti Travel : « C’est maintenant que ça se joue »

Fondateur de Shanti Travel, TO spécialiste de l’Asie, Alex Le Beuan a toujours défendu un modèle de tourisme durable. A ses yeux la crise du coronavirus pourrait agir comme un catalyseur. A condition de battre le fer pendant qu’il est encore chaud.

L’Echo touristique : En créant Shanti Travel, il y a 15 ans, vous avez dès le départ développé un modèle de tourisme durable et responsable. Si le crise du coronavirus remet plus que jamais ce sujet sur la table, la situation économique ne risque-t-elle pas d’avoir raison des bonnes intentions ?

Alex Le Beuan : Vous savez, j’ai lu récemment un article qui explique que si les 100 propositions de Nicolas Hulot ont fait un flop, c’est parce que justement, il faut plus que des intentions, il faut des actes. Encore faut-il que les pouvoirs publics jouent le jeu. Peut-être le moment est-il venu de mettre en place un système de règles et de contraintes pour faire vraiment changer les choses…

Le Plan Marshall du Tourisme présenté par le gouvernement prévoit notamment 1,3 milliard d’euros d’investissement dans des entreprises du tourisme ; le développement durable sera un critère de sélection important des entreprises soutenues. Un signal fort, à vos yeux ?

Alex Le Beuan : Oui, car c’est une question qui doit être discutée maintenant. Si on repart comme avant, alors ce sera plus compliqué. Nous venons de vivre un moment très spécifique, où nous nous rendons compte que ce qui pouvait sembler très compliqué à mettre en place l’est finalement moins que nous le pensions, parce qu’il a fallu trouver des solutions. De la part du grand public, la prise de conscience n’a jamais été aussi forte. Il ne faut pas laisser ça se déliter. Et puis, c’est aussi dans ce moment où les entreprises ont besoin d’aide que le gouvernement peut imposer des contreparties. Je pense notamment à l’aérien. Quand les choses iront mieux, l’État sera moins en position de poser des conditions.

Aller vers un tourisme durable, c’est faire évoluer la production. Sur quels leviers peut-on jouer ?

Alex Le Beuan : C’est par exemple remplacer l’avion par le train dès que c’est possible, ça, ça va dans le bon sens. Un autre mode de transport qui promet d’être une vraie révolution dans le voyage dans les années qui viennent, c’est le vélo électrique. C’est facile, pas trop physique, ça peut être pratiqué à tous les âges… Les voyages en étoile sont aussi très intéressants, aussi bien du point de vue de la consommation carbone qu’en tant qu’expérience immersive. Un nombre croissant de voyageurs veulent rayonner à partir d’un lieu et s’immerger pleinement dans une région plutôt que de chercher à tout voir. On voit aussi émerger des envies de plus en plus thématiques, des voyages de dépassement de soi, des voyages intérieurs, bien-être… De plus en plus, on retrouve cette idée de voyage créatif, où l’on va apprendre la cuisine locale, la permaculture, grâce à des cours, des ateliers… On peut aussi favoriser l’économie circulaire, il faut mettre l’accent là-dessus, en particulier dans l’hébergement. Ca va faire partie des critères de sélection des voyageurs.

Les destinations peuvent elles aussi agir en ce sens…

Alex Le Beuan : Oui, si l’on prend par exemple la question fondamentale du surtourisme. Avec la crise actuelle tout est à l’arrêt mais ça reviendra. (…) Sur les sites les plus fréquentés, il faut envisager de rallonger les horaires, mettre en place des systèmes de réservation en ligne… Ce sont effectivement des contraintes, mais je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’employer ce terme si c’est pour le bien collectif. Je suis d’ailleurs assez d’accord avec Jean-François Rial sur le fait de taxer les plus pollueurs en prenant vraiment en compte pas seulement le prix d’un billet, mais vraiment l’impact écologique carbone ou sur la biodiversité. Pour moi il faut taxer. Et c’est maintenant que ça se joue. Ce qui est possible aujourd’hui ne le sera pas forcément dans un, deux ou trois ans.

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