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Aérien : la norme NDC divise les pros du voyage

Dix ans après sa création, où en est la norme NDC dans la distribution ? Quels sont ses avantages, lacunes et travers ? Les avis sont partagés.

La norme NDC, sensée offrir aux compagnies de nouvelles capacités de distribution en termes de tarifs et de frais additionnels, ressemble à un serpent de mer depuis sa création en 2012 par l’Association internationale du transport aérien (Iata)… Où en est l’industrie ?

Pour Cyril Guiraud, COO de Theta et expert en technologie (ex-Sabre et GetThere), le déploiement reste poussif. « Très peu de contenus sont disponibles en NDC. C’est un frein pour les agences de voyages », explique-t-il. Chiffres à l’appui.

« Les agences de voyages perdent en productivité »

Il existe quatre niveaux de certification NDC : post booking ancillaries, offer management, offer & order management, full offer & order management (sans compter une option « business travel ready). Aujourd’hui, seules 34 compagnies aériennes sont au niveau 3 ou 4 de certification. Trois sont accessibles à la vente via Amadeus, deux via Sabre… A titre de comparaison, plus de 450 compagnies sont distribuées de manière classique via les GDS… « NDC reste un vœu pieu entre Iata et les compagnies, qui sont tentées de croire qu’elles peuvent se distribuer sans les méchants et coûteux GDS. Les compagnies sont ainsi positionnées dans un métier qui n’est pas le leur. Elles ne savent pas distribuer leurs contenus sur leurs sites web par exemple. Il leur manque la compétence technologique et d’infrastructures. »

Pour Cyril Guiraud, la norme n’est pas encore au point. Les TMC et autres agences doivent effectuer des saisies manuelles, sources d’erreur : « Les agences de voyages perdent en productivité avec la norme NDC, et donc la marge qu’elles facturent. »

« Au cours des prochaines semaines, nous allons améliorer des fonctionnalités », tient à rassurer Bertrand Poey, directeur France pour l’ensemble des agences d’Amadeus. Notamment sur l’après-vente, là où l’agent de voyages passe beaucoup de temps. C’est une priorité, sachant que nous sommes au point sur ce sujet dans l’ancien monde GDS. »

Un changement de paradigme…

« NDC n’est pas mort, mais pour que cela fonctionne, il faut s’appuyer sur des tiers, soit des sociétés technologiques capables de créer des solutions NDC multi-compagnies », complète Cyril Guiraud. Le patron de Theta conseille ainsi des « GDS 2.0 » comme Orchestra et AirGateway ou encore Duffel.

« Le vrai sujet, c’est la connectivité directe, le pricing dynamique et la vente facilitée de prestations complémentaires », estime Christian Sabbagh, président-fondateur de la plateforme loisirs Orchestra. « Nous avons une connectivité directe avec 25 compagnies aériennes, ce qui permet notamment aux voyagistes d’accéder à un nombre illimité de classes tarifaires », ajoute Christian Sabbagh. « Pour certains transporteurs, les meilleures offres ne sont accessibles via les accès traditionnels aux GDS, lesquels ne rémunèrent plus les agences. »

C’est aussi un nouveau modèle économique qui se met en place. Avec des connectivités anciennes et nouvelles aux fonctionnements différents, qui ajoute de la complexité dans la vie des TO. « Le mouvement est enclenché. Il faut maintenant travailler sur les éléments de productivité. Le changement de système, notamment en back-office, peut entraîner une sous-productivité dans la gestion des dossiers », reconnaît Christian Sabbagh. 

… et d’usages en agences

Mais au fait, quelle est la progression de NDC [X], le programme NDC de Amadeus ? « Nous disposons principalement des contenus d’Air France. Mais nous ajoutons aussi du contenu additionnel, au cours des prochaines semaines, d’Iberia et de British Airways », indique Bertrand Poey.

Quid de l’adoption en agence ? 4 000 conseillers en voyage dans le monde ont dorénavant accès à ce type de contenus, assure le GDS qui domine largement la distribution dans l’Hexagone. Soit une minorité des forces vives de la distribution.

« Nous déployons progressivement la solution sur le marché français, ajoute Bertrand Poey. Dans un premier temps, nous avons mis le focus sur les agences loisirs. Aujourd’hui, nous multiplions les discussions avec les clients TMC. »

« En France, nous démarrons, conjointement avec Air France. Il faut maintenant travailler sur l’adoption du produit en agence, qui est toujours la difficulté. Nous avons d’ailleurs des sessions d’accompagnement qui ont démarré au mois de novembre. »  

Air France : un passage en force ?

« NDC, c’est l’avenir. Celui qui n’en prend pas conscience va manquer le train », assure Yannick Faucon, le président des EDV Centre Est, et directeur général de Resaneo. « NDC ne marche pas » raille pour sa part Laurent Abitbol, président de Marietton Développement (Havas Voyages) et président du directoire de Selectour. « C’est une technologie inaboutie », ajoute Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage (EdV). 

Sans surprise, Air France s’inscrit en faux.« Aujourd’hui, dans le loisir, NDC fonctionne sans problème. Près de 25% des réservations en ventes agences en France passent par NDC, et ce sont principalement des réservations loisirs », nous a récemment déclaré Henri Hourcade, directeur France d’Air France-KLM.

Pour le groupe, la norme avance sur de bons rails. Un peu par la force, il faut bien le reconnaître. « Depuis une bonne année, nous avons progressivement mis en place cette surcharge GDS de 26 euros par vol (…) pour les transactions ne passant pas par NDC », précise Henri Hourcade. La surcharge va bientôt s’appliquer, aussi, aux TMC. Ce qui fait grincer des dents Laurent Abitbol, très remonté contre le groupe aérien. 

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